mercredi 28 mars 2012

L’antisémitisme et l’antisionisme "made in Belgique". M. Gerstenfeld/André Gantman

Signalé par JPD que nous remercions.  Nous ignorions totalement qu'André Gantman avait publié l'année dernire un livre sur l'antisémitisme...

Source: Lessakele (Manfred Gerstenfeld interviewe André Gantman)

"Pendant de nombreuses années, les images d’Auschwitz ont refoulé l’expression publique de l’antisémitisme. Cela dit, les arrière-pensées antisémites sont demeurées vivaces dans l’esprit de beaucoup. Comme c’est souvent le cas, partout ailleurs, l’antisémitisme et l’antisionisme font partie des pratiques courantes de beaucoup, en Belgique. On les trouve dans les attitudes des hommes politiques, des média, des unions syndicales, des universitaires, des ONG et ainsi de suite. Ceci est aussi vrai en Wallonie francophone qu’en Flandres néerlandophone.

"Les autorités belges subventionnent plusieurs organisations qui promeuvent un boycott économique et universitaire d’Israël. Elles comprennent des organismes internationaux comme le très catholique Pax Christi et l’organisation d’aide au développement Oxfam. L’auteur extrémiste anti-israélien Lucas Catherine – auteur du livre: Le Lobby Israël - prétend qu’il n’y a pas de lobby pro-palestinien en Flandres. Il a, en partie, raison, puisqu’il y a, essentiellement, un lobby anti-israélien qui passe son temps à diaboliser Israël."

André Gantman est un avocat juif. C’est un ancien échevin (conseiller) d’Antwerp, pour le compte du parti Libéral (VLD). Il a, récemment, écrit un ouvrage sur l’antisémitisme, intitulé The Split Conscience [1] [La conscience morcelée].

"L’Union Syndicale Socialiste (ABVV) est un initiateur essentiel d’anti-israélisme. L’ABVV veut exclure l’Histadrut israélienne de l’organisation internationale des unions syndicales. La manipulation est ici, facile à comprendre. Le Premier ministre socialiste belge, Elio di Rupo, est Vice-Président de l’Internationale Socialiste. Les partis des dictateurs tunisien et égyptiens, évincés du pouvoir, en étaient membres, jusqu’au soi-disant «Printemps Arabe». [M. Di Rupo a participé au défilé du 11 janvier 2009 à Bruxelles où l'on assista à un déferlement d'antisémite inouï.]

"On trouve des antisionistes radicaux parmi les personnalités politiques de nombreux partis. Eva Brems, députée du parti Vert flamand est l’une des plus extrémistes parmi elles. C’est une ancienne présidente d’Amnesty International, en Flandres. Il se passe rarement une semaine, sans qu’elle ne pose aux ministres des questions provocatrices avec une inclination clairement anti-israélienne.

"L’Université Libre de Bruxelles, d’expression française, est encore un autre centre principal de diffusion de l’antisémitisme. Jacques Brotchi, juif, professeur de médecine et Sénateur du Parti Libéral Wallon (MR) a démissionné du Conseil d’Administration de l’Université, l’an dernier, à cause de l’antisémitisme croissant qui y règne.

"En mars 2011, à l’Université d’expression flamande du même nom, s’est déroulée la semaine annuelle de Boycott d’Israël. L’Union Européenne des Etudiants Arabes était l’une des organisatrices d’une conférence d’Azzan Tamimi, un pilier des Frères Musulmans. L’administration de l’Université requérait qu’un orateur pro-israélien soit également invité à s’exprimer après Tamimi. Tamimi, qui soutient ouvertement le terrorisme et les attentats-suicide à la bombe contre Israël, a quitté les lieux juste après son propre discours. Quelques jours après, on a pu l’entendre s’exprimer sur Al Jazeera, contre la liberté et la démocratie. [M. Tamimi était également invité par l'Université Libre de Bruxelles]

"De temps en temps, l’antisémitisme musulman atteint des proportions aussi extrêmes qu’inquiétantes. En 2009, je me suis exprimé à l’Université d’Antwerp. Un jeune musulman, vêtu en djellaba blanche, m’a demandé: «Est-ce bien du sang humain qui coulent dans vos veines?». Sa tentative de me déshumaniser m’a vraiment rappelé l’idéologie nazie.


