Dans une Carte Blanche du Soir (25 août 2015), le « philosophe de la culture » Lieven De Cauter, enseignant à la KUL, analyse la « vision du monde » de Théo Francken, secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration. Il dénonce son néoconservatisme, co-responsable de la crise des réfugiés. L’idéologie néo-conservatrice est à l’origine de l’invasion de l’Irak en 1998 et de la déstabilisation de toute la région, cause de l’afflux des réfugiés actuel.
Au-delà du secrétaire d’Etat et du gouvernement actuel, le philosophe de l’Université catholique flamande, vise une cible très profonde : la source du Mal universel.
A première vue, on pourrait considérer les Etats-Unis comme responsables de ce qui a été baptisé « the remaking of the Middle East », provoquant la déstabilisation de toute la région. Mais il s’agirait d’une lecture superficielle, car cette politique n’a qu’un but: « la destruction de tous les ennemis d’Israël ».
Ainsi, par un tour de passe-passe, les Etats-Unis, première puissance mondiale passent entièrement au service d’Israël. Poursuivant son glissement suspect, le raisonnement de notre philosophe efface les Etats-Unis comme acteurs: « en transformant tout le Moyen Orient en un conflit entre chiites et sunnites, Israël se débarrasse pour longtemps du plus redoutable de ses ennemis : le panarabisme et la haine unanime que portent les pays musulmans à ‘ l’entité sioniste’ ».
Israël devient ainsi l’unique acteur de la politique au Moyen Orient. Ceci, par l’intermédiaire des « juifs néoconservateurs tels que Kaplan ou Kagan (sans parler de l’ancien chef suprême des néoconservateurs Wolfowitz)… des sionistes purs et durs.»
Lieven De Cauter, un des signataires de la pétition d’universitaires belges pour le boycott académique d’Israël, nous révèle ainsi qui mène le monde: Israël et les juifs. C’est la version 2.0 du Protocole des Sages de Sion, texte un peu décrié chez nous, mais qui reste un best-seller dans le monde arabe.
Qu’on « aime » les Palestiniens et qu’on « n’aime pas » pas les Israéliens, au point de proposer un boycot généralisé de ces derniers, quelle que soit leur opinion personnelle, c’est idiot, mais tolérable. Par contre, faire des juifs et d’Israël le deus ex machina de la géopolitique mondiale, c’est renouer avec les sources profondes de l’antisémitisme.
En voulant révéler la vision du monde néo-conservatrice de Théo Francken, Lieve De Cauter dévoile surtout sa propre vision du monde, étrangement semblable à celle du national-socialisme. Ce qui ne l’empêche pas d’être publié dans Le Soir.