mardi 23 août 2011

Pour l'église protestante allemande Eichmann était un homme de coeur

Source: Spiegel (Protestant Church Said Eichmann Was 'Kind-Hearted')

Des dignitaires de l'église protestante d'Autriche et d'Allemagne sont intervenus auprès du gouvernement allemand en faveur d'Adolf Eichmann après son arrestation par des agents israéliens en 1961.

Le superintendant de l'Eglise protestante de Haute-Autriche, Wilhelm Mensing-Braun, installé dans la ville autrichienne de Linz où Eichmann était né, a adressé une lettre au département des affaires étrangères de l'Eglise évangélique allemande à Frankfurt indiquant que le meurtrier de masse "avait une personnalité fondamentalement décente", était "charitable", et était toujours "prêt à rendre service".

L'évêque Hermann Kunst, représentant de l'Eglise évangélique auprès du gouvernement de l'Allemagne de l'Ouest a transmis la lettre au ministère des Affaires étrangères allemand avec la remarque "digne d'intérêt".

Voir également: L'aryanisation de Jésus par les Chrétiens dans l'Allemagne nazie

2 commentaires :

prof a dit…

Cet article révèle l'indignité mais surtout l'arrière fond antisémite de l'église allemande même au lendemain de la seconde guerre. Fort heureusement que Nostra Aetate ai vu le jour lors du Concile Vatican II. Encore est-il qu'il reste une ombre de mystère en ce qui concerne le rôle que le Vatican joua lors de la seconde guerre. Ceci expliquant sûrement l'attitude plaisante de l'église évangélique allemande envers ce psychopathe qu'était Eischmann.

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Le recensement de 1925 apporta des chiffres sur l'appartenance religieuse de la population allemande. Sur un total de 65 millions de personnes, 40 millions se reconnaissaient dans la principale église protestante (l'Eglise luthérienne), 21 millions dans l'Eglise catholique romaine, et 620 000 dans d'autres confessions chrétiennes, en majorité protestantes. Si en 1933 la politique nazie sembla tolérer la traditionnelle autonomie des églises, il devint rapidement clair que cette situation, cet équilibre entre la religion et l'Etat, ne perdurerait que si les Eglises acceptaient la mise au pas - c'est-à-dire leur alignement sur l'Etat nazi - comme les autres secteurs de la société allemande.

Dans une tentative de mettre totalement au pas les croyants, il fut créé une nouvelle Eglise. Hitler nomma un "Evêque du Reich", Ludwig Mueller, qui prit la tête d'un mouvement "Chrétien allemand". Mueller tenta une synthèse de l'idéologie nazie et de la tradition protestante, et à faire la propagande d'une "église du peuple" appliquant les principes racistes nazis. En 1936 ce mouvement rassemblait 600 000 adhérents. Les dirigeants nazis tentèrent également de remplacer les fêtes chrétiennes par des célébrations grandioses de symboles paiens à la gloire du Parti. Le nazisme tenta également d'infléchir l'influence du clergé sur l'éducation religieuse dans les écoles publiques, et de détourner les activités et influer sur le contenu de l'enseignement des écoles religieuses.

En 1933, des membres du clergé créèrent la Ligue d'urgence des pasteurs, avec à sa tête le pasteur Martin Niemoeller. La ligue prit position contre la domination nazie de l'Eglise. En 1934, ses dirigeants fondèrent l'Eglise de la Confession, représentant une minorité de pasteurs protestants en Allemagne. Elle voulait résister à la coercition nazie et dénoncer le vide moral du mouvement pro-nazi "Chrétien allemand". L'Eglise de la Confession ne protesta pas, cependant, contre les politiques raciale ou sociale des Nazis. Même si un nombre très réduit de théologiens allemands - comme Dietrich Bonhoeffer - s'opposa au régime, dans leur grande majorité les dirigeants de l'Eglise protestante ne s'opposèrent pas ni aux actions ni aux législations discriminatoires de l'Etat.