dimanche 31 mars 2019

Régis Debray: Le Hamas est un mouvement "prêt à entrer en politique" (2008)


Anne Lifshitz-Krams, chargée de recherches au CNRS, auteur de La Naturalisation des Juifs en France au XIXe siècle - Le choix de l'intégration
Ainsi, parfois les mêmes qui voudraient éradiquer l'aspect "juif" d'Israël, n'ont  aucun état d'âme contre les partis "démocrates chrétiens" en Europe, et ils célèbrent les partis islamistes comme le Hamas ou le Hezbollah comme la victoire de la démocratie.   
C'est le cas par exemple de Régis Debray qui en février 2008, à son retour de "Terre Sainte", dit au Figaro qu'il est "rebuté par la remontée d'un nationalisme théologique [en Israël] qui fait revenir au premier plan l'archaïque et le tribal", mais qui dans une interview avec France 24, trois mois plus tard (en mai 2008), répond à Ulysse Gosset: "Evidemment qu'il faut parler avec le Hamas.  Ils ont été élus démocratiquement.  Vous allez me dire qu'ils ont une charte mais tous ces mouvements ont eu des chartes qu'ils laissent peu à peu de côté. Dire que le Hamas veut la destruction d'Israël me semble aujourd'hui insister sur un problème qui n'est plus d'actualité chez beaucoup de militants palestiniens de ce mouvement.  Ce mouvement est prêt à entrer en politique."
Et il ne viendrait à l'idée d'aucun d'eux d'écrire un tel article pour sommer le Pakistan ou tel autre état se définissant par sa religion ou par l'origine de ses habitants (par exemple l'arabité) de renoncer à cette définition." 
Source: Revue Controverses: Post colonialisme et sionisme, sous la direction de Shmuel Trigano, N° 11, mai 2009, p. 111

vendredi 29 mars 2019

Eric Hoffer: "Ce qui adviendra à Israël sera notre sort à tous"


Eric Hoffer
Eric Hoffer (1902-1983) était un philosophe américain - son premier livre, The True Believer, Thoughts On The Nature Of Mass Movements (Le Vrai Croyant), publié en 1951, est considéré comme un classique - il n'était pas juif:

"Les Juifs sont un peuple particulier: ce qui est permis à d'autres nations est interdit aux Juifs. D'autres nations expulsent des milliers, et même des millions de gens, et il n'y a pas de problème de réfugiés. La Russie l'a fait, la Pologne, la Tchécoslovaquie l'ont fait, la Turquie a expulsé un million de Grecs, et l'Algérie un million de Français. L'Indonésie a expulsé, Dieu sait combien de Chinois, et personne ne dit un mot au sujet des réfugiés. Mais dans le cas d'Israël, les Arabes déplacés sont devenus d'éternels réfugiés.

Tout le monde insiste sur le fait qu'Israël doit reprendre tout Arabe. Arnold Toynbee appelle ce déplacement des Arabes une atrocité plus grande que tout ce qu'ont commis les Nazis.


D'autres nations victorieuses sur les champs de bataille dictent les conditions de la paix. Mais quand Israël est vainqueur il doit supplier pour obtenir la paix. Chacun attend des Juifs qu'ils soient les seuls vrais Chrétiens sur terre.


D'autres nations, quand elles sont vaincues, survivent et se rétablissent, mais si Israël était vaincu une seule fois, il serait détruit. Si Nasser avait triomphé, l'été dernier, il aurait effacé Israël de la carte, et personne n'aurait levé le petit doigt pour sauver les Juifs. Aucun engagement pris envers les Juifs par quelque gouvernement que ce soit, dont le nôtre, ne vaut le papier sur lequel il est écrit.


Le monde entier s'indigne quand on meurt au Vietnam, ou quand deux noirs sont exécutés en Rhodésie. Mais quand Hitler massacra les Juifs, personne ne protesta auprès de lui.


Les Suédois, qui sont prêts à rompre leurs relations diplomatiques avec les Etats-Unis à cause de ce que nous faisons au Vietnam, ne bronchèrent pas quand Hitler massacrait les Juifs. Ils envoyèrent à Hitler du minerai de fer de première qualité, des roulements à bille, et assurèrent l'entretien de ses transports ferroviaires de troupes destinés à la Norvège.


Les Juifs sont seuls au monde. Si Israël survit, ce sera uniquement grâce aux efforts des Juifs. Et aux ressources juives.


Pourtant, en ce moment même, Israël est notre seul allié inconditionnel et fiable. Nous pouvons compter sur Israël plus qu'Israël peut compter sur nous. Il suffit seulement d'imaginer ce qui se serait produit, l'été dernier, si les Arabes, avec leurs soutiens russes, avaient gagné la guerre, pour comprendre à quel point la survie d'Israël est vitale pour l'Amérique, pour l'Occident en général.


