mercredi 27 février 2019

Natacha Polony: "La dignité extrême dont a fait preuve Alain Finkielkraut après son agression"


Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne:
"La dignité extrême dont a fait preuve Alain Finkielkraut après son agression doit rappeler une chose: les emballements médiatiques ne sont d'aucune utilité dans la lutte contre l'antisémitisme, qui réclame avant tout de la lucidité et le courage de nommer."

lundi 25 février 2019

L'Europe n’a ni les moyens ni le courage de défendre les Juifs ou d’arbitrer en leur faveur


Rédaction Infobelge: Une Europe sans Juifs

Dans «La France sans les Juifs» (PUF), Dany Trom, chercheur au CNRS, alerte sur le possible départ massif des Juifs de France face à la montée de l’insécurité à leur endroit. Toute l’Europe serait concernée.  
Dans son dernier livre, «Continent sans frontière», Theo Francken faisait un éloge appuyé aux communautés juives européenne et belge pour leur capacité extrême d’intégration qu’il semblait vouloir opposer à la composante musulmane qui demeure pour partie non-intégrée voire désintégrée.  
Dans son dernier livre également, «Immigration et intégration, Avant qu’il ne soit trop tard» (Dynamedia), le sénateur MR Alain Destexhe imagine un scénario catastrophe en 2050 dans lequel la communauté juive belge quitte intégralement notre pays en raison d'un nouvel antisémitisme, notamment d'origine arabo-musulmane. 
Plusieurs exemples historiques démontrent par l’absurde l’exemplarité de la communauté juive et son utilité dans le substrat autochtone: leur expulsion en 1492 qui va coïncider un peu plus tard au déclin de l’Espagne et la fuite massive des Juifs soviétiques lors de deux grandes vagues (1975 et 1990) correspond à un déclin économique de la Russie.  […]

L’analogie du canari (qui annonce le grisou lorsqu’il cesse de chanter dans la mine) nous porte à nous méfier des départs massifs de Juifs.  
Est-on à l’aube d'un tel phénomène aujourd'hui? Dans «La France sans les Juifs» (PUF), Dany Trom, chercheur au CNRS, alerte sur le possible départ massif des Juifs de France face à la montée de l’insécurité à leur endroit.  
Certes, ils n’étaient «que» 3.000 en 2017 contre 8.000 en 2015 à quitter l’Hexagone. Mais pour le Pr Trom, cela ne trompe pas: depuis 2001 environ, l’émigration ne tarit pas. Pour l’auteur, l’antisémitisme d’extrême droite et de gauche s’exprime de plus en plus librement «et a des prolongements savants à l’université».  [Marc Knobel : "L’Europe va se vider de ses juifs. En France, 60 000 sont partis en dix ans"]
La gauche, surtout, orpheline de la classe ouvrière qui vote désormais pour l’extrême droite, s’appuie de plus en plus sur l’immigration. Les immigrés, surtout musulmans et noirs, estiment que le drame vécu par les Juifs en 40-45 cache les crimes de l’esclavage et de la colonisation. Il y aurait deux poids deux mesures au profit des Juifs qui y gagneraient reconnaissance et influence. «Ainsi se referme le piège de la concurrence victimaire», explique-t-il au Point.  
La question juive européenne est liée à l’Etat-nation Israël qui, pour Trom, est le pays qui incarne l’échec du projet d’universalisme européen.  
Variation sur la conviction d’Alain Finkielkraut pour qui il n’y a plus de places pour les Juifs dans une Europe multiculturelle, Trom rappelle que «un émigré turc en Allemagne ne se sent pas concerné par la repentance allemande face à la Shoah». «Ainsi s’efface lentement la présence juive en Europe.»  […]
En Belgique comme en France, les lieux cultuels et culturels juifs sont protégés par l’armée.  
Mais l’Europe n’a ni les moyens ni le courage de défendre réellement les Juifs ou d’arbitrer en leur faveur, souligne Trom. Or, malgré l’islamophobie, aucun Algérien ou Marocain vivant en France n’est rentré au pays «alors que des juifs quittent la France parce qu'ils se sentent en insécurité». 
Le rapport Juifs/musulmans en France est d’environ un à dix (600.000 contre 7 millions). Dans notre pays aussi, entre 700.000 musulmans et 40.000 Juifs, les hommes politiques ont vite fait leur compte… 
En vérité, comme au début du 20e siècle où leur émigration correspondit un peu plus tard avec la Shoah, les Juifs d’Europe sont sacrifiables.
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samedi 23 février 2019

La France a enterré sa honte de l'antisémitisme (Ben Macintyre)


Ben Macintyre, auteur britannique, historien et chroniqueur pour le journal The Times:
France has buried its antisemitic shame - Decades of state denial about Holocaust collaboration have fuelled today’s incidents of neo‑Nazi thuggery

