«Nakba», quasi universellement accepté comme synonyme de «création de l’Etat d’Israël en 1948»
Richard Zrehen (1949-2011), éditeur:
(...) Le terme de «Nakba» apparaît pour la première fois dans un livre de George Habib Antonius, The Arab Awakening : The Story of the Arab National Movement, publié à Londres par H. Hamilton, en 1938, pendant la «révolte arabe» (1936-1939), soulèvement conduit par le Haut Comité Arabe (présidé par le Grand Mufti de Jérusalem) contre les Britanniques – et protestation contre l’émigration juive dans la Palestine du Mandat.
De parents grecs orthodoxes, George Habib Antonius (1891-1941), élevé en Egypte et ayant fait ses études en Angleterre, est le premier a avoir consacré un ouvrage au nationalisme arabe, ce qui a longtemps fait de lui l’«historien» de référence sur le sujet pour le monde «académique» anglais et américain. [...].
En 1938 paraît enfin le grand œuvre, The Arab Awakening : The Story of the Arab National Movement. Extrait de la préface : «J’ai entrepris de mener ma tâche à bien dans un esprit d’équité et d’objectivité et, bien qu’approchant le sujet sous un angle arabe, de parvenir à des conclusions non partisanes».
En janvier 1939, G. H. Antonius arrive à Londres, pour servir de Secrétaire à la Délégation arabe devant participer à la Table-Ronde sur l’avenir de la Palestine…
En 1941, on le retrouve à Bagdad, où il évolue dans l’entourage du Grand Mufti de Jérusalem, pour lequel il ne cache pas son admiration, et qui a déjà noué des contacts avec l’Allemagne nazie ; Bagdad, où il finira bientôt ses jours.
Retour à «Nakba», quasi universellement accepté comme synonyme de «création de l’Etat d’Israël en 1948»: qu’en dit G. H. Antonius, voix on ne peut plus politiquement autorisée, dans son livre de 1938?
Page 312, il écrit: «L’année 1920 porte un nom maudit dans les Annales arabes: c’est l’année de la Catastrophe (Am al-Nakba). L’année du premier soulèvement armé pour protester contre les conditions d’après-guerre imposées par les Alliés aux Pays Arabes, année où des émeutes sérieuses ont eu lieu en Syrie, en Palestine et en Irak».
Quelles conditions, précisément ?
La séparation entre la Syrie et le Liban, sous contrôle français, et la Palestine, sous contrôle britannique. En effet, le gros des arabes de Palestine avait émigré du Liban et de Syrie au cours des 50 années précédentes, attiré par l’accroissement de l’activité économique entraîné par l’arrivée d’immigrants juifs. Ces «émigrés de l’intérieur» se considéraient comme des Syriens – les Syriens aussi les considéraient comme tels –, et ces arabes de Palestine étaient enflammés à l’idée qu’une frontière, tracée par des puissances coloniales au milieu de leur patrie, puisse séparer les Syriens du Nord des Syriens du Sud – qu’on appellerait, dans les années 1960, «Palestiniens»…
Le 6 mai 2008, on pouvait lire ceci sur le site de la chaîne de télévision franco-allemande Arte:
«60 ans d’Israël. Le 14 mai 1948 (!) l'ONU décida de créer l'Etat d’Israël – contre la volonté des Palestiniens (!!). Ce fut le début des conflits (!!!) au Proche-Orient. ARTE propose une programmation exceptionnelle à l'occasion des 60 ans de la création de l'Etat d'Israël.»
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