lundi 18 juillet 2011

Genève: la Fnac s'explique sur la vente d'un livre raciste et antisémite

Contexte: Un livre du négationniste David Duke en vente à la FNAC de Genève

Source: Le Courrier (La Fnac solde un livre raciste)

Le livre d’un Américain raciste et antisémite s’est retrouvé dans un bac du magasin, probablement faute de vigilance. En Suisse, un tel achat est cependant légal.

Sur Amazon, on le trouve pour près de 110 euros et dès 40 en occasion. Nous l’avons eu pour 5 francs, certes un peu écorné, dans le bac des «affaires» de la Fnac de Rive. Mais pas sûr que My Awakening, de David Duke, soit une telle aubaine. Car cet auteur américain est un ex-sorcier impérial des chevaliers du Ku Klux Klan. Prônant la suprématie de la race blanche, il est réputé pour son antisémitisme.

«C’est aussi un négationniste très connu, selon le secrétaire de la Coordination contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), Johanne Gurfinkiel, dont l’organisation a remarqué le livre controversé. Cet ancien membre de la Chambre des représentants de Louisiane est aujourd’hui considéré, dans les milieux néonazis internationaux, comme le principal propagandiste des théories racistes.» Dans son livre, dont le titre signifie «Mon éveil», il raconte son chemin vers la «compréhension raciale». Il y raconte comment il a pris conscience d’être un aryen, d’être un Blanc engagé dans la préservation de son peuple.
Adepte de la théorie du complot critiquant la «suprématie juive», il se défend pourtant d’être antisémite. «Il n’est pas plus antisémite de s’opposer à la suprématie juive qu’il est anti-Italiens de s’opposer à la mafia», écrit-il.

Par téléphone, une vendeuse vérifie sur son ordinateur. Le livre est bien en stock, pour 65 francs. Après l’avoir cherché pour nous le mettre de côté, elle corrige. Il est abîmé, il est à 5 francs. Mais comment a-t-il pu se trouver dans le bac des soldes, comme s’il s’agissait d’un banal livre de cuisine?


Sur place, une responsable livres ne le sait pas, mais avance qu’il doit s’agir d’une commande d’un client qui n’est ensuite pas venu la chercher. Il aurait échappé à la vigilance d’une libraire au moment d’être exposé. A la Fnac de Balexert, en tous cas, on ne trouve pas trace du livre, ce qui accrédite cette explication.

«Un incident regrettable»
La responsable rappelle qu’au nom de la liberté d’expression, un client peut commander Mein Kampf s’il le désire, ce que nous avons ensuite vérifié et qui s’est avéré exact. La Commission fédérale contre le racisme atteste de la légalité d’une telle vente, mais précise que l’achat doit être destiné à un usage personnel et n’avoir, en aucun cas, un caractère de propagande. Interdit d’en acheter une dizaine pour les faire circuler... «Mein Kampf a un caractère historique, explique Philippe Grumbach, avocat de la CICAD. Mais la Fnac pourrait aussi vendre le Protocole des sages de Sion. Si bien sûr il s’agit d’une commande et qu’elle ne lui fait pas de publicité en exposant les ouvrages.»

L’avocat en sait quelque chose. A l’époque, au nom de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme, il avait attaqué le responsable de la librairie Al Diwan, aux Pâquis, pour avoir vendu le livre révisionniste de Roger Garaudy, Les mythes fondateurs de la politique israélienne. Mais en 2000, le libraire avait fini par être acquitté car le livre, rangé dans un tiroir, était vendu uniquement sur demande.

«La norme pénale antiraciste ­venait d’entrer en vigueur, il s’agissait de la tester, commente Me Grumbach. Avec le recul, c’était un mauvais procès.» Quant au livre de David Duke, il y voit «un incident ­regrettable, mais rien de pénalement répréhensible».

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