In the ragged aftermath of the Second World War, a young Jewish Frenchman named Jean-Jacques Fraenkel travelled to Nice in order to find a particular hairdresser and kill her. 
This Frenchwoman, he believed, had betrayed his mother to the Gestapo in 1943. By that time, his father had perished in Auschwitz. A year later, his mother would follow her husband to the gas chambers. 
The orphaned Fraenkel never found the treacherous coiffeuse. He was told that the Resistance had already lynched her. More likely she simply vanished, her crimes erased by a deliberate, state-sanctioned national amnesia. France did not want to remember the role its citizens had played in the Holocaust, or admit the virulent French antisemitism that underpinned it. 
“We French Jews fought two wars,” Fraenkel said a few years ago. “The first we fought alongside other French people against the Nazis, and we lost. The second, for recognition of what was done to us by our own countrymen, we are still fighting.” […] 
Today’s French antisemites are different in style from their forebears. There is an extreme Islamism that informs much of today’s anti-Jewish prejudice. The swastika-painters have not read a word of Faurisson. They do not know or care that they are the cultural heirs of the people who turned in their Jewish neighbours to the Nazis, or the antisemites who hounded the Jewish army officer Alfred Dreyfus at the end of the 19th century, prompting antisemitic riots across France and Émile Zola’s famous denunciation. 
Yet the upsurge of French Jew-baiting today stands in a long and ugly tradition. The founders of the Fourth Republic had a unique opportunity to root out this canker in French life but allowed it to metastasise, leaving a diseased memory. 
Lire l'article complet @ The Times

vendredi 22 février 2019

"L’existence d’un complot sioniste à l’échelle mondiale EST une caractéristique de l’antisémitisme" (Valérie Toranian)


Valérie Toranian, journaliste, directrice de la Revue des deux Mondes :
L’existence d’un complot sioniste à l’échelle mondiale EST une caractéristique de l’antisémitisme. La théorie est née avec la publication du Protocole des Sages de Sion, un «faux» forgé par la police secrète du tsar au début du XXe siècle qui «révélait» un projet secret sioniste de domination du monde. Depuis elle n’a cessé de se diffuser. Elle séduit à l’extrême gauche comme à l’extrême droite. Elle maquille d’antisionisme, plus «présentable», une haine des Juifs, seul peuple au monde auquel on interdit d’avoir une terre. Car l’antisionisme n’est pas une critique politique. Ce n’est pas la dénonciation de telle ou telle mesure d’un gouvernement israélien. C’est un principe: Israël, foyer des Juifs depuis trois mille ans, doit disparaitre définitivement de la surface de la Terre car c’est une plaie et une humiliation pour les Palestiniens et les pays arabes.

Des Palestiniens dont la cause est devenue en trente ans une cause islamiste et non plus une lutte de libération nationale. Un djihad devant rassembler tous les musulmans du monde contre Israël, les Juifs, les États-Unis et les démocraties occidentales «islamophobes , au premier rang desquelles la France.

Ce discours est distillé en permanence dans les banlieues via les télés satellites, via les chaînes idéologiquement contrôlées par les Frères musulmans, via les prêches salafistes sur internet. + 74% d’actes antisémites en France en 2018. On s’habitue… 
«Retourne à Tel Aviv», «On est le peuple et on est chez nous», «Dieu te punira», a hurlé le forcené «gilet jaune» à la tête d’Alain Finkielkraut le 16 février. L’homme connu des services de police appartient à la mouvance islamiste salafiste. Ce que laissait suggérer son «Dieu te punira», qui ne fait pas partie du champ sémantique des identitaires ou de l’extrême droite. 
De quoi ce «chez nous» est-il le nom? D’une terre pure délivrée des Juifs, comme la Seine Saint-Denis, désormais «Judenraus», et dont les habitants juifs ont opté pour l’alya intérieure c’est-à-dire un déménagement dans un autre département  De quel «peuple» parle-t-il? Un peuple fétichisé, ayant tous les droits, toutes les excuses et toutes les audaces puisqu’il est le peuple et qu’il a forcément raison? Un peuple qui s’acharne sur un juif imaginaire, bouc émissaire de tous les problèmes? À moins qu’il n’ait en tête le peuple de l’islam? Car s’il est salafiste, il souscrit à l’idée du djihad permanent, de la conquête voulue par le prophète des terres des mécréants et de leur soumission, tôt ou tard, à la loi islamique? De quel délire relèvent ses propos?
Lire l'article complet @ Revue des Deux Mondes

mercredi 20 février 2019

Pas de thème d’un "complot islamiste mondial " mais bien celui du "complot sioniste à l’échelle mondiale" chez certains gilets jaunes


Pierre-André Taguieff*, philosophe et historien des idées:
Début février 2019, on pouvait lire cette inscription sur la façade d’une banque parisienne aux vitres brisées au cours d’une manifestation des «gilets jaunes» : «Talmudistes, rendez-nous nos euros!». Ce graffiti condense deux stéréotypes antijuifs bien connu : celui du «Juif talmudiste» et celui du «Juif usurier». Les Juifs sont ainsi accusés, d’une part, de suivre les préceptes «secrets» du Talmud afin de dominer le monde, et, d’autre part, d’être des spéculateurs et des spoliateurs. Dans le code culturel du vieil antisémitisme, cela donnait la figure du Juif «parasite social» et celle du Juif «prédateur». Ces thèmes d’accusation sont aujourd’hui largement diffusés sur Internet par des sites spécialisés, comme celui d’Alain Soral, et circulent sur les réseaux sociaux. […]