"L’antisémitisme se propage aussi au sein de la jeune génération de musulmans. Une étude, en 2011, du Professeur Marc Elchardus, de l’Université Libre Flamande de Bruxelles, démontre que l’antisémitisme musulman dépasse et de loin le harcèlement des autres étudiants, au sein des écoles d’expression néerlandaise à Bruxelles. Environ 50% des élèves musulmans nourrissent des sentiments antisémites. Concernant d’autres élèves, ce même taux reste de l’ordre de 10% [2]. Cette étude prouve aussi que l’antisémitisme est bien plus prégnant que les sentiments «islamophobes».

"D’une manière générale, les autorités belges sous-estiment l’attitude négative des Musulmans envers les Juifs. Par le passé, elles étaient obsédées par l’idée que critiquer ce genre d’antisémitisme, tout comme pointer du doigt l’extrémisme islamique encouragerait le racisme contre les musulmans. Par conséquent, la soi-disant «société multiculturelle» serait alors sérieusement mise en danger. En 2010, le Gouvernement Fédéral belge a organisé une table ronde sur le thème du multiculturalisme. D’après le rapport tiré de ces pourparlers, il est devenu évident que ceux présents cherchaient surtout à abandonner partiellement les valeurs fondamentales que les sociétés démocratiques ont chèrement acquises à travers des sacrifices douloureux, au cours des siècles.

"Les participants indiquaient que l’égalité entre les citoyens, la lutte contre le racisme et la xénophobie, l’égalité des hommes et des femmes ne constituent pas des valeurs absolues. Ils semblaient penser qu’on devait trouver un compromis, qui ferait place à d’autres valeurs découlant de l’idée fausse que les principes fondamentaux d’une société démocratique devaient s’adapter aux valeurs revendiquées par les nouveaux entrants, c’est-à-dire, les Musulmans. Ce n’est en aucun cas une surprise, une recommandation apparaissait aussi, visant à annuler la loi qui fait de la négation de la Shoah un délit punissable."

Gantman concentre aussi ses critiques sur les courants dominants du politiquement correct: "La plupart des antisionistes appliquent le «deux-poids deux-mesures». C’est devenu plus évident, à travers leurs réponses, lorsque le rapport Goldstone a été publié. Les propagateurs de haine envers Israël préfèrent, habituellement, regarder ailleurs lorsque des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité horribles sont commis dans de nombreux autres pays. Bien entendu, lorsque Goldstone a changé d’opinion en 2011, en faveur d’Israël, on l’a accusé d’être sioniste.

"Dans l’ensemble, on peut dire aussi que les média ont tendance à cogner sur Israël. Par exemple, très souvent, lorsque l’armée de l’air israélienne lance une action défensive contre les groupes armés à Gaza, il est rarement fait mention que les villes israéliennes se sont précédemment retrouvées sous le feu nourri des roquettes tirées de Gaza".

Gantman conclut : "Il y a une petite lueur d’espoir, cependant. La Ministre de la Justice, Annemie Turtelboom a, récemment, désigné un procureur spécial pour coordonner les actions de la police visant à lutter contre l’antisémitisme".

Le Dr. Manfred Gerstenfeld préside le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem. Il a publié 20 ouvrages
Adaptation: Marc Brzustowski

[1] André Gantman, Het Gespleten Geweten, anti-antisemitisch pamphlet, (Kalmthout: Pelckmans, 2011), Dutch.
[2] Nicole Vettenburg, Mark Elchardus, and Johan Put, eds., Jong in Brussel (Leuven, The Hague: Acco, 2011), 278. [Dutch]

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