mardi 13 mars 2012

Belgique: vilain rififi entre anti-sionistes au sujet de la Syrie

"Attaqué, une fois de plus, lâchement, par la mafia sioniste, je n'ai pas peur.  Et un jour la peur changera de camp et ce sont eux qui en auront à rendre des comptes." (Pierre Piccinin, professeur de lycée à Bruxelles)


C'est vraiment intéressant.  Le Belge complotiste Pierre Piccinin grand pourfendeur des sionistes et de leurs sinistres complots s'est fait éjecter sans ménagements par ses amis non moins anti-sionistes que lui du Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient (CCMO), "un cercle de réflexion et d’action ayant pour but de réunir les jeunes chercheurs spécialisés sur le Moyen-Orient", dont il était un des plus illustres collaborateurs.  Le fondateur de ce "cercle de réflexion" est un très grand "spécialiste de la question israélo-palestinienne" Stéphane Boussois (Université Libre de Bruxelles), pour qui Gaza est ni plus ni moins qu'un "mouroir". En fait le CCMO est un groupe de spécialistes en quête de reconnaissance dans un domaine très encombré et  dont l'originalité est de répéter ce qu'on répète depuis des lustres, c'est-à-dire qu'Israël est "un problème" pour l'Europe et pour le monde.

Aussi longtemps que Pierre Piccinin s'attaquait à l'Israël, aux sionistes, aux Juifs et à leurs complots tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes de ces experts. Jusqu'au jour où il a voulu faire son intéressant et son malin au sujet de la Syrie.  Les copains n'ont pas apprécié et la sentence est vite tombée: out et vite!  Hilarant, délirant:

Extraits repris du blog de Pierre Piccinin qui est interviewé par Jonathan Moadab, l'Incorruptible:

«En décembre dernier, le bureau du CCMO a lancé une procédure disciplinaire à l'encontre de Monsieur Piccinin, suite à la polémique créée par nombre de ses papiers. Monsieur Piccinin a été invité, à trois reprises, à se présenter devant le bureau pour défendre ses travaux. N'ayant jamais donné suite à nos convocations, menaçant le CCMO d'un recours en justice et ayant tenu des propos injurieux à l'égard de l'association, le Conseil d'administration du CCMO a voté son exclusion à la majorité. »

Pierre Piccinin évoque quant à lui d’autres motivations, à l’origine de sa radiation : entre autres, l’influence de deux membres du Conseil national syrien (CNS), aussi membres d’honneur du CCMO. Ces derniers n’auraient que peu apprécié le franc-parler de Pierre Piccinin sur la réalité du terrain en Syrie.  Un cas de censure, donc…  Aucun média français n’en parlera, ni le Canard enchaîné, ni non plus Médiapart, que nous avons pourtant sollicités. [...]

Pierre Piccinin, qu'est-ce que c’est, le CCMO, exactement? Et qu'attendiez-vous d'un tel cercle de chercheurs?
Le Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient a été mis sur pied à l’initiative de son président, Sébastien Boussois, jeune docteur en sciences politiques. Son but était de constituer un outil performant, pour, dans un premier temps, permettre d’aider les jeunes chercheurs à trouver leur marques; mais, à terme, le but était de créer un think tank sur le monde arabe, un centre de recherche indépendant et sans tabou. [...]

Je constate, hélas, que, en matière de tabou et d’indépendance, ma crainte s’est rapidement confirmée : la plupart des membres du CCMO, à commencer par le bureau directeur, se comportent en arrivistes rompus aux compromissions et utilisent cette structure pour promouvoir leur carrière. C’est de bonne guerre : la plupart des jeunes membres de ce cercle ont une carrière à faire et doivent donner des gages; mais c’est dommage. Ce qui a d’ailleurs entraîné la démission de plusieurs chercheurs déjà, assez déçus par cette attitude.


Et, en matière de compétence, de think tank, le CCMO, à peine créé, rejoint le troupeau des organisations de ce genre qui, comme me le disait tout récemment Moncef Marzouki, n’ont jamais rien compris au monde arabe et n’y comprendront jamais rien, car elles s’enferment dans des grilles de lecture préfabriquées par l’Occident, politiquement correctes surtout, et refusent toute remise en question.

Le CCMO est une structure assez récente. Elle n’est pas très connue et, en fin de compte, ma radiation par ce groupe n’a en soi que peu d’importance. Ce qui est proprement effarant, par contre, c’est la manière dont les choses se sont passées et, surtout, les motivations des membres administrateurs de ce cercle. [...]

C’est alors que le vice-président du CCMO, Jean-Baptiste Beauchard, jeune doctorant, attaché à l’Institut de recherche stratégique de l'École militaire (ceci permettant peut-être de comprendre cela, en France particulièrement), s’est déchaîné à mon encontre, m’accusant à mi-mots d’être un suppôt du régime. Sa réaction, épidermique, est due –je suppose- aux faits que, d’une part, mes observations contredisaient tout ce que lui et son père, le professeur Jacques Beauchard, professeur émérite de l'Université Paris XII, écrivaient et racontaient sur la Syrie, et, d’autre part, que, moi, je l’ai fait : j’y étais ; pas eux (c’est triste à dire, mais le fait que j’ai couvert tous les terrains du « Printemps arabe », exception faite du Bahreïn, a suscité assez bien de jalousie de la part de plusieurs collègues).