Dans l’enquête réalisée par l’Ifop en septembre 2014, 16% des répondants se rangeaient à la thèse de Dieudonné sur l’existence d’un «complot sioniste à l’échelle mondiale», ce qui constitue le noyau dur de la mythologie «antisioniste». Dans l’enquête de décembre 2018, ils sont 22% à approuver ladite thèse, mais 44% chez les « gilets jaunes », ce qui est très inquiétant, mais pas totalement surprenant. 
Il faut souligner enfin le fait que, dans les marges de la mobilisation des «gilets jaunes», on trouve des traces de judéophobie et non pas de racisme en général, visant les Noirs ou les Maghrébins, par exemple, ou globalement les immigrés d’origine extra-européenne. Le thème d’un « complot islamiste mondial » n’est pas non plus repérable. Indice que, dans l’imaginaire des manifestants, l’ennemi principal est bien le pouvoir incarné par Emmanuel Macron, dont l’apparence comme la personnalité supposée sont devenues objets d’une haine «dégagiste» («Macron démission!»). C’est là une question sur laquelle il faudra revenir.
Lire l'analyse complète de "la récente enquête de l'ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch sur le rapport des "gilets jaunes" aux théories du complot" @ Revue des Deux Mondes.

mardi 19 février 2019

Karl Lagerfeld: "On ne peut pas tuer des millions de juifs pour faire venir des millions de leurs pires ennemis après"

Hommage à Karl Lagerfeld mort aujourd'hui à Neuilly-sur-Seine.



Karl Lagerfeld, directeur artistique de Chanel, grand couturier, photographe, réalisateur et éditeur allemand (2017):
"On ne peut pas tuer des millions de juifs pour faire venir des millions de leurs pires ennemis après."

"Je connais quelqu'un en Allemagne qui a pris un jeune Syrien, qui parlait un peu anglais. Au bout de quatre jours, vous savez ce qu'il a dit à la dame? 'La meilleure invention de l'Allemagne, c'est l'holocauste'. Il était dans la rue la minute qui suit, je vous le dis tout de suite."
Source: Atlantico

lundi 18 février 2019

"L’antisémitisme est la radicalité de la haine, c’est pourquoi il ne meurt jamais" (Robert Redeker)


Robert Redeker, agrégé de philosophie:
Si les forces de l’ordre, présentes, ne s’étaient interposées, il semble presque certain que le philosophe aurait été physiquement agressé… 
Ces agresseurs s’avançaient sur le chemin du lynchage. Les auteurs de ces insultes et de ces menaces ont donné à voir l’essence de la haine, avec son visage terrifiant. Ils auraient laissé Finkielkraut pour mort sur le pavé s’il n’y avait eu des témoins. L’antisémitisme est la figure pure, abstraite, métaphysique, de la haine. Il est la radicalité de la haine. C’est pourquoi il ne meurt jamais.
propos recueillis par Gilles Perrault

Lire l'article complet @ Le Figaro

dimanche 17 février 2019

Alain Finkielkraut: "De plus en plus de Juifs quittent les communes de banlieue où leur vie devient infernale"


Alain Finkielkraut, professeur émérite à l’École polytechnique
Les actes antisémites ont augmenté de 74 % en 2018. Si on n'avait pas vu certains «gilets jaunes» faire la quenelle ou d'autres associer les noms de Macron et de Rothschild, et si deux portraits de Simone Veil n'avaient pas été recouverts par des croix gammées, ces chiffres seraient probablement passés inaperçus. Comme les voitures quotidiennement incendiés, ç'aurait été «business as usual». Là, l'occasion était belle de rapatrier l'antisémitisme et de dénoncer la résurgence d'une haine bien de chez nous. Mais ce n'est pas la faute des «gilets jaunes» si la France connaît aujourd'hui ce qu'Édouard Philippe a appelé une «alya intérieure». De plus en plus de Juifs quittent les communes de banlieue où leur vie devient infernale pour certains quartiers de Paris ou pour… Limoges, justement.  
Un antisémitisme venu du Maghreb, de Turquie, du Moyen-Orient, d'Afrique et des Antilles s'implante en France et on en a pour longtemps. Quand, lors d'une de mes émissions de France Culture, Georges Bensoussan a mis cette réalité en évidence, il a été accusé par Olivier Schrameck [qui est juif], alors président du CSA, d'«encourager des comportements discriminatoires». Dans sa lettre envoyée à France Culture, le même Schrameck m'a reproché (en me nommant «l'animateur») de «n'avoir, à aucun moment, contribué à la maîtrise de l'antenne». Bensoussan a été poursuivi en justice et finalement relaxé par la 17e chambre. Sa mésaventure témoigne de la force en France du parti du déni. Ce parti est très prompt à se mobiliser contre l'extrême droite. Mais ce ne sont pas des «gilets jaunes» qui ont scié les deux arbres plantés à la mémoire d'Ilan Halimi là où il a été retrouvé agonisant. Ce ne sont pas non plus des excités de la fachosphère qui ont traité l'ancienne journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui de «pute à Juifs» parce que après l'attentat de Strasbourg elle a osé déclarer: «Il faut que l'islam se soumette à la critique! Qu'il se soumette à l'humour! Qu'il se soumette aux lois de la République! On ne peut pas venir à bout de cette idéologie en disant aux gens: “L'islam est une religion de paix et d'amour et c'est juste le terrorisme qui est mal.”
Lire l'article complet @ Le Figaro

samedi 16 février 2019

Julien Bahloul réagit aux insultes antisémites vociférées contre Alain Finkielkraut



Julien Bahloul, journaliste franco-israélien:
"Des Gilets Jaunes croisent Alain Finkielkraut, philosophe français, académicien et juif.
Enchaînement des insultes et du raisonnement :
- Palestine !
- La France est à nous (donc pas aux juifs)
- Sale sioniste (juif)
- Sale race (...)
- Le peuple va te punir
Paris, 2019."