J'ai une prémonition qui ne me quittera pas: ce qui adviendra d'Israël sera notre sort à tous. Si Israël devait périr, l'holocauste fondrait sur nous. "

LA Times, 26 mai 1968
Traduction française de Norbert Lipszyc

Source: Debriefing (Menahem Macina)

Lire également:
Jean-Claude Milner: "Autrefois, l’Europe se sentait encore redevable aux juifs exterminés"

Publié par Michael Ledeen @ National Review:

mercredi 27 mars 2019

Amazon: une centaine de livres négationnistes en vente sur la plateforme. Certains sont interdits à la vente en France


StreetPress
Des ouvrages négationnistes sont en vente libre sur Amazon France. La chercheuse Stéphanie Courouble-Share en a recensés près d’une centaine. Certains d’entre eux sont même interdits. 
Nuremberg ou la terre promise de Maurice Bardèche, l’un des fondateurs du négationnisme français; Le drame des juifs européens de son compère Paul Rassinier, collaborateur de l’hebdomadaire Rivarol depuis sa création en 1951; ou encore les écrits complets de Robert Faurisson. Voilà le type de livres que l’on peut trouver à la vente sur le site d’Amazon France. Le 18 mars 2019, la chercheuse française Stéphanie Courouble-Share s’en émouvait dans un post de blog. Selon le recensement de cette chercheuse, une centaine de livres négationnistes sont disponibles sur le site du géant de la vente en ligne. Certains sont vendus par des particuliers. D’autres directement par Amazon. «La plupart sont interdits à la diffusion publique», s’insurge-t-elle. […] 
En janvier 2019, elle s’attaque à la France. La chercheuse signale un premier livre à Amazon: L’Holocauste au scanner, du négationniste suisse allemand Jürgen Graf. Ce dernier est interdit en France depuis un arrêté du 19 décembre 1994. Il est immédiatement retiré de la vente. Sur sa lancée, elle décide de produire une liste d’ouvrages négationnistes disponibles à l’achat sur le site d’Amazon France. Liste qu’elle transmet finalement à l’entreprise. «Ils m’ont dit qu’ils l’étudiaient», explique-t-elle. Contacté par StreetPress, le service presse d’Amazon France n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. La plupart des livres sont toujours en ligne.
Lire l'article complet @ StreetPress (via CICAD)

Le blog de Stéphanie Courouble Share, Historienne, étude du négationnisme international

mardi 26 mars 2019

Le persécution des juifs d'Europe est toujours à l'ordre du jour en Europe (Jean-Claude Milner)


"Il ne faudrait pas oublier qu'en matière de persécution antijuive, [l'Europe] n'a pas besoin de l'Orient pour la pratiquer. On peut même se demander si elle ne s'apprête pas à devenir la principale créatrice, à l'échelle mondiale, des diverses formes de la bonne conscience antijuive."
Jean-Claude Milner, linguiste, philosophe et essayiste:
"- Le persécution des juifs d'Europe est-elle toujours à l'ordre du jour en Europe en général et en France en particulier? La réponse est oui.

- L'existence en Orient d'un État d'Israël militairement fort contribue-t-elle à accentuer cette persécution?  La réponse est oui.

- Sa disparition ou sont affaiblissement en Orient mettraient-ils fin à la persécution en Europe?  La réponse est non; au contraire, ils en accroîtraient l'intensité encore davantage.

-L'existence de l'État d'Israël militairement fort en Orient permet-elle, aux gouvernements et aux individus qui le souhaitent, de mieux résister, en Europe, à la persécution antijuive?  Il y a encore quelques années, j'aurais hésité et penché pour la négative; aujourd'hui, je réponds oui."

Considérations sur l'Europe, Éditions du Cerf,  p.p. 109-110.

Lire également
Jean-Claude Milner: "La question juive se rouvre à l’échelle de l’Europe entière"
Jean-Claude Milner: "Autrefois, l’Europe se sentait encore redevable aux juifs exterminés"
Le retour du "nom juif", avec Jean-Claude Milner (vidéo)


dimanche 24 mars 2019

Les théories du «complot juif» ont la cote en Suisse


swissinfo.ch
2018 a vu une augmentation des actes antisémites en Suisse romande. Et en Suisse alémanique, la rhétorique de guerre du prétendu «complot juif mondial» a de nouveau le vent en poupe
Durant l’année 2018, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) a enregistré 42 incidents antisémites en Suisse alémanique – sans compter les incidents en ligne. Dans le même temps, la CICAD a enregistré en Romandie 174 incidents antisémites, dont 64% provenaient des réseaux sociaux. […]

La Suisse, une île en Europe?

Dans son Rapport 2018 sur l’antisémitisme en Suisse romande, la CICAD se dit inquiète de cette augmentation. Cependant, «malgré deux incidents graves, l’antisémitisme en Suisse s’exprime heureusement encore de manière moins violente que dans les autres pays européens».

La FSCI le constate également: «Il est clair que la situation en Suisse diffère de celle de pays comme l'Allemagne ou la France et que l'antisémitisme y est moins violent».

