vendredi 12 août 2011

Reconnaissance du Groupe Bergson qui a milité aux USA pour le sauvetage des Juifs d'Europe

"La paix revenue, les notables, souvent membre de la gauche socialiste israélienne, ont eu leur revanche: l'activisme du groupe Bergson a été purement et simplement ignoré en sorte que ses membres n'ont pas été célébrés comme ils le méritaient."

"Les Juifs prennent l'histoire au sérieux et l'omission d'un fait constitue un dangereux précédent.  En outre, la correction d'une omission peut jouer un rôle utile à la communauté juive. Elle peut contribuer à apaiser les mauvaises querelles d'antan."

Source: Dr Eric Picard pour l'Agence Diasporique d'Information (ADI)

Durant la guerre, les notables juifs américains mainstream et les sionistes socialistes étaient irrités par l'activisme du «Groupe Bergson». Ce groupe militait et faisait du lobbying auprès du gouvernement américain à Washington afin qu'il engage une action déterminée pour sauver les Juifs menacés par les nazis. Il enrageait face à l'attitude des dirigeants sionistes qui abandonnaient les Juifs d'Europe à leur triste sort, considérant ne pouvoir gaspiller en leur faveur ni argent ni temps plus utiles à construire l'Etat juif.

Le groupe Bergson était composé de militants sionistes révisionnistes, proches de des milieux religieux orthodoxes et de l'Irgun. Ils ont organisé une marche de 400 rabbins vers la Maison-Blanche et publié des encarts publicitaires dans les grands journaux américains. En 1942, une page du New York Times indiquait: "For Sale to Humanity 70,000 Jews, Guaranteed Human Beings at $50 a Piece" pour illustrer le cynisme de la Roumanie qui offrait de sauver ses ressortissants Juifs pour autant qu'on paie leur voyage, ce que refusait l'Agence juive.  Les notables craignaient que ce type d'action n'aggrave l'antisémitisme.


Malgré cette opposition frileuse, les "Bergsoniens" sont parvenus à mobiliser suffisamment de parlementaires et de soutien public américain pour faire pression sur l'administration Roosevelt qui soutenait que sauver les Juifs européens était impossible. Début 1944, ils ont obtenu la création d'un département du gouvernement américain: le "War Refuggee Board" qui a joué un rôle clé dans le sauvetage d'environ 200 000 Juifs durant les 15 derniers mois de la guerre.

Toutefois, dès la paix revenue, les notables, souvent membre de la gauche socialiste israélienne, ont eu leur revanche: l'activisme du groupe Bergson a été purement et simplement ignoré en sorte que ses membres n'ont pas été célébrés comme ils le méritaient.

Ce n'est que cet été qu'un séminaire consacré au groupe Bergson s'est tenu à Yad Vashem, à l'occasion du 70e anniversaire de sa constitution.

Dans JTA, Rafael Medoff, directeur du David S. Wyman Institute for Holocaust Studies et organisateur du séminaire de Jérusalem, explique pourquoi il estime que cette reconnaissance est importante.  Pour l'historien, il s'agit tout d'abord d'une question de principe. Les Juifs prennent l'histoire au sérieux et l'omission d'un fait constitue un dangereux précédent.  En outre, la correction d'une omission peut jouer un rôle utile à la communauté juive. Elle peut contribuer à apaiser les mauvaises querelles d'antan.

Par ailleurs, Medoff souligne que le type d'actions de militants bergsoniens reste étonnamment approprié aujourd'hui. Selon lui, les gouvernements actuels qui sont peu disposés à abriter des réfugiés pourraient apprendre quelque chose de la campagne de Bergson. C'est pourquoi il invite les activistes juifs d'aujourd'hui à s'inspirer de cette histoire qui montre qu'il est nécessaire de répondre activement à l'oppression.

En conclusion, Medoff affirme que, dans une période ou le génocide et les menaces du génocide sont encore présentes, le but final des études sur la Shoah n'est pas simplement de renseigner sur le passé, mais est également de s'assurer que les erreurs du passé ne seront pas répétées.

Peter Bergson (Holocaust Encyclopedia, USHMM)

1 commentaire :

Unknown a dit…

Excellent article! Merci.
Je l'ai relayé sur mon compte FB. Shalom ham! Menahem