"Oui jpmignard, à 70 ans Finkielkrault, sombre inconnu de l’académie française en quête de publicité, est heureux de s’être fait insulté de sale juif.  
Typiquement à cause de réactions comme la vôtre que les victimes de l’antisémitisme se sentent seules et que je suis parti."

jeudi 14 février 2019

Les gilets jaunes et la vague d'antisémitisme (John Lichfield)


John Lichfield, journaliste, @ The Local France:
Paris was contaminated last weekend by a rash of anti-Semitic graffiti. There was a 74 per cent increase in reported anti-Semitic behaviour in France last year.
The graffiti, including swastikas, were daubed during the night of Friday to Saturday, just before the latest Gilets Jaunes protest in Paris. The boom in anti-Semitic acts was concentrated at the end of 2018, which coincided with the rise of the yellow vests from mid- November. […] 
The rash of anti-Semitic actions coincides with a series of desecrations of Catholic churches. It coincides with a sudden upturn in the random violence by extremist groups at the Gilets Jaunes protests in Paris last Saturday (Act XIII, or the 13th Saturday putsch since the movement began). It coincides with an attempt to burn down the country home of the president (speaker) of the national assembly. 
I revile conspiracy theories. But I suspect that a concerted effort is being made to ramp up the atmosphere of crisis in France as grass-roots support for the Gilets Jaunes in their rural and outer provincial heartlands declines.  
The graffiti campaign in Paris last weekend included the daubing in yellow paint of the word “juden” – Jews in German – on a bagel restaurant on the Ile Saint Louis. It also included the daubing of swastikas over images of the late, great Auschwitz survivor and former French health minister, Simone Veil. 
Since the 1990s, there have been two strands of anti-Semitism in France. 
There is the historic, far-right, French nationalist or ultra-Catholic strand. This goes back far beyond the Dreyfus affair of the 1900s, the Vichy government collaboration with the Nazis in the early 1940s or the rise of Jean-Marie Le Pen’s Front National in the 1970s and 1980s. 
It can still be found, in mild but disgusting, form in the casual comments of well-heeled, well-educated French people from the “beaux quartiers” of Paris. I know because my children went to school with them.
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mercredi 13 février 2019

Macron a emprunté le slogan “startup nation" à la société israélienne


Edouard Husson, historien français:
Atlantico: Emmanuel Macron, lors de ses vœux, avait déclaré: "Que certains prennent pour prétexte de parler au nom du peuple […] et n'étant en fait que les porte-voix d'une foule haineuse, s'en prennent aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c'est tout simplement la négation de la France". En quoi cette assimilation entre le mouvement des Gilets jaunes et une "foule haineuse" peut-elle être maladroite ?

Edouard Husson: C’est bien pire que de la maladresse. C’est une faute politique grave. […]  En l’occurrence, Macron a recours à la vieille ruse chiraquienne: un président le dos au mur crie au retour de l’antisémitisme et du racisme. Cela m’agaçait déjà profondément sous Chirac. A présent, je trouve cela irresponsable. Mais j’ai plutôt envie de dire au Président. Vous avez expliqué depuis un moment que la France devait être une “startup nation”, un slogan que vous avez emprunté à la société israélienne. Eh bien, chiche! Essayons d’apprendre de l’Etat d’Israël, qui est non seulement l’un des plus efficaces dans la Troisième Révolution Industrielle mais également un modèle en termes d’esprit national, de patriotisme, de démocratie, de volonté de survie dans un environnement hostile, de défense de l’état de droit alors que ce pays est entouré de dictatures et de totalitarismes. Et commencez par faire en sorte que nos concitoyens juifs se sentent bien en France, puissent vivre en sécurité et contribuer comme ils le souhaitent à la créativité et au bien-être de la nation.
Lire l'interview complète @ Atlantico

mardi 12 février 2019

James Joyce décrit l'antisémitisme dans son chef-d'oeuvre 'Ulysse' (1922)


James Joyce (1924) 
Portrait de Patrick Tuohy

"L'histoire, dit Stephen, est un cauchemar dont j'essaie de m'éveiller"

Dans Ulysse (1922), l'un des meilleurs livres du XXe siècle, l'écrivain irlandais, James Joyce (1882-1941), fait une des plus justes analyses de l'antisémitisme européen - elle est toujours d'actualité.  L'action du roman se déroule à Dublin le 16 juin 1904.
- Souvenez-vous de ce que je vous dis, monsieur Dedalus, fit-il [M. Deasy].  L'Angleterre est aux mains des juifs.  Dans tous les postes les plus élevés: sa finance, sa presse.  Et ils sont le signe de la décadence d'une nation.  Partout où ils s'assemblent ils sucent la vitalité de la nation.  Voilà des années que je vois cela venir.  Aussi vrai que nous sommes ici les marchands juifs ont commencé leur oeuvre de destruction.  La vieille Angleterre se meurt.  […]

- Elle se meurt, dit-il, si elle n'est déjà pas morte. […]

- Un marchand, dit Stephen, c'est celui qui achète bon marché et revend cher, juif ou gentil, n'est-ce pas?