En Europe, l’antisémitisme est nettement à la hausse. Un sondage mené sur tout le continent a montré que 38% des juives et des juifs interrogés envisageaient d’émigrer pour des raisons de sécurité.
Lire l'article complet @ swissinfo.ch (via CICAD)

vendredi 22 mars 2019

Le carnaval d’Alost, une sale blague belge qui continue à faire rire


Contexte: article de Jewpop - Le carnaval d’Alost, une sale blague belge

"[…] un char au doux fumet antisémite, figurant cette fois-ci des personnages sculptés aux nez proéminents, coiffés encore une fois de Shtreimels, et aux papillotes parfaitement nattées. Il va sans dire que l’ensemble était décoré de "machines à sous", de souris et autres dollars, histoire de bien souligner aux spectateurs du défilé la vraie nature de ces personnages, le tout accompagné d’une chanson assortie de référence à la… Palestine."

Humour au féminin…

Malgré le scandale provoqué par le char carnavalesque (UNESCO, Union Européenne, CCOJB, CCLJ, CRIF etc), "la sale blague belge" continue de faire rire.  C'est le cas d'Evelien Gossye qui a gardé un très bon souvenir du défilé auquel elle a participé grimée en Juif et qui s'en réjouit sur son mur FB:


Madame Gossye porte un médaillon (ci-dessous) autour du cou qui évoque le juif roi de la cupidité.  Le roi juif porte sur son chapeau un diamant en guise de couronne.  Autour de lui rien que de l'or, de l'argent, des diamants.  Le Juif tient dans sa main droite un gros diamant en forme de cornet de frites.  Tout ça est tellement rigolo.  Détail piquant, Madame est une amie d'Els Keytsman, la directrice d'UNIA.



Peut-on rire de tout? Mais non.
"En 2005, des participants du carnaval d’Alost grimés en terroristes islamistes avaient provoqué des protestations de la Ligue arabe, qui avait alors envoyé une lettre à ses 22 ambassadeurs afin qu’ils interviennent auprès du gouvernement belge pour que cela ne se reproduise plus. Le ministre belge de l’intégration, Marino Keulen, se fendit alors d’une lettre d’excuses… Depuis, ni chars ni costumes caricaturant des musulmans n’ont parcouru la ville lors de l’événement, qui réunit régulièrement près de 80 000 personnes. Le contexte des attentats islamistes qui ont frappé l’Europe et la Belgique a sans doute calmé les ardeurs des participants du carnaval sur cette thématique explosive." (Jewpop)

jeudi 21 mars 2019

"Israel now looms large in India’s strategic consciousness"


Shairee Malhotra est chercheuse associée à l'European Institute for Asian Studies basé à Bruxelles.

Source: The Caravan (extrait):
Praveen Donthi: Modi, the National Security Advisor Ajit Doval and the internet Hindus in general, have in the past expressed their admiration for Israel's approach to dealing with security problems. Is Israel’s influence on India growing since Modi has come to power? Or is the difference only in optics, as it is more open now?

Shairee Malhotra: Yes, there are increasingly those within the wider Indian strategic community including think tanks, intelligence and military officials who believe that India can learn and benefit from Israel’s experiences and expertise, and that the two countries should collude on these. As I said, Israel now looms large in India’s strategic consciousness as a country that has the expertise to benefit India in its fight against terrorism. While the strategic relationship existed even before, PM Modi and PM Netanyahu’s visits to each other’s respective nations has allowed the same to come out of the closet. The vivid push and “[the] sky is the limit” bonhomie between the two nations since PM Modi’s advent to power has increased.

Having said that, this upward trend in India-Israeli relations would continue whichever government rules over New Delhi, and there is nothing negative or worrisome about this. It is pragmatic and interest-driven thinking, which is what drives international relations. However, what is disturbing is framing this pragmatic relationship in ideological terms which certain commentators and academics are doing.
Lire l'article complet @ The Caravan

mardi 19 mars 2019

89% des étudiants juifs de France déclarent avoir subi un acte antisémite


L'enseignement supérieur, reflet de la société, n'est pas un rempart contre l'antisémitisme. Un sondage Ifop fournit pour la première fois des chiffres éloquents.

89% des étudiants juifs interrogés affirment avoir été victimes d'au moins un acte antisémite (injure, agression, blague "potache" sur la Shoah, stéréotype) au cours de leurs études. "Dans un souci de coller au plus près de la réalité du terrain, nous avons comparé ces réponses à celles données par des étudiants non juifs. Or, 45% de ces derniers disent, pour leur part, avoir assisté à au moins un acte antisémite au cours de leurs études. Ce qui donne une idée de l'ampleur du phénomène", explique Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

