"Il ne faudrait pas oublier qu'en matière de persécution antijuive, [l'Europe] n'a pas besoin de l'Orient pour la pratiquer. On peut même se demander si elle ne s'apprête pas à devenir la principale créatrice, à l'échelle mondiale, des diverses formes de la bonne conscience antijuive." (Jean-Claude Milner, linguiste)
Au Portugal, le premier prix du concours de caricatures PortoCartoon a été attribué au caricaturiste belge
Luc Descheemaeker, l’un des lauréats du concours négationniste de Téhéran de mai 2016. Ce fait n'a aucunement gêné l'organisateur du concours, le
Musée National de la Presse, " l'un des hauts lieux culturels de la ville de Porto", dont le président Luís Humberto Marcos a justifié la décision en qualifiant le dessin de
de M. Descheemaeker de "travail artistique exceptionnel". Il représente le président
Donald Trump avec une face de caméléon et deux billets de dollars dans la gueule.
Pour l'historien
Joël Kotek, professeur à l'ULB, "le caractère négationniste" du dessin primé à Téhéran "ne fait aucun doute":
"[...] caricaturiste belge Luc Descheemaeker, l’un des lauréats du concours négationniste de Téhéran de mai 2016. Pour rappel, sa caricature figurait la célèbre inscription du portail d’Auschwitz «Arbeit macht Frei» sur le mur de séparation construit aux abords de la Cisjordanie par Israël. Le caractère négationniste de la vignette ne fait aucun doute pour assimiler la politique israélienne à celle de l’Allemagne nazie. Son dessin minimise grossièrement «c’est-à-dire à l'extrême et, par là même, de manière grave, outrancière ou offensante» les crimes nazis, au sens où le précisait en juillet 1996 la Cour d’Arbitrage (arrêt n° 45/96).
Qu’on s’en offusque ou non, la barrière de sécurité construite dans sa majeure partie sur la ligne verte séparant Israël de la (future) Palestine ne s’apparente en rien aux crimes nazis à moins de caractériser de nazis, pour cause de clôture de séparation, le Maroc (Sahara espagnol), l’Espagne (Ceuta et Melilla) ou encore la France et le Royaume uni (Calais). […]
En nazifiant Israël, le dessinateur flamand ne caricature pas, n’exagère pas, ne déforme pas la réalité d’Israël mais l’invente, à l’instar d’un Dieudonné. Sa dénonciation d’Israël est politico-idéologique pour procéder du seul registre de l’indignation, propre aux dessins de presse nazis d’avant-guerre. […]
D’aucuns rappelleront, à la décharge de l’artiste, qu’il ne saurait être suspect de négationnisme pour avoir monté dans le cadre de son enseignement au Lycée catholique du Torhout deux spectacles intimement liés à la persécution des Juifs, Cabaret de Bob Fosse et Maus d’Art Spiegelman. Loin d’exonérer, ces deux initiatives sont plutôt à charge d’un dessinateur précisément au fait des tenants et aboutissants de la Shoah. Sa démarche n’en est que plus perverse puisqu’il sait pertinemment tricher avec la réalité historique (idée de dol général). On ne s’inscrit pas par hasard à un concours que l’on sait négationnisme et se féliciter ensuite sur son blog d’avoir remporté le prix spécial du jury.
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