- Ils ont péché contre la lumière, dit M. Deasy gravement.  Et vous pouvez voir les ténèbres dans leurs yeux.  Et c'est pourquoi ils sont encore errants sur la terre de nos jours. […]

M. Deasy s'était arrêté, soufflant et ravalant sa respiration.

- Je voulais juste vous dire, dit-il.  L'Irlande, dit-on, est le seul pays qui puisse s'honorer de n'avoir jamais persécuté les juifs.  Vous le saviez?  Non.  Et savez-vous pourquoi?

Il fronçait un sourcil sévère dans l'air lumineux.

- Parce qu'elle ne les a jamais laissés entrer, dit M. Deasy solennellement.

Comme une balle, un rire-quinte-de-toux jaillit de sa gorge tirant après lui une chaîne glaireuse et grinçante.  Il fit demi-tour, toussant, riant, brassant l'air de ses bras levés.

- Elle ne les a jamais laissés entrer, répétait-il au milieu de ses rires pendant qu'il tapait de ses pieds guêtrés sur le gravier de l'allée.  Voilà pourquoi.

Sur ses sages épaules à travers la marqueterie du feuillage le soleil semait des paillettes, de virevoltants écus.
James Joyce, Ulysse, Gallimard Folio, 2013 (p.p. 90-95)

dimanche 10 février 2019

Le message de Tom Wolfe aux Juifs ("radical chic")


Jeffrey Salkin @ RNS:
Tom Wolfe
The author Tom Wolfe, who died this week at the age of 88, was decidedly not a Jewish writer. But, he knew about Jews. Or, at least, some Jews. […]
In Tom Wolfe’s honor, I re-read his classic piece of new journalism, Radical Chic and Ma-Mauing the Flak Catchers [Le Gauchisme de Park Avenue], published in 1970. 

Wolfe tells the story of the famous fundraising party that conductor Leonard Bernstein (whose centennial we mark this summer) and his wife, Felicia, threw for the Black Panthers at their New York apartment. 
The guest list included some of the most famous luminaries of American culture: Otto Preminger, Broadway lyricist Sheldon Harnick, and Barbara Walters, among them.The guests sat, enraptured, as the Panthers regaled them with their platform.
We want all black men exempt from military service. We want all black men who are in jail to be set free…We’d like to take kids on tours of the white suburbs, like Scarsdale, and let them see how their oppressors live…We want peace, but there can be no peace as long as society is racist and one part of society engages in systematic oppression of another.
[…] It is the nature of “radical chic” itself. It had become chic to be radical. 
Bernstein’s guests seemed willing to overlook, or discount, or relativize, the anti-semitism that was part of the Black Panther rhetoric. 
Wolfe cited the August 30, 1969 issue of Black Panther, which carried an article entitled “Zionism (Kosher Nationalism) + Imperialism = Fascism,” and spoke of the “fascist Zionist pigs.” 
As Wolfe put it:
Radical Chic invariably favors radicals who seem primitive, exotic, and romantic, such as the grape workers, who are not merely radical and ‘of the soil,’ but also Latin… 
The purveyors of radical chic didn’t even mind, terribly much, when they read a poem published in Black Power magazine, which read: “Jew-land, on a summer afternoon; really, couldn’t kill the Jews too soon…in Jew-land, don’t be a Tom on Israel’s side. Really, cause that’s where Christ was crucified.
Why didn’t the radical chic crowd protest this vile hatred?

Ever the armchair sociologist with a keen sense of class issues, especially regarding the Jews of New York, Tom Wolfe says: 
To be a UJA Zionist about the whole thing was to be old-fashioned, middle-class, middle-aged, suburban, Oceanside, Cedarhurstian…
Translation: to be a Zionist just wasn’t chic. 
To be radical – no matter the enormities and extremism of those whom you were scripted to support – that was chic.
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vendredi 8 février 2019

Le plus célèbre journaliste juif allemand défie le parti de droite extrême AfD chez eux


David P. Goldman @ Tablet:

“When does a Jew have the opportunity to appear in a room full of Nazis, neo-Nazis, crypto-Nazis and para-Nazis?” said the German-Jewish writer Henryk Broder, speaking in Germany’s Bundestag to the parliamentary caucus of the right-wing Alternative für Deutschland (AfD) on Jan. 19. “Many of you may never have seen a living Jew in the flesh, and are waiting for the room to fill up with the stink of garlic and sulphur” Broder told his audience, confronting the AfD’s members of parliament in the best tradition of Jewish irony and setting in relief Germany’s great political dilemma: Is it possible to speak of a German national revival without apologizing for the unspeakable crimes of German nationalism in the past? […]

Broder excoriated the sort of political correctness that equates “climate change denial” with Holocaust denial,” but added that he favored some politically correct restrictions: “You don’t put your feet on the table, you don’t burp during dinner, and you don’t call the 12 worst years of Germany history ‘a speck of bird dung.’” This referred to a remark by AfD Vice Chairman Alexander Gauland that the Hitler period was only a speck of bird dung in the great sweep of German history, and he said it to Gauland’s face.

It was in the interest of fair play that he accepted the invitation, Broder explained. The AfD began as a Euroskeptic party critical of Europe’s common currency, but shifted to an anti-immigration platform after Chancellor Angela Merkel’s decision to accept 2 million Muslim migrants into Germany in 2015 and 2016. That was not an uncontroversial decision and the AfD’s pivot to opposing immigration gained the party a substantial following. Merkel’s mentor Helmut Kohl, the great Cold War chancellor who guided the country to reunification, bitterly opposed her migration policy. The AfD became important only because Germany’s center-right party excluded opposition to a social policy that threatened to change the character of German society.

