jeudi 1 décembre 2011

Le puissant lobby saoudien aux Etats-Unis

Voir également: L'énorme influence du lobby arabe sur la politique des U.S.

Interview de Manfred Gerstenfeld avec Mitchell Bard

Les ennemis d’Israël ont constamment prétendu qu’un puissant lobby pro-israélien agissait, aux Etats-Unis, à l’encontre des intérêts américains. En vérité, le lobby israélien reflète l’opinion majoritaire du peuple américain, alors que le lobby arabe, peu connu, travaille largement à son insu pour saper les intérêts, valeurs et la sécurité des Américains.

“Les composantes de ce lobby sont hétérogènes. Un de ses maillons est constitué par les diplomates des 21 pays arabes et ceux d’un certain nombre de nations non-arabo-musulmanes. D’autres sont des contractants de la défense américaine, d’anciens responsables du gouvernement américain employés par les Etats arabes, des corporations ayant des intérêts commerciaux au Moyen-Orient, un certain nombre d’ONG des droits de l’homme et des Nations-Unies. A ceux-là, on doit ajouter de nombreux universitaires – principalement des départements d’études sur le Moyen-Orient – des membres des médias et de l’élite culturelle, plusieurs groupes chrétiens non-évangéliques, ainsi que des Arabo-musulmans – Américains. Mais, les plus puissants des lobbyistes arabes, et de loin, sont les Saoudiens».

Le Dr Mitchell G. Bard est Directeur exécutif de l’Entreprise Coopérative Américano-Israélienne (AICE). Il est aussi le Directeur de la Librairie Virtuelle Juive, l’encyclopédie en ligne la plus exhaustive au monde sur l’histoire et la culture juive. Bard a publié plus de vingt livres, le plus récent d’entre eux étant Le Lobby Arabe.

Il remarque : “Les lobbies arabes n’ont pas de soutien ayant des racines vraiment significatives. Par conséquent, ils fonctionnent d’une manière tout-à-fait différente de l’AIPAC, la principale organisation qui défend les intérêts d’Israël. Le lobby saoudien adopte principalement une «approche verticale ». Sa principale préoccupation est d’assurer que les têtes couronnées de la famille royale restent sur leurs épaules, aussi, lorsqu’ils proposent du bout des lèvres un service pour la cause palestinienne, c’est de la survie de la Maison des Saouds dont il est essentiellement question.

“Les Saoudiens ont, pour ainsi dire, des ressources financières illimitées, qu’ils utilisent pour récompenser d’anciens responsables, dans l’espoir d’influencer ceux qui sont encore en fonction. Comme l’a dit une fois le Prince Bandar, ancien Ambassadeur aux Etats-Unis, si les Saoudiens ont acquis la réputation de prendre soin de leurs amis quand ils quittent leurs fonctions, «vous seriez alors surpris du nombre de gens prêts à devenir de bien meilleurs amis encore, qui se bousculent à la porte du bureau!».

Les anciens responsables du gouvernement peuvent orienter les Saoudiens sur la façon de manipuler les décideurs politiques américains. Ils peuvent utiliser les contacts qu’ils ont développés tout au long de leur carrière politique pour obtenir un accès aux décideurs politiques. Comme les médias font souvent appel à eux pour commenter les problèmes au Moyen-Orient, en tant «qu’experts non-partisans», ils peuvent aussi agir en parfaits propagandistes saoudiens.

“Beaucoup de décideurs politiques américains pensent que les Etats-Unis dépendent des Saoudiens parce qu’ils régulent le marché du pétrole mondial. Ainsi, une relation faustienne s’est développée entre les deux pays. Les Saoudiens vendent du pétrole aux Etats-Unis, en échange de la protection américaine pour le régime saoudien. Les Saoudiens agissent aussi comme des trafiquants de drogue, en manipulant l’addiction, américaine au pétrole. Ils maintiennent les tarifs suffisamment hauts pour réaliser d’énormes profits, mais aussi suffisamment bas pour décourager les investissements significatifs dans les sources d’énergie alternatives.

Clark Clifford, qui était le conseiller politique de Truman, avait conscience que les Etats-Unis n’avaient aucun besoin d’entrer dans le chantage saoudien. Il