mardi 5 juillet 2011

Israël veut rapatrier 300 chercheurs recrutés par les meilleures académies du monde

"Numéro 4 mondial tant en nombre de parutions scientifiques qu'en dépôts de brevets dans les biotechnologies, Israël va par ailleurs lancer une fondation dotée de 280 millions de dollars, afin de soutenir le lancement et le développement des entreprises tournées vers les sciences de la vie. C'est début 2010, à l'issue d'une réunion de 200 universitaires israéliens de Yale et du MIT, que l'idée d'un programme national de lutte contre la fuite des cerveaux a vu le jour."

"Il y a quelques années, Shraga Brosh, le patron de l'association des industriels israéliens, avait fait sensation en avançant que pas moins de 25 000 cadres ou entrepreneurs israéliens du high tech avaient quitté le pays pour travailler aux États-Unis entre 2001 et 2008. Un exode qui aurait coûté chaque année 1,9 milliard de dollars à l'économie locale."

Source: L'Echo

Le paradoxe peut surprendre: alors que les leaders mondiaux des technologies de l'information multiplient les ouvertures de centres de R&D en Israël, l'État hébreu est confronté à une sévère fuite des cerveaux. A telle enseigne que Jérusalem a décidé de mettre un frein à ce "brain drain" particulièrement coûteux pour une économie basée sur l'export et le capital humain.

Il y a quelques semaines, le Ministère de l'éducation israélien a annoncé la mise en œuvre d'un vaste plan de bataille étalé sur cinq ans et représentant un effort de 500 millions de dollars. Le pays entend tout d'abord ouvrir 30 centres "d'excellence" de recherche (baptisés "I-Core"), dont une dizaine dans les douze prochains mois. But de la manœuvre: "rapatrier quelques 300 chercheurs israéliens recrutés par les meilleures académies du monde", a précisé Manuel Trajtenberg, l'économiste qui pilote le comité du budget du Conseil de l'éducation supérieure.


Un programme national
Numéro 4 mondial tant en nombre de parutions scientifiques qu'en dépôts de brevets dans les biotechnologies, Israël va par ailleurs lancer une fondation dotée de 280 millions de dollars, afin de soutenir le lancement et le développement des entreprises tournées vers les sciences de la vie.

C'est début 2010, à l'issue d'une réunion de 200 universitaires israéliens de Yale et du MIT, que l'idée d'un programme national de lutte contre la fuite des cerveaux a vu le jour. Ces expatriés ont affirmé leur désir de rentrer dans leur pays d'origine tout en dénonçant le manque de postes correspondant à leurs qualifications. Pour l'heure, près du quart du total des universitaires israéliens travaillent aux États-Unis: une proportion record comparée à la France, l'Espagne, l'Allemagne ou le Royaume-Uni, "où cette part oscille entre 1,3 et 4,3%", selon les calculs de l'économiste Dan Ben-David, de l'Université de Tel-Aviv. Il est vrai que ces sept dernières années, le budget de l'éducation supérieure en Israël a diminué de 25%. Tandis que les salaires académiques sont demeurés peu attractifs: autour de 25 000 dollars annuels, soit un niveau quatre fois moins élevé qu'outre Atlantique.

Ce brain drain ne concerne pas uniquement le monde académique. Il y a quelques années, Shraga Brosh, le patron de l'association des industriels israéliens, avait fait sensation en avançant que pas moins de 25 000 cadres ou entrepreneurs israéliens du high tech avaient quitté le pays pour travailler aux États-Unis entre 2001 et 2008. Un exode qui aurait coûté chaque année 1,9 milliard de dollars à l'économie locale.


Crise du high tech
Si certains voient dans ce phénomène la marque du succès du "business model " israélien, d'autres s'interrogent sur sa pérennité. "Le high tech israélien présente des signes de crise de croissance, a averti Manuel Trajtenberg, le 21 juin dernier, lors du Forum économique de Césarée. Cette industrie manque de recherche fondamentale. Il faut initier des changements drastiques pour renverser la tendance."
Nathalie Hamou, à Tel-Aviv

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