Merkel has put German Jews in a dilemma. After street attacks by young Muslims, the Central Council of Jews in Germany warned Jews not to walk in public with a kippah. Chancellor Merkel deplored the attacks, but her migration policy made them inevitable. Consequently, a small group of German Jews joined the AfD, arguing that the greatest threat of anti-Semitism comes overwhelmingly from Muslim migrants and their supporters on the left.

This in my view is too simple. I have talked extensively with a number of prominent AfD leaders and while they are not anti-Semites, they continue to tolerate louts like Alexander Gauland, who minimize the singular evil of the Nazi extermination campaign.

That is why I have supported Angela Merkel against the AfD, to the consternation of many of my conservative friends. The AfD continues to tolerate leaders like Björn Höcke, who called the national Holocaust Memorial in Berlin “a disgrace.” But Germany needs a party such as the AfD should have been, and might yet become, a party more like the old Christian Democratic Union of Helmut Kohl, able to assert Germany’s national interests today without temporizing about its terrible past. There are decent men and women in the AfD struggling with these issues. They have not yet succeeded.

The failure of the AfD to purge itself of the stink of the German past has cost it dearly. At the national level, it crested at 18 percent support last year, falling back to about 14 percent today. To a great extent it is a regional party, with strong support in the economically depressed provinces of the former East Germany and much lower support in the prosperous West.
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Le discours de Broder en anglais "Shalom everyone" et en allemand

Le blog auquel Henrik Broder collabore: Die Achse des Guten

Lire également
Henryk Broder, le Juif qui dit aux Allemands la vérité sur eux-mêmes…
De Marion von Dönhoff à Günter Grass: la longue tradition de nazification d'Israël en Allemagne

jeudi 7 février 2019

Arthur Koestler traité de "youpin" par un avocat de gauche à Paris en 1939


Se trouvant en France en 1939, Koestler veut se rendre à Londres, mais rencontre de nombreuses difficultés.  Il prend alors contact avec Jubert "jeune avocat de gauche, membre d'une quantité de comités contre les persécutions raciales".

Arthur Koestler (1905-1983), écrivain et journaliste hongrois:
"Je pris congé de Jubert. Alors que j'étais sur le seuil, il me rappela et me demanda, si je lui téléphonais encore, de le faire d'une cabine publique, car il soupçonnait mon téléphone d'être surveillé. Puis il dit un peu hésitant: "Il y a naturellement une chose que vous pouvez essayer: l'argent. Plusieurs youpins allemands du cinéma ont été relâchés des camps d'internement en corrompant des fonctionnaires de la Sûreté. Le tarif est de vingt mille francs et au-delà."

Je lui dis que je ne le ferais pas, premièrement parce que je ne possédais pas la somme, deuxièmement, parce que je pensais que c'était trop risqué.

"Bon, dit-il. J'ai toujours pensé que vous étiez un homme d'honneur". Et brusquement, il ajouta de sa manière emphatique, comme s'il s'adressait au jury dans un procès sensationnel: "Que Dieu vous protège sur votre route - et nous tous dans notre malheureux pays!"

Revenant à la maison, je méditais sur l'expression "les youpins allemands" qui m'avait particulièrement choquée sur les lèvres de Jubert. Certainement, moi aussi je haïssais cette détestable clique installée dans les cafés et les bars des Champs-Elysées qui était principalement responsable de l'animosité profonde répandue contre les exilés allemands, mais un aryen affairiste du cinéma n'était-il pas aussi dégoûtant? Triste symptôme que ce jeune avocat de gauche, membre d'une quantité de comités contre les persécutions raciales, soit frappé lui aussi par la contagion générale.

Une semaine plus tard, Jubert partit pour la ligne Maginot. Je me demande ce qu'il est devenu, mais je pourrais en dire autant de la plupart des personnes de ce récit. Sans la guerre, il serait devenu, en temps opportun, député, petit à petit, il aurait change son roadster sport contre une limousine noire, ses amis radicaux, pour des membres les plus rassis de la société, et son siège sur les travées de gauche au Palais Bourbon, d'abord pour un siège au centre, puis à l'extrême droite. Avec la guerre, s'il est encore vivant, il atteindra probablement le même but par un plus court chemin."

La Lie de la terre (Scum of the earth), 1941, récit des persécutions du gouvernement français contre les étrangers, en 1939-1940.

Koestler dédia La Lie de la terre à la mémoire de ses "confrères les écrivains exilés d'Allemagne qui se suicidèrent lorsque la France capitula", notamment Carl Einstein. Carl Einstein était un historien de l'art et un écrivain allemand. Son ouvrage La Sculpture nègre, paru en 1915, fit de lui le véritable découvreur de l'art africain en Europe et lui valut une invitation à enseigner au Bauhaus.

Ci-dessus, le portrait de Carl Einstein par Anita Rée, peintre d'avant-garde de la République de Weimar. Dénoncée comme juive, Anita Rée s'exila sur l'île de Sylt où elle se suicida en 1933.  Elle réalisa le seul portrait connu de Carl Einstein.
Autoportrait d'Anita Rée (1929)

mardi 5 février 2019

Le terrorisme en démocratie (Jean-François Revel)


Jean-François Revel (1924-2006), était un philosophe, écrivain et journaliste français:
"C'est l'injustice suprême du terrorisme que les régimes politiques où il est facile de s'y livrer sont ceux où il est superflu: les démocraties.