Les articles que j’ai publiés à la suite de mes séjours en Syrie on continué de m’attirer des inimitiés, et celle, notamment, du journaliste belge Baudouin Loos, qui fait la pluie et le beau temps au quotidien Le Soir, concernant tout ce qui a trait au Moyen-Orient, et a choisi une ligne éditoriale des plus simplistes concernant la Syrie. Au CCMO, on m’a expliqué que Baudouin Loos avait menacé de mettre un terme à la collaboration entre le CCMO et Le Soir, dans le cadre de l’organisation d’une conférence, vu que j’étais membre de ce cercle. On m’a fait comprendre que je devenais un problème et qu’il me fallait rentrer dans le rang ou quitter le cercle. A tout le moins me mettre un peu à l’écart du Conseil d’Administration, ce que j’ai accepté en donnant ma démission (et ce qui a ensuite été utilisé contre moi : on a justifié la procédure disciplinaire, notamment, au motif que je savais que mes écrits nuisaient au CCMO, puisque j’avais accepté de me mettre en retrait du CA - sic).

Ensuite, il y a eu les pressions de Salam Kawakibi, chercheur à l’université d’Amsterdam et sympathisant déclaré du Conseil national syrien. Je ne le connaissais pas et l’ai rencontré pour la première fois à Bruxelles, à l’Institut royal pour les Relations internationales (l’Institut Egmont), lors d’un séminaire: lorsque j’ai fait part de mon expérience en Syrie, il a éclaté, est devenu proprement odieux, et aucun débat scientifique n’a plus été possible ; l’esclandre a mis tous les participants mal à l’aise. J’ignorais qu’il était membre d’honneur du CCMO, qui m’en a informé, en m’apprenant aussi que Kawakibi avait menacé de démissionner du cercle si je n’en étais pas éjecté, imité en cela par Bassma Kodmani, directrice de l’Arab Reform Initiative et porte-parole du CNS en France, également membre d’honneur du CCMO.

Et, à ma connaissance, il y a encore eu la réaction d’un autre membre du bureau directeur du CCMO, Julien Salingue, doctorant à l’Université de Paris VIII. Pour moi, il est devenu le parfait exemple de cette bienpensance bobo: d’un côté, il s’insurge –et avec raison- contre les sionistes qui font déprogrammer un colloque sur l’apartheid israélien en Palestine, qu’il avait tenté d’organiser dans son université, et crie à l’atteinte à la liberté d’expression et de recherche; et, d’un autre côté, cela ne le gêne absolument pas de m’exclure et de me censurer sur le dossier Syrien. Salingue m’a écrit pour justifier sa position: il trouve intolérable qu’un de mes articles sur la Syrie ait été reproduit sur le site pro-Assad InfoSyrie et estime que «cela donne à réfléchir»; mais qu’y puis-je et en quoi suis-je responsable? Je n’ai fait que décrire ce que j’avais observé sur le terrain et tirer les conclusions qui s’imposaient. Si le Ministère de l’Information syrien reprend le papier, ce n’est pas de mon ressort. [...]

Ils ont été jusqu’à retirer du site du CCMO mes articles, qu’ils y avaient publiés après aval du comité de lecture pourtant. Je n’existe plus : mon nom a été martelé, effacé ; mes écrits sont censurés, c’est la mise à l’index.

Bref, concernant la Syrie, ils donnent les gages qu’on attend d’eux… Surtout dans la France sarkozienne, dont le gouvernement soutient les rebelles, y compris des mouvements salafistes pas très sympathiques et sûrement pas démocratiques. Car, en fin de compte, le CCMO, qui se voulait international, demeure très franco-français et, vu le climat de terreur qui règne dans les universités sur certains thèmes, on peut les comprendre…

Mais c’est en cela que cette affaire devient sérieuse, car symptomatique d’une réalité oppressante qui grève la recherche et empêche la bonne compréhension, en l’occurrence, du conflit syrien. [...]

D’une part, répondant à un courrier qui m’avertissait d’une procédure disciplinaire à mon encontre, je ne m’adressais pas «au CCMO», mais aux seuls membres du Conseil d’Administration, et ce, de manière très informelle, puisque je connaissais personnellement certains d’entre eux. Mais, surtout, en matière «d’insultes», voici ce dont il s’agissait : j’ai comparé à celles de l’Inquisition les méthodes mises en œuvre à mon égard. C’est tout. Aujourd’hui le bureau me le reproche en m’expliquant, avec le plus grand sérieux du monde, que l’Inquisition est une institution qui a tué des milliers de personnes et qu’il est donc intolérable que j’aie osé commettre cette comparaison. Quant aux «critiques»: j’ai supplié le CA de ne pas faire du CCMO, jeune structure porteuse d’espoir, un club de carriéristes prêts à donner tous les gages qu’on lui demanderait.

Comment vos collègues réagissent-ils ?
Pour l’instant, personne n’est encore réellement au courant. Si votre article sort dans la presse, je suppose que ça jettera un froid. Mais, connaissant les milieux académiques, chacun viendra certainement me taper sur l’épaule dans mon bureau et me faire part de son indignation, mais aucun ne prendra la plume pour dénoncer la méthode et, en public, tous feront semblant de ne pas me connaître. [...]


Je n’ai généralement pas peur de dire ce que pense, y compris sur des sujets délicats, comme la question israélo-palestinienne ou, en ce moment, les «révolutions» arabes."

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