Parmi les étudiants juifs qui affirment avoir été un jour victimes d'actes antisémites, seulement 1% déclarent avoir porté plainte, 8% ont procédé à un signalement auprès de l'administration de leur université ou école, 19% n'ont rien dit par peur de représailles et 58% ont tenté de régler la situation directement avec les personnes concernées. "Cela montre le décalage abyssal entre le discours officiel, qui proclame que tout acte antisémite doit faire l'objet d'une plainte, et la réalité du terrain", affirme Frédéric Dabi.
Lire l'article complet @ L'Express

lundi 18 mars 2019

Violence et antisémitisme à Utrecht (Pays-Bas)


Violence violence… Aujourd'hui à Utrecht:
"Au moins trois personnes ont été tuées dans plusieurs fusillades à Utrecht, un acte "potentiellement terroriste" selon les autorités. L'auteur présumé, un homme originaire de Turquie, a été arrêté." (Europe 1)
Antisémitisme antisémitisme…

Bad News from the Netherlands blog:
Le rabbin Aryeh Leib Heintz d’Utrecht a confié qu’il est quotidiennement confronté à des insultes antisémites.  
On le traite régulièrement de "pourriture juive" ou de "cancer juif" ("rotjood", "kankerjood").  
On fait le salut hitlérien  en sa présence. Des croix gammées ont été gravées sur sa porte d'entrée. Il a déjà été menacé avec une chaîne de vélo. Son fils a également été attaqué par un musulman ivre qui lui a crié "Ben Laden".  
Le rabbin Heintz évite certaines parties de la ville et se plaint régulièrement à la police, mais pas quotidiennement, car cela prendrait trop de temps.
Lire l'article (en néerlandais) @ Reformatorisch Dagblad

UPJF (2010): "Kankerjood", insulte à la mode
"Et on ne compte plus le nombre de fois où "kankerjood" (cancer juif), l’insulte « à la mode » est proférée, principalement par des jeunes d’origine musulmane. "Il y a effectivement des quartiers où il ne fait pas bon s’aventurer pour un Juif visible, et il arrive trop souvent que dans les écoles publiques, des élèves qui portent un nom juif soient pris à parti", concède rav Wolff, le Dayan d’Amsterdam." 
Lire également Antisémitisme aux Pays-Bas

Antisémitisme aux Pays-Bas

Des manifestants munis de drapeaux palestiniens ont tourné le dos au Grand Rabbin des Pays-Bas durant son oraison prononcée à la veillée en hommage aux 50 musulmans tués en Nouvelle-Zélande.

L’incident de dimanche est survenu alors que le rabbin Binyomin Jacobs évoquait la signification de la minute de silence observée place du Dam, devant un mémorial de la Seconde Guerre mondiale. Des milliers de personnes, dont des musulmans, étaient réunies sur la place pour rendre hommage aux 50 personnes ayant perdu la vie pendant la fusillade perpétrée dans deux mosquées et menée par un homme d’extrême-droite à Christchurch, en Nouvelle-Zélande.

Certains manifestants ont appelé au boycott d’Israël.

Quand Jacobs, du Grand-Rabbinat inter-provincial des Pays-Bas, s’est levé pour prendre la parole, plusieurs participants munis de drapeaux palestiniens lui ont tourné le dos. De nombreux Juifs néerlandais y ont vu une manifestation d’antisémitisme.

Lire l'article complet @ The Times of Israel

dimanche 17 mars 2019

Berlin déporte une terroriste palestinienne grâce à l'intervention de l'ambassadeur américain



Le gouvernement allemand a annulé un événement auquel devait prendre part une terroriste palestinienne reconnue coupable du meurtre de deux étudiants israéliens, à la suite d’un communiqué de l’ambassadeur des États-Unis, Richard Grenell, qui fut publié dans la presse allemande.

Le département de l’Intérieur de Berlin a annoncé dans un communiqué vendredi avoir interdit à Rasmea Odeh de s’exprimer dans la capitale et a annulé le visa qui lui avait été accordé. Les autorités allemandes ont déclaré que la terroriste devait quitter immédiatement l'espace Schengen composé de 26 pays européens.

Lire l'article @ Jerusalem Post (Benjamin Weinthal)

samedi 16 mars 2019

Le retour du "nom juif", avec Jean-Claude Milner (vidéo)


Akadem

Considérations sur l'Europe (Ed. du Cerf)
Le retour du "nom juif", avec Jean-Claude Milner (38 min)
P. Assouline - écrivain - J.-C. Milner - philosophe

vidéo
http://www.akadem.org/magazine/2018-2019/le-retour-du-nom-juif-avec-jean-claude-milner-08-03-2019-109051_4783.php

PLAN DE LA CONFÉRENCE
L'Europe a éteint les Lumières
Une unité fondée sur les camps de la mort (9 min)
Le retour du nom "Juif"
La hantise du citoyen israélite (8 min)
L'éternel vaincu devenu vainqueur
Israel, structurellement illégitime (12 min)
L'étude juive face à la prospérité
Malaise dans la civilisation européenne (9 min)

jeudi 14 mars 2019

Lauréat belge du concours négationniste de caricatures de Téhéran primé au Portugal