Le terrorisme y est superflu parce que les démocraties sont précisément les régimes où sont prévues des procédures d'opposition sans violence.  Mais le terrorisme y est facile parce que les démocraties sont également les seuls régimes qui ne peuvent se permettre, sans se détruire, de recourir au quadrillage policier et aux méthodes expéditives seules capables de prévenir ou d'extirper le mal."
Jean-François Revel, Le Terrorisme contre la démocratie, Pluriel, 1987; p. 65.

Lire également:
Jean-François Revel: La France n'a pas approuvé le voyage de Sadate à Jérusalem ni les accords israélo-égyptiens de Camp David

lundi 4 février 2019

Belgique : bientôt un pays sans Juifs?


Claudine Douillet @ Alliance:
Le grand rabbin de Belgique, Abraham Guigui, a déclaré après les attentats de Bruxelles qu'il n'y avait «plus de place pour les Juifs en Europe». Mais tout le monde a compris dans son pays qu'être juif et belge était devenu impossible. Parallèlement à la hausse impressionnante de l'alya - 287 départs pour Israël en 2015, un record - ou à la fuite massive des diplômés vers Londres, New York ou Montréal, les responsables communautaires n'ont qu'un mot à la bouche : « exode ». Les retraités eux-mêmes sont tentés par des destinations plus ensoleillées et surtout plus sûres.

Les mauvais signes s'accumulent. Dernier en date : on a appris que l'une des cibles - manquées - de l'attaque contre l'aéroport de Zaventem était le comptoir d'enregistrement des vols pour Tel-Aviv.

Dans le même temps, la conjoncture économique est encore pire qu'en France: les commerçants bruxellois ont perdu ces derniers mois entre 30 et 40 % de leurs chiffres d'affaires. La crainte du terrorisme qui impacte le tourisme ne suffit pas à expliquer le phénomène. La société belge est en voie de paupérisation accélérée.

Les jeunes Juifs, comme ceux qui résident dans les provinces hexagonales où le chômage est omniprésent, ont le sentiment que l'avenir est bouché s'ils ne prennent pas leurs valises pour des cieux accueillants. [Les jeunes juifs belges quittent leur pays natal à cause de l'antisémitisme]

Par ailleurs, la tuerie du Musée juif, en 2014, a traumatisé la communauté, qui compte encore 40 000 membres (pour combien de temps ?), alors qu'il n'y a quasiment plus d'élèves israélites dans les écoles publiques bruxelloises, où 1 habitant sur 3 ou 4, selon les estimations, est de confession musulmane - un cas unique sur le Vieux Continent. [Certains imams belges sont subventionnés afin de rappeler chaque vendredi que les Juifs sont des singes]

L'agglomération tout entière (y compris le centre-ville) ressemble à la Seine-Saint-Denis! Les rares établissements juifs sont pris d'assaut et les places manquent cruellement. Du coup, de nombreuses familles n'ont d'autre choix que d'inscrire leurs enfants dans des écoles privées chrétiennes, pour tenter d'échapper à un antisémitisme qui s'exprime encore plus librement qu'en France. Selon une étude émanant des services municipaux, 90 % des élèves scolarisés à Molenbeek, ce quartier marocain de Bruxelles d'où sont issus plusieurs djihadistes, approuvent l'action des terroristes inspirés par Daesh. […]

En 2015, un sondage a montré que 40 % des Juifs belges voulaient partir. Une proportion inégalée dans l'Europe contemporaine. Or, tout indique que ce nombre a encore augmenté depuis les récents attentats de Bruxelles. De surcroît, pas moins de 28 % des personnes interrogées déclaraient avoir été personnellement victimes d'antisémitisme au cours des mois écoulés.

La couverture médiatique de l'actualité proche-orientale est nettement plus orientée qu'en France. Les journalistes locaux, comme le personnel politique, sont très majoritairement anti-israéliens et cela crée une ambiance délétère, plus insupportable que dans l'Hexagone. [Presse belge: les Juifs empoisonnent les puits utilisés par les Palestiniens et Le Soir (Maroun Labaki) De Gucht a dit sur les Juifs ce que tout le monde pense tout bas 
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Lire également:
Nazification d'Israël et déferlement antisémite dans les rues de Bruxelles (2009)
Les commerçants juifs de Molenbeek à Bruxelles ont été chassés
L'ancien maire de Molenbeek a accusé les Juifs de vouloir nuire aux Musulmans (2008)

samedi 2 février 2019

Ukraine: hommage aux tueurs de Juifs Bandera et Petlioura et visite du président Porochenko en Israël


Tom Gross @ Mideast Dispatch:


Photos ci-dessus: des Juifs sont humiliés et battus publiquement avant d'être violés et abattus à Lviv (Lwow) par des alliés ukrainiens des nazis en juin 1941. Plus de 4 000 Juifs furent tués au cours de ce pogrom ukrainien qui dura deux jours.

Le Premier ministre israélien Netanyahou a été critiqué pour avoir déroulé le tapis rouge au président ukrainien Petro Porochenko, dont le parlement a désigné ce mois-ci l'anniversaire de Stepan Bandera, collaborateur du nazi ukrainien pendant la guerre, comme jour férié. Les forces de Bandera ont assassiné des milliers de Juifs pendant l’Holocauste. Le parlement régional de la ville de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, a déclaré 2019 "l'année de Stepan Bandera" et organisé des défilés aux flambeaux en son honneur - une démarche critiquée en Pologne, au Canada et en Israël, mais pas ailleurs.

