D'après Marie-Anne Matard-Bonucci, Les Collections de l'Histoire n° 3, p.p. 52-55:
"Avec la guerre et la formation de la république de Salò, le pouvoir fasciste devient le complice de l'élimination des Juifs. Le 16 septembre 1943, un premier convoi est acheminé par les autorités allemandes vers Auschwitz. A partir du mois de novembre, le gouvernement de Salò fait lui-même procéder aux arrestations. Le Duce connaissait-il le sort réservé aux Juifs? En novembre 1942, Mussolini déclarait à l'industriel Alberto Pirelli: "Ils les font émigrer... vers l'autre monde"."L'Histoire, Dossier: Les Fascistes, septembre 1999, p. 42.
Arnaud de la Croix:
"Lorsque [Emil] Ludwig interroge le Duce sur le chapitre du racisme et de l'antisémitisme, on peut mesurer l'écart qui sépare à l'époque le "maître" de son "disciple" allemand: "Il n'y a plus de races à l'état pur. Même les Juifs ne sont pas demeurés sans mélange. Ce sont justement des croisements heureux qui ont souvent produit la force et la beauté d'une nation. La race, c'est un sentiment, non une réalité. (....) Je ne crois pas qu'on puisse apporter la preuve biologique qu'une race est plus ou moins pure. (...) La fierté nationale ne nécessite aucunement un état de transe provoqué par la race. (...) L'antisémitisme n'existe pas en Italie. Les Juifs italiens se sont toujours bien comportés comme citoyens et bravement battus comme soldats. Ils occupent des situations éminentes dans les universités, dans l'armée, dans les banques. Il y en a toute une série qui sont généraux: le commandant de la Sardaigne, le général Modena, un général d'artillerie""
"Benito Mussolini, s'il est d'abord méprisant vis-à-vis de l'antisémitisme hitlérien, qu'il ridiculise devant Emil Ludwig en 1932, lorsqu'il revient subjugué du voyage qu'il a effectué en Allemagne du 25 au 30 septembre 1937, n'impose pas seulement aux troupes italiennes une variante "romaine" du pas de l'oie allemand, mais impose à tout le pays des lois raciales et appuie, en juillet 1938, l'idée que "les Juifs n'appartiennent pas à la race italienne". S'il n'est pas avéré que l'antisémitisme ait pour autant pris racine en Mussolini, il n'en est pas moins vrai que des milliers de familles juives italiennes ont été victimes de la persécution fasciste, puis, à l'époque de la République de Salò, de 1943 à 1945, de déportations."Ils admiraient Hitler, Portraits de 12 disciples du dictateur, Racine, 2017, p.p. 88-89 et 135.