"Vous avez dit illimitation. Jusqu’à une date relativement récente, l’Europe élargie avait une limite. En gros, l’Oural. Au-delà de ça, on pouvait avoir les meilleures relations du monde mais ça n’allait pas de soi, c’était autre chose. Maintenant, je crois que l’on peut dire très sérieusement qu’à partir du moment où l’appartenance européenne a été définie par des critères plus formels que substantiels: l’acceptation du libre marché, l’acceptation de la libre circulation des biens et des personnes, l’acceptation en gros de la démocratie, à partir de ce moment-là, il suffit d’une distance géographique pas trop importante pour y être inclus. Voir la Turquie, cas fort intéressant. Mais si l’on dit la Turquie, pourquoi pas l’Algérie? Pourquoi pas le Maghreb? Et si l’on dit l’Algérie et le Maghreb, pourquoi pas toutes les rives méditerranéennes? Et dès lors la question de l’État d’Israël se pose. Autrefois, dans la période où l’Europe se sentait encore redevable aux juifs exterminés, la relation entre Israël et l’Europe était naturelle. Aujourd’hui, les Européens considèrent que la guerre est terminée. Que c’est vraiment pour solde de tout compte. C’est comme cela qu’il faut lire par exemple les déclarations de reconnaissance de faute par quoi Chirac a marqué les débuts de son septennat. Ça peut se lire d’une autre manière, mais je pense qu’on peut le lire aussi comme la déclaration d’un solde de tout compte: la dette est reconnue, elle est close.Source
Aujourd’hui, l’Europe, globalement, considère que l’État d’Israël en particulier, que l’affirmation juive de façon plus large, est une figure de limite et que par voie de conséquence elle est structurellement en position d’obstacle à l’égard de ce mouvement d’illimitation qui est maintenant celui où l’Europe s’est engagée."
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