vendredi 23 mars 2012

Jusqu’au moment où tous seront la cible de la haine qu’ils avaient cru réservée aux seuls Juifs

"On continuera à fermer les yeux jusqu’au prochain crime dont on ne parlera que s’il est particulièrement odieux… jusqu’au moment où tous seront la cible directe de la haine qu’ils avaient cru réservée aux seuls Juifs.  Or, s’il y a bien une règle inscrite en lettres de sang dans l’histoire, règle qui se répète de manière absolument lancinante, jusqu’à la nausée: l’assassinat des Juifs annonce des massacres et des désordres de grandes ampleurs frappant toute la société." 

Emotion extrême et silence coupable, Sidney Touati pour Guysen

L’assassinat des écoliers d’une école Juive de Toulouse qui s’est produit ce lundi 19 mars 2012, a provoqué une onde de choc planétaire.  Cette émotion est somme toute normale. Le crime n’est-il pas l’un des plus horribles que l’on puisse concevoir? Tuer des enfants est monstrueux; tuer des enfants parce que Juifs cela dépasse l’entendement n’est-ce pas? Et pourtant, si l’on regarde les évènements d’un peu plus haut, que constatons-nous?

Que les mêmes faits ou des faits similaires, lorsqu’ils se produisent en Israël par exemple, laissent la communauté internationale dans une quasi- indifférence.  Des centaines de roquettes ont été tirées depuis le début de l’année sur le Sud d’Israël…leur cible? Les populations civiles et en premier lieu, les écoles. Qui en parle? Qui s’en offusque? Que des faits horribles lorsqu’ils se produisent en Afrique, laissent la communauté internationale de marbre…  [On remarquera que Catherine Ashton, avec le cynisme caractéristique de élites eurocrates, n'a pas eu un mot de compassion pour les enfants africains, par sa sollicitude envers les enfants palestiniens est proverbiale]  [...]

Or, que montre cet assassinat antisémite?  Que l’Europe n’est pas épargnée par ce qui se passe dans le monde. Que les Européens, les Français sont également directement concernés, touchés, par la violence qui déferle sur le monde.  Que le «deux poids, deux mesures» dans le traitement de la criminalité a des limites et que ces limites ont été franchies.

Et puis les Européens savent, ils y ont goûté, ils s’y sont vautrés, que l’antisémitisme est un poison mortel pour celui qui en est la victime certes, mais également pour celui qui en est le vecteur. Ils savent qu’ils ne sont pas vraiment guéris de ce mal que
comme le disait B. Brecht «Le ventre est toujours chaud d’où est sortie la bête immonde». Alors, lorsque le crime se commet sur leur sol, sous leurs yeux, quasiment en direct, ils éprouvent le besoin de se rassembler, de se purifier dans ces grandes messes nationales où ils oublient un temps leurs antagonismes obsolètes… Ils doivent se sécuriser, se convaincre qu’ils ne sont pas frappés par ce mal hideux qui a failli les conduire dans l’abîme lorsqu’ils avaient massivement choisi le nazisme comme guide.

Mais passés ces grands moments d’émotion, nul doute qu’on laissera se répandre le poison de l’antisémitisme… on continuera à ne pas voir que dans de nombreuses écoles de la République… être Juif est quasiment insoutenable; que les Juifs ne sont plus admis, ni sur les bancs de certaines écoles, ni dans les rues de certaines quartiers… qu’ils sont, dans certains cours, exclus de l’histoire… que les agressions contre les personnes et les biens Juifs sont devenus depuis une trentaine d’années, une donnée de base dans la criminalité de notre pays, ainsi que le montre la liste (hélas non exhaustive) que publie le Figaro dans son édition datée du 20 mars.

On continuera à fermer les yeux jusqu’au prochain crime dont on ne parlera que s’il est particulièrement odieux… jusqu’au moment où tous seront la cible directe de la haine qu’ils avaient cru réservée aux seuls Juifs.  Or, s’il y a bien une règle inscrite en lettres de sang dans l’histoire, règle qui se répète de manière absolument lancinante, jusqu’à la nausée: l’assassinat des Juifs annonce des massacres et des désordres de grandes ampleurs frappant toute la société.

De ce mal étrange qu’est l’antisémitisme on pourrait dire: «Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés…» (Jean de la Fontaine, Les animaux malades de la peste)

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Il s'agit de Sidney Touati