Alors que Porochenko était en visite en Israël, un autre mémorial était érigé à Kiev à la mémoire de Symon Petlioura, dont la milice a assassiné 50 000 Juifs après la Première Guerre mondiale. Netanyahu n’a pas mentionné ces faits lors de la visite de Porochenko.


Lors des célébration du Nouvel An à Lviv et à Kiev (photo ci-dessus), des milliers de personnes ont célébré l'anniversaire de Stepan Bandera, dont les adeptes perpétrèrent le pogrom de Lviv de 1941 et massacrèrent des dizaines de milliers d'autres Juifs. Des politiciens ukrainiens rendirent hommage à Bandera à cette occasion. Ci-dessous, l'une des nombreuses fusillades à grande échelle de Juifs ukrainiens pendant la Shoah.



vendredi 1 février 2019

Joel Kotkin: Le déclin des communautés juives partout en Europe


"The erosion of the French Jewish community, as well as others, is not just a tragedy for that country, but for the world."

Joel Kotkin, expert en urbanisme et auteur de l'ouvrage The City, a Global History (R.C. Hobbs Fellow in Urban Studies at Chapman University in Orange and the executive director of the Houston-based Center for Opportunity Urbanism) - A shrinking Jewish world (2015):
Recent anti-Semitic events – from France and Belgium to Argentina – are accelerating the relentless shrinking of the Jewish Diaspora. Once spread virtually throughout the world, the Diaspora – the scattering of Jews after the fall of ancient Israel – is retreating from many of its global redoubts as Jews increasingly cluster in two places: Israel and the United States. 
Seventy years after the liberation of Auschwitz, Jewish communities throughout Europe are again on the decline. This time, the pressure mainly comes not from the traditional anti-Semitic Right but from Islamic fundamentalists, which include many European citizens. [Marc Knobel : "L’Europe va se vider de ses juifs. En France, 60 000 sont partis en dix ans"]
Not all this decline is attributable to attacks from Islamic militants. Demographic factors – intermarriage and low birth rates – afflict almost all Diaspora communities. 
But large-scale migration out of Europe is something not seen since the 1950s. In France, the nation with the largest Jewish population outside Israel and the United States, the outflow of Jews doubled in 2014, to 7,000, from the year before. The Jewish Agency is now drawing up plans to attract 120,000 more to Israel.

Overall, nearly 26,500 Europeans immigrated last year to Israel – a 32 percent increase from 2013. In Britain, a Jewish population of less than 300,000 has not grown for a generation. With recent polls showing close to half of all Britons holding some anti-Semitic views, a majority of British Jews now feel there is no future for them in Europe; one in four is considering emigration.
[…]

As one Jewish community after another has declined, the role of Israel has expanded. In 1939, most of the world’s 16 million Jews lived in Europe, and, even by 1945, barely one in five Jews resided in Palestine. Since then, the Diaspora population has dropped from 10 million to 8 million, while Israel now accounts for roughly 40 percent of the world’s Jews, according to the Jewish Agency. Overall, the United States and Israel account for 81 percent of Jews worldwide, compared with barely a quarter in 1939.

At the same time, Israel’s Jewish community will grow faster due to a birthrate twice as high as in most countries, including the United States. These trends confirm some of the predictions made a half century ago by the French sociologist Georges Friedmann in his provocative book, “The End of the Jewish People?” As Israel became stronger, more dominant and, more Middle Eastern in mentality, he suggested, Israeli identity would soon supplant that of the Diaspora. “The ‘Jewish people,’” he wrote, “is disappearing and giving place to the Israeli nation.”

This merging of Jewish and Israeli identities validates the Zionist vision of making Jews into a “normal” nation. Of course, Jewish communities would persist, particularly in the United States, as well as Canada and Australia. […]

Jews sometimes thrived in exile for awhile, but then faced expulsion, as occurred in England in 1290. The 1492 expulsion of the 200,000 Jews in Spain – for centuries arguably the most advanced center of Jewish culture – led them to Italy, Turkey and Muslim North Africa. Some of the Jews leaving France today are themselves on a grand circular route of return – descendants of people who may have been originally exiled from Palestine, first to Spain, then to the Muslim world, to France and now to Israel.

This history reveals why Israel remains vital to Jewish survival. But that does not mean we should dismiss the Diaspora as fundamentally tragic. The mingling of Jewish and other cultures helped create the earliest global financial networks, the development of “off the shelf” clothing and the Hollywood entertainment industry. Intellectually, the Diaspora created some of the world’s greatest minds, including Moses Maimonides, Baruch Spinoza, Karl Marx, Franz Kafka, Sigmund Freud, Albert Einstein, Andrew Grove and Saul Bellow. […]

Ultimately, maintaining the Diaspora may prove as important to Jews as the continued security of Israel. Without the Diaspora, Israel just becomes another nation, with its unique history but no real universal message. The universality of the Jewish experience grows not from the soil, but from culture and thought developed largely in “exile.” In this respect, the erosion of the French Jewish community, as well as others, is not just a tragedy for that country, but for the world.
Lire l'article complet @ Press Enterprise