"Il ne faudrait pas oublier qu'en matière de persécution antijuive, [l'Europe] n'a pas besoin de l'Orient pour la pratiquer.  On peut même se demander si elle ne s'apprête pas à devenir la principale créatrice, à l'échelle mondiale, des diverses formes de la bonne conscience antijuive." (Jean-Claude Milner, linguiste)
Au Portugal, le premier prix du concours de caricatures PortoCartoon a été attribué au caricaturiste belge Luc Descheemaeker, l’un des lauréats du concours négationniste de Téhéran de mai 2016. Ce fait n'a aucunement gêné l'organisateur du concours, le Musée National de la Presse, " l'un des hauts lieux culturels de la ville de Porto", dont le président Luís Humberto Marcos a justifié la décision en qualifiant le dessin de de M. Descheemaeker de "travail artistique exceptionnel".  Il représente le président Donald Trump avec une face de caméléon et deux billets de dollars dans la gueule.

Pour l'historien Joël Kotek, professeur à l'ULB,  "le caractère négationniste" du dessin primé à Téhéran "ne fait aucun doute":


"[...] caricaturiste belge Luc Descheemaeker, l’un des lauréats du concours négationniste de Téhéran de mai 2016. Pour rappel, sa caricature figurait la célèbre inscription du portail d’Auschwitz «Arbeit macht Frei» sur le mur de séparation construit aux abords de la Cisjordanie par Israël. Le caractère négationniste de la vignette ne fait aucun doute pour assimiler la politique israélienne à celle de l’Allemagne nazie. Son dessin minimise grossièrement «c’est-à-dire à l'extrême et, par là même, de manière grave, outrancière ou offensante» les crimes nazis, au sens où le précisait en juillet 1996 la Cour d’Arbitrage (arrêt n° 45/96).

Qu’on s’en offusque ou non, la barrière de sécurité construite dans sa majeure partie sur la ligne verte séparant Israël de la (future) Palestine ne s’apparente en rien aux crimes nazis à moins de caractériser de nazis, pour cause de clôture de séparation, le Maroc (Sahara espagnol), l’Espagne (Ceuta et Melilla) ou encore la France et le Royaume uni (Calais).  […]
En nazifiant Israël, le dessinateur flamand ne caricature pas, n’exagère pas, ne déforme pas la réalité d’Israël mais l’invente, à l’instar d’un Dieudonné. Sa dénonciation d’Israël est politico-idéologique pour procéder du seul registre de l’indignation, propre aux dessins de presse nazis d’avant-guerre. […]
D’aucuns rappelleront, à la décharge de l’artiste, qu’il ne saurait être suspect de négationnisme pour avoir monté dans le cadre de son enseignement au Lycée catholique du Torhout deux spectacles intimement liés à la persécution des Juifs, Cabaret de Bob Fosse et Maus d’Art Spiegelman. Loin d’exonérer, ces deux initiatives sont plutôt à charge d’un dessinateur précisément au fait des tenants et aboutissants de la Shoah. Sa démarche n’en est que plus perverse puisqu’il sait pertinemment tricher avec la réalité historique (idée de dol général). On ne s’inscrit pas par hasard à un concours que l’on sait négationnisme et se féliciter ensuite sur son blog d’avoir remporté le prix spécial du jury.
Lire également à propos de Luc Descheemaeker:
- Antisemitic cartoonist named "cultural ambassador" for Belgian town
- Un lauréat du concours antisémite sur la Shoah d'Iran nommé 'ambassadeur culturel' en Belgique
- Un observatoire belge dénonce une caricature antisémite de Stephen Miller
Un dessinateur de BD à l'honneur lors du festival de caricatures sur l'Holocauste en Iran, est accusé d'avoir réalisé une caricature nazie du conseiller de la Maison Blanche
- Le président de la Knesset évoque au Parlement belge le lauréat belge du concours négationniste de Téhéran nommé 'ambassadeur culturel'...

mercredi 13 mars 2019

Le mot “Juif” perçu comme injure en Europe


Manfred Gerstenfeld (adaptation: Marc Brzustowski) @ J Forum:
Le mot “Juif” est revenu avec la force d’un boomerang, en tant qu’invective pour le grand public, en beaucoup d’endroits, en Europe. Aucun qualificatif supplémentaire n’est nécessaire. Pour nombre de gens, l’expression “Sale Juif” est devenue une tautologie.

A ses tous débuts, le mot “Juif” était juste un nom. Il provient du terme hébreu “Yehudi”, qui découle du nom biblique Yehuda- Judah (Judée). Le terme de Judaïsme provient de la religion des Yehudim. A l’époque où les héros chrétiens du “Marchand de Venise” selon Shakespeare faisaient référence avec insistance à Shylock, en le désignant comme “Le Juif”, il ne faisait, cependant, aucun doute que le terme était une invective, plutôt qu’une simple allusion à la religion du marchand[1].

