jeudi 1 mars 2012

"Boycotter les Etats-Unis eût été préjudiciable à leur carrière"...



Cet article est republié alors que s'intensifie la campagne de BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) contre l'Etat d'Israël, et qu'est interdite la tenue à l'université Paris VIII du colloque "Des nouvelles approches sociologiques, historiques et juridiques à l'appel au boycott international : Israël, un Etat d'apartheid?". Un colloque soutenu notamment par Ivar Ekeland. [1]

Prospective 2100 organisait à Paris, il y a quelque temps [Nda : en 2002], un séminaire sur l'appel de scientifiques au boycott d'Israël, intitulé officiellement «moratoire de toute collaboration institutionnelle d'Israël jusqu'à ce qu'il soumette aux résolutions de l'ONU et entame les négociations de paix sérieuses avec les Palestiniens» (avril 2002). Coup de projecteur sur la démarche engagée et peu rationnelle d'Ivar Ekeland, professeur de mathématiques et signataire.

Comment un mathématicien éminent peut-il se fourvoyer dans une cause injustifiable et aligner approximations, voire contre-vérités ?

Muet sur le terrorisme visant les Israéliens, Ivar Ekeland, ancien président de Paris IX Dauphine explique: «Les faits sont graves: le malheur des Palestiniens - territoires morcelés, files d'attentes aux checks-points, châtiments collectifs -, l’absence de perspectives politiques, l'augmentation des violations des droits de l'homme dans le monde».

Comme s'il était juste qu'Israël soit puni pour tes malheurs du monde entier... Quand bien même il a eu droit à «deux rapports positifs d'Amnesty International en 2002» comme le susurre ironiquement M. Berkovier, Vice-Président de la Recherche et du Développement de l'Université Hébraïque de Jérusalem. Et M. Ekeland de poursuivre: «Il faut faire quelque chose. Chaque décision a des avantages et des inconvénients».

Ignorance, tautologie, illogisme et alibi
Pourquoi se focaliser sur le conflit israélo-palestinien? «Parce qu’on est impliqué dans ce problème-là », répond ce disciple de M. de la Palisse qui est plus exigeant avec Israël car nos valeurs sont communes». Les Palestiniens ne partagent-ils pas ces valeurs?

Cet «intellectuel engagé» caricatural s'abrite souvent derrière un fait déformé en occultant ceux qui le relativisent ou l'infirment. Exemple: pour se justifier, il avance le vote, le 10 avril 2002, d'une «résolution du Parlement européen demandant la suspension de l'accord d'association entre Israël et l'Union Européenne». Or, les gouvernants européens n'ont pas suivi le Parlement. En outre, suspendre ce traité revient à rétablir les droits de douane entre les parties et non à boycotter Israël.

Un boycott qui toucherait aussi les accords de coopération entre des universités israéliennes et palestiniennes.

L’ancien président de Dauphine ignore que de tels accords existent et qu'ils seraient affectés par un tel boycott. Il ajoute: «Nous avons établi une coopération avec l'Université de Bir Zeit». Fâcheuse coïncidence: cet établissement est hostile à toute collaboration directe avec «l'Etat sioniste».

Des traducteurs israéliens licenciés en Angleterre, un chercheur israélien interdit d’entrée dans un laboratoire français? M. Ekeland ne le savait pas, en est désolé, mais persiste.

Conseiller scientifique au Centre Abdus Salam (Trieste), Ekeland ponctue son discours de «on [les signataires] a pu se tromper». Ce qui dilue sa responsabilité et dénature son acte. Comme le remarque Gérard Huber, Président de Prospective 2100 et correspondant de Metula News Agency (Israël) à Paris, «ces signataires ont pris une décision politique, sans risque pour eux».

Il est certain que boycotter les Etats-Unis eût été préjudiciable à leur carrière...

Cet article a été publié dans le n° 765 (3 octobre 2002) d'Actualité juive.

[1] Il est clair que les intellectuels qui appellent au boycott d'Israël n'appellent pas au boycott des Etats-Unis parce que leur carrière ne pâtirait. Leur indignation est comme on sait sélective. Un des signataires est François Dubuisson, professeur de droit à l'Université libre de Bruxelles actif dans la trouvaille belge francophone: le fumeux tribunal Russell sur la Palestine- les dirigeant juifs belges préfèrent se faire discrets, mais le CRIF en a parle. (En 2011, François Dubuisson avait participé à l'Israel Apartheid Week à l'Université Libre de Bruxelles et il s'inquiète que le boycott d'Israël soit illégal en France.)

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