"On se permettra de juger cette stratégie particulièrement médiocre. Déjà, le mot «censure» quel qu’en soit l’objet, sonne mal aux oreilles démocratiques. Les gens se sentent immédiatement, et à juste titre, brimés ou infantilisés."
Contexte:
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Le CRIF dénonce une production anti israélienne diffusée par Canal Plus
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Le Crif en action: succès de la manifestation devant Canal + (Près d’un millier de personnes a participé lundi 21 mars 2011 à un rassemblement devant le siège de Canal Plus à Issy-les-Moulineaux. Les participants s’étaient réunis pour protester contre la diffusion de "le serment", une série anti israélienne.)
Très attentifs aux errements de la communauté juive française, le CCLJ (Centre communautaire laïc juif) consacre plus d'encre à ce qui se passe en France qu'en Belgique. On ne sera dont pas étonné que le CCLJ n'ait pas du tout apprécié cette manifestation organisée par plusieurs organisations juives françaises (le CRIF,
Europe-Israël).
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Bête comme la censure: Est-il légitime d’empêcher les gens de voir cette série ?
Les attaques antisémites, réelles ou supposées, semblent se multiplier par les temps qui courent. Il est juste et normal d’y réagir. Mais pas par la censure qui est à la fois, stupide, inefficace et anti-démocratique. Et donc un crétin/un sale type/un taré vient de sortir un article/ un spectacle/ un livre raciste/antisioniste/antisémite (barrer les mentions inutiles). S’en suit une réaction immédiate, épidermique de la communauté juive.
C’est sain, humain : elle est (nous sommes) en ce moment malheureuse, crispée, blessée. Souvent à juste titre, parfois de façon excessive, peu importe. Que faire ? Il n’y a guère que trois ripostes possibles: ignorer, interdire, intervenir.
Ignorer est souvent une bonne solution : si on ne riposte pas, la bave du crapaud retombera sur le nez qu’il n’a pas. Souci : C’est comme si on n’avait pas d’augments à opposer ou, plus vexant, on semble avoir peur. Sans négliger le fait qu’à trop faire mine de ne pas voir, on finit par tomber de haut. Exemple, le Titanic. Savoir qu’il y avait comme une fuite dans la cale a tout de même permis à pas de mal de passagers de sauver leur vie.
La deuxième solution, c’est réclamer l’interdiction. Là encore, le réflexe est logique : il n’a pas le droit de dire ces choses, faisons le taire. Mais la censure est pire que mauvaise, elle idiote et inefficace. Ainsi, ces jours-ci, plusieurs organisations juives manifestent elles devant le siège de Canal +, à cause d’une série anglaise,
The Promise jugée pro-palestinienne [anti-israélien est le terme approprié]. Autres cas, les interdictions réclamées contre des films comme
Gaza-Strophe et
Miral ou encore les spectacles de
Dieudonné.
On se permettra de juger cette stratégie particulièrement médiocre. Déjà, le mot «censure» quel qu’en soit l’objet, sonne mal aux oreilles démocratiques. Les gens se sentent immédiatement, et à juste titre, brimés ou infantilisés.
A priori, on peut compter sur les doigts d’une seule main les thèmes dont notre société admet l’interdiction : la négation des génocides, la pornographie pédophile, par exemple. Qui plus est, nos législations vont dans le même sens, à preuve les décisions de justice autorisant les caleçonnades de M. M’Bala M’Bala.
Libres sont les bouffons
Sans compter les inconvénients gravissimes de cette démarche. Si elle échoue, on est ridicule. Si elle réussit, on est un lobby tout puissant. Elle donne une publicité inespérée à un événement qui, sans cela, n’aurait attiré que quelques fidèles et de rares curieux. [...]"