Les connotations négatives du mot Juif ont été banalisées en Europe depuis des siècles. En France, dans le but de ne pas insulter les Juifs, depuis de nombreuses années, de nombreuses personnes ont appelé les Juifs des “Israélites” et les Juifs eux-mêmes l’ont fait. Un de mes collègues, quand j’habitais à Paris, parlait toujours des “Israélites” quand il voulait mentionner les Juifs. Je n’ai jamais pu parvenir à le convaincre que je ne me reconnaissais pas moi-même dans cette expression assez commune et que je me considérais comme un “Juif” en français.

Supprimer le mot “Juif” perçu comme péjoratif des sociétés européennes n’a pas été facile. Cela n’a pu être réalisé que partiellement et progressivement, après que les Allemands ont assassiné 6 millions de Juifs par toutes les façons imaginables les plus brutales que possible. A la fin des années 1970, un Juif Hollandais a traîné l’auteur du principal dictionnaire hollandais devant les tribunaux. Il se sentait, en effet, insulté par le fait que le dictionnaire définissait le terme Juif comme “une insulte ou une mauvaise réputation”.

Le dictionnaire listait aussi “vieux ou sale Juif” comme exemple de l’utilisation du mot Juif. Il mentionnait, en outre,l’usage métaphorique du mot “Juif” comme l’équivalent de “tricheur et filou”. Il y avait, de plus, une phrase servant d’exemple afin d’aider à clarifier l’expression: “Je n’aimerais pas acheter quoi que ce soit à un tel Juif”. Pourtant, l’auteur du dictionnaire à remporté le litige judiciaire devant le tribunal. 
Quoi qu’il en soit, le dictionnaire néerlandais a changé la définition lors des éditions suivantes[2]. Cette réalité n’a été que temporaire. Le CIDI, une organisation hollandaise qui combat l’anti-israélisme et l’antisémitisme classique a exprimé ses inquiétudes à propos de la dégradation du mot “Juif” dans son panorama 2016: “Ce terme est devenu “normal” parmi les injures proférées. Un exemple frappant est l’usage de l’insulte : “Kankerjood” (qu’on traduit par “Cancer-Juif”) criée contre la police lors d’une démonstration en face de et en soutien à l’Ambassade Turque[3]“.
Lire l'article complet

mardi 12 mars 2019

Norvège: un rappeur musulman profère une injure antisémite à un concert - pour la justice ce n'est antisémite


La justice norvégienne a décrété que l'expression "fuck the Jews" peut être considérée comme une critique d'Israël.  On peut donc en Europe insulter les Juifs devant des enfants et c'est juste du "fun" ou de la politique… (Elder of Ziyon)

JTA/TheTimes of Israël:
Un rappeur norvégien employé par la ville d’Oslo pour chanter à un évènement destiné à célébrer la diversité a insulté, en plein concert, la communauté juive, par les mots  "f***ng Jews".  
En réaction aux injures proférées vendredi par Kaveh Kholardi, le chef de la communauté juive du pays a menacé d’intenter des poursuites contre le chanteur âgé de 23 ans.  
Kholardi avait souhaité aux musulmans « Eid Mubarak », une formule en arabe échangée à l’occasion de la fête de l’Eid al-Fitr, qui a marqué vendredi la fin du ramadan, selon Dagen.  
Il a ensuite demandé si des chrétiens étaient présents, et a souri en entendant les acclamations. Puis il a demandé s’il y avait des Juifs et a ajouté "f***ink Jews… je plaisante". 
Christine Thune, la porte-parole de la municipalité d’Oslo, a déclaré au quotidien Verdens Gang que les organisateurs s’étaient plaints à Kholardi. Anne Christine Kroepelin a déclaré que « l’idée de l’événement était l’inclusion et la diversité » et que l’apparente expression d’antisémitisme de Kholardi était "à l’opposé de ce que les organisateurs voulaient promouvoir". 
Le 10 juin, cinq jours avant le concert, Kholardi avait écrit sur Twitter "f***ink Jews, ils sont tellement corrompus".
Lire l'article complet @ The Times of Israel

lundi 11 mars 2019

Pendant la Shoah les Juifs "ne défendent que leur existence physique ou leurs positions acquises, leur pouvoir, leur richesse" (Albert Béguin, 1943)


