samedi 31 mars 2012

Toulouse: la tentation de la poudre aux yeux et de l'apologie

Source: Barry Rubin (France: here comes the whitewash)

Les meurtres de Toulouse devraient être un appel au réveil de la France. Il est vrai que les attaques contre des Juifs et des soldats français ont été perpétrés au cours de trois actes terroristes distincts. Néanmoins, ils s'inscrivent dans un contexte où des dizaines d'incidents antisémites se produisent quotidiennement en France et dans toute l'Europe. Une attaque de l'ampleur de celle de Toulouse peut attirer l'attention sur une tendance sociale plus vaste et dangereuse.

Ou bien elle peut être traitée comme un incident isolé. Rien à signaler, circulez braves gens, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Les terroristes d'Al-Qaida ne s'arrêtent pas tous les jours devant des écoles juives pour tuer des enseignants et des élèvres, n'est-ce pas? Dans le passé, on pouvait s'attendre à ce que les médias de masse proposent un débat sur la façon d'interpréter cet événement, mais maintenant trop souvent, c'est aux ils donnent un monopole à ceux qui jettent de la poudre aux yeux et aux apologistes.

La première phase consiste donc à présenter tout terroriste comme étant de quelqu'un de droite, ou un néo-nazi, ou un adversaire des politiques de gauche. Toutefois, si le terroriste est un musulman, ses propres explications - ses évocations d'interprétations dominantes de l'Islam et revendications d'un projet révolutionnaire - sont ignorées. Au lieu de cela il ou ils sont présentés comme des individus aux idées confuses, psychologiquement perturbés, victimes de discrimination; c'est-a-dire tout sauf comme des révolutionnaires motivés par une idéologie.

Dans ce cas de figure, Justin Vaïsse est peut-être le principal "expert" apologiste en France. Dans un article paru dans Foreign Policy, "La «nouvelle normalité» en France?" (The "New Normal" in France?), il présente Mohamed Merah, le terroriste de Toulouse, comme une sorte de raté ("sort of a sad sack character") qui cherche simplement à prendre son destin en main et à s'imposer comme le défenseur des musulmans opprimés en France. En d'autres termes, il est une sorte de fanatique auto-endoctriné doublé d'un super-héros qui combat le crime.

Pour ce qui concerne la France elle-même, l'antisémitisme est supposé être en déclin. Il n'y a pas de problème et peu d'attaques d'envergure contre les Juifs. Tout se passe donc très bien. Pas besoin d'opérer des changements, pas besoin d'exiger que les musulmans enseignent la tolérance et luttent contre les extrémistes dans leurs propres rangs, pas besoin de fournir une protection sécuritaire renforcée aux institutions juives. Et pas besoin non plus d'une réelle introspection sur la diabolisation constante d'Israël dans les médias français voire dans les écoles.


Est-ce que ceci est dégoûtant? Oui mais c'est également dangereux. Le sous-titre de l'article nous apprend que l'attaque de Toulouse est simplement "une version banale et en déclin de l'extrémisme" ("a banal and fading version of extremism").  Aux oreilles juives, le mot "banal" rappelle la célèbre phrase de Hannah Arendt sur la "banalité du mal" dans l'exécution de l'Holocauste, alors que le mot "en déclin" signifie que le problème va disparaître.

Le hasard veut que j'ai rencontré M. Vaïsse et discuté de ces questions avec lui à l'époque où il était conseiller du gouvernement français pour l'islam. Vaïsse venait d'écrire un livre où il expliquait qu'il n'existait pas de véritable problème politique concernant les musulmans en France. Le livre a été rapidement traduit en anglais et publié par un prestigieux centre de recherche de Washington.

Selon Vaïsse, les difficultés trouvent leur origine dans la situation économique et sociale. Le problème était que les musulmans étaient pauvres et mal traités. Si on remédiait à cette situation il n'y aurait pas de radicalisme, d'islamisme ou de terrorisme.

Je lui ai demandé: Si à l'heure actuelle on accepte votre thèse, quels sont les indices qui prouvent que la France est en mesure de résoudre les problèmes économiques et sociaux qui se posent? Il n'y a pas de bons emplois, il n'y a aucune perspective d'une amélioration des conditions de logement et d'un niveau de vie plus élevé. Les régulations gouvernementales découragent l'esprit d'entreprise. Donc, selon votre vision du monde, est-ce que les perspectives ne pointent pas vers davantage de radicalisation et de violence?

Il n'a tout simplement pas fourni de réponse sérieuse. Et notre entretien, je dois le préciser, a eu lieu avant la crise financière internationale actuelle et les émeutes de Paris. [Voir dans le Monde : A Saint-Denis, la révolte des mères contre la crise]

Mais ce n'est pas tout. Un confrère a demandé à Vaïsse quelles étaient les sources qu'il avait utilisées dans son ouvrage. Seules des sources en langue française, répondit-il. Etonné mon confrère répondit qu'on ne pouvait rien comprendre si l'on ne tenait pas compte des textes que les musulmans français écrivent et lisent. En fait, cette personne a ajouté qu'il y avait une librairie de langue arabe à cinq minutes à pied du bureau Vaïsse et que nous pourrions nous y rendre tout de suite et consulter les manuels scolaires radicaux et antisémites en vente. Ces livres, a ajouté mon confère, ne sont tout simplement là dans les rayonnages, ils sont achetés et utilisés. Vaisse n'a montré aucun intérêt pour cette proposition.

Pour Vaïsse, l'islamisme révolutionnaire n'est tout simplement pas un facteur important. Bien qu'il souligne à juste titre que personnellement de nombreux activistes musulmans français n'ont pas un comportement pieux (par exemple, ils boivent de l'alcool).  Mais là n'est pas la question. Pour eux, l'islamisme devient une forme de nationalisme ethnique qui justifie des actes anti-juifs et anti-français.

En outre, il ne s'agit pas d'un phénomène passager qui touche la "deuxième génération". Car au fil du temps, le radicalisme s'est transmis à la troisième génération dans les écoles islamiques, les mosquées et l'endoctrinement à la maison. En effet, la France et d'autres pays sont en voie de devenir des états bi-nationaux instables.

Par ailleurs, aux Pays-Bas-contrairement à la France- des groupes juifs ont protesté avec succès contre la vente de ces manuels scolaires ahurissants qui expliquent aux parents d'apprendre à leurs enfants que les Juifs personnifient un mal qui doit être extirpé. Le gouvernement néerlandais a ordonné que de petites bandes de papier blanc soient collées sur les passages offensants. Mon hôte me montra qu'avec un doigt on parvenait facilement à retirer ces bandes et qu'on pouvait continuer à lire des passages qui incitent au meurtre de Juifs.

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