"En 1943, Albert Béguin, [directeur de la revue Esprit de 1950 à 1957] écrit un livre sur Léon Bloy qui est publié l'année suivante, au moment où la guerre n'est pas encore terminée. On est décidemment prolixe, en France, à cette période, pour ce qui touche à l'Ancien Testament, mais lu uniquement dans la perspective du Nouveau et selon l'optique qu'il fait valoir.  Comme si la guerre venait légitimer en quelque manière les interprétations les plus radicales - en l'occurrence les plus contestables -, en jetant le discrédit complet sur les Écritures juives, en s'en débarrassant sur un mode bien connu, puisque pratiqué de très longue date.  Dans ce texte qui commente abondamment Le Salut par les Juifs de Léon Bloy, on peut lire notamment des énoncés comme celui-ci:
Dans un monde qui a perdu la faculté d'entendre autre chose que les explications les plus matérielles, d'obéir à d'autres commandements que ceux de l'instinct brutal, les ennemis d'Israël poursuivent en lui un corps étranger qui les gênent dans leurs appétits, un concurrent de leurs avidités.  Mais ce qui est pire, sans doute, c'est que les victimes, oublieuses de leur grand destin et des Promesses faites pour le jour de leur "plénitude", ne défendent plus rien que leur existence physique ou leurs positions acquises, leur pouvoir, leur richesse.
Il est question également dans ce livre de "l'ignominie à laquelle le Peuple juif est descendu au cours des siècles modernes".  Bon nombre d'énoncés vont dans le même sens, notamment ceux qui évoquent l'extrême "abjection" des Juifs; les qualificatifs du même ordre ne manquent pas ici, comme s'ils n'étaient jamais assez forts pour stigmatiser et dénoncer ce qu'est, aux yeux de l'auteur, le principe du mal, un mal qui n'aurait fait qu'empirer avec le temps et auquel les circonstances donnent son véritable visage. [...]
[…] le fait que les "victimes" - entendons les Juifs européens dans la situation de 1943 - n'ont qu'une seule préoccupation, vouloir survivre à ce qui leur arrive, en oubliant leur être propre, en déniant ce qui est censé les constituer depuis toujours, une préoccupation présentée par cet auteur comme étant éminemment condamnable."

Jean-Michel Rey, Le Suicide de l'Allemagne, Sur le Moïse de Thomas Mann, Desclée de Brouwer, 2018, p.p. 209-211.

Georges Bensoussan écrit dans L'histoire confisquée de la destruction des Juifs d'Europe: Usages d'une tragédie:
"Albert Béguin qui notait dans la revue Esprit en 1946: 'Jamais l'histoire n'avait autant ressemblé à l'Ancien Testament'"

vendredi 8 mars 2019

Philippe Val: "L’indifférence à l’antisémitisme relève du suicide civilisationnel"


Causeur (juin 2018):
Elisabeth Levy: D'accord, mais puisque beaucoup de gens se posent la question: pourquoi cette obsession de l'antisémitisme? (Qu'est-ce qu'il y a avec les juifs?)

Philippe Val: Il ne viendrait à l'idée de personne de poser cette question à ceux qui se mobilisent pour la Palestine ou pour les réfugiés afghans.  L'antisémitisme a une histoire imbriquée dans l'histoire européenne.  Ce qui touche les Français juifs touche tous les Français, et, outre les crimes qu'il engendre de nouveau, il met en péril tout l'édifice démocratique des États de droit.  L'indifférence à l'antisémitisme relève du suicide civilisationnel.  Vous pourriez me poser la question ainsi.  Pourquoi vous inquiétez-vous de l'agonie des libertés?

mardi 5 mars 2019

Holocaust: Europeans remember and commemorate a crime that still lies beyond understanding


Mary Fulbrook, Reckonings: Legacies of Nazi Persecution and the Quest for Justice, Oxford

Christopher Hale is a non-fiction author and documentary producer. He is currently working on Deception, a new book about the German occupation of Hungary:
"There is a huge literature on the Third Reich and the explosion of state violence it provoked, first in Germany and then across Europe. The destruction of tens of millions of people culled from ethnic groups, above all European Jewry but also Slavs, Roma and Sinti and gay men and women, as well as members of political organisations considered enemies of the Nazi state, has come to define the historical narrative of the Second World War.

Just as pervasively, the collective memory of this paroxysm of state-sponsored mass murder shapes the moral universe of modern Europeans. Above all, the destruction of more than five and a half million Jews by the political agents of a modern European state has evolved into an ethical pivot that is consecrated in numerous state-sponsored and grassroots memorials, as well as by scores of new ‘Holocaust Museums’. To what end and why?

The many different acts of remembering and memorialising the Holocaust, inspired by the moral axiom of ‘Never Again’, have not prevented genocides unfolding in the Balkans, Africa and South-east Asia. To remember and memorialise seems tantamount to acting and thinking without effect or impact. Mary Fulbrook’s monumental book Reckonings makes a case for challenging the modern cult of memory and situates the rituals of memorialising in the context of the catastrophic failure of the postwar quest for justice in the successor states of the Third Reich. […]
The shabby history of postwar trials in the successor states of the Third Reich is not an unfamiliar story, but one of the most impressive achievements of Reckonings is to weave together a forensic account that exposes what was essentially a kind of legalised clemency which integrated most former Nazis into society while scapegoating just a few. As Fulbrook points out, the more efficient and murderous the persecution the less likely the success of prosecuting perpetrators, since so few witnesses survived. She concludes that the ‘Auschwitz’ and other trials held in both Germanies in the 1960s drew public attention to the Nazi system ‘but what they did not do was bring the vast majority of those who were guilty of mass murder and collective violence to any sort of justice’. And yet, in the aftermath of these deeply flawed trials, West Germany found ways to promote the fiction that the nation of perpetrators was ‘facing the Nazi past’ to secure a better international reputation. 
After unification, the leaders of the new Germany discovered that erecting much lauded and expensive gestures of memorialisation, such as the Memorial to the Murdered Jews of Europe, built in the heart of the new capital Berlin, could shape how the past of the nation of perpetrators is represented – and occlude the abject failure to enact justice. Reputational success, she insists, was at odds with the actual record of the courts. Fulbrook returns frequently to the most infamous and, in some ways, misunderstood site of the German genocide, the Auschwitz concentration camp. Today it is a crowded pilgrimage site. Why do so many come here? By demanding that we confront these troubling questions, she demonstrates that ‘reckoning’ remains a stubbornly incomplete and compromised task. This masterly book challenges the ways, seven decades after the end of the war, that Europeans remember and commemorate a crime that still lies beyond understanding."
Lire l'article complet @ History Today

Lire également:
Union européenne: un passé qui empeste (Ivan Rioufol et Philippe de Villiers)
et
Bruno Maçães: On continue de sous-estimer ce que fut Auschwitz



lundi 4 mars 2019

Taguieff: "La rediabolisation des Juifs s’est opérée sur la base de la diabolisation d’Israël et du sionisme"


Pierre-André Taguieff, chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS, France).:
Depuis la création de l’État d’Israël le 14 mai 1948, on a assisté à la lente réinvention d’une vision anti-juive du monde. La rediabolisation des Juifs s’est opérée sur la base de la diabolisation d’Israël et du sionisme, fantasmé comme sionisme mondial. 
Cette réinvention n’est pas réductible à un recyclage des traditionnels schèmes d’accusation visant les Juifs. Elle s’opère sur de nouvelles bases idéologiques, dont certaines sont étrangères à l’héritage anti-juif occidental et puisent dans la culture musulmane. 
S’il est vrai que les passions anti-juives se sont mondialisées, c’est avant tout parce qu’elles se sont islamisées. Avec cette transformation, impliquant une refonte doctrinale en même temps qu’un déplacement du principal foyer de l’hostilité antijuive, s’est opéré un ‘retour à la théologie comme justification, puis comme source de la haine des Juifs’ comme l’a noté (l’historienne israélienne, ndlr) Rivka Yadlin. Il s’agit désormais d’une théologie non plus chrétienne mais musulmane.

Lire l'article complet @ The Times of Israel

Lire également:
Le nouvel antisémitisme européen, par Ulrich Beck (2003)

vendredi 1 mars 2019

Procès Nemmouche: défense et indécence ("un abyme d’abjections")


Entourant Dieudonné, les avocats de Mehdi Nemmouche
à gauche Sébastien Courtoy , à droite Henri Laquay 

Willy Le Devin, envoyé spécial de Libération à Bruxelles:
Jeudi à Bruxelles, les avocats du suspect de l’attaque du musée juif de Belgique en 2014 ont continué à plaider l’innocence de leur client, persévérant dans le complotisme qu’ils développent depuis sept semaines. Ce deuxième grand procès de l’ère jihadiste contemporaine s’achève sur un profond malaise.

La dichotomie donne le vertige. Alors que des milliers de personnes se sont réunies à Paris il y a dix jours pour combattre l’antisémitisme, des avocats ont défendu, à quelques centaines de kilomètres de là, une thèse complotiste chimiquement pure dans l’enceinte d’une cour d’assises. Se le seraient-ils permis si les victimes de l’attentat jugé - en l’occurrence la tuerie perpétrée le 24 mai 2014 à Bruxelles, dont Mehdi Nemmouche est suspecté - étaient autres que juifs? Jeudi, au cours de plaidoiries grotesques, les conseils du terroriste présumé, Sébastien Courtoy, Henri Laquay et Virginie Taelman, ont plongé leur robe et leur serment dans un abyme d’abjections. Certes, la morale n’est pas l’apanage d’une bonne défense. Mais l’épilogue de ce deuxième grand procès de l’ère jihadiste contemporaine (après celui d’Abdelkader Merah, frère de Mohammed Merah), laissera dans les mémoires le souvenir d’un immense malaise. […]

Mais l’audience va virer au cauchemar pour les familles. Par une insidieuse inversion des rôles, la défense de Nemmouche n’aura eu de cesse d’instruire le procès de Miriam et Emmanuel Riva. Ces touristes israéliens, férus d’art, étaient à Bruxelles pour leur anniversaire de mariage. Par le passé, les époux ont tous deux effectué des missions civiles pour le compte du Mossad, le plus connu des services secrets de l’Etat hébreu. Mossad ? Une aubaine pour les avocats du jihadiste. Et surtout leur passeport vers la bêtise. Durant les sept semaines d’audience, toutes les ficelles du complot juif mondial ont été savamment tirées. Une attitude «déplacée, indécente» pour le procureur Bernard Michel, qui impose «aux victimes le poids de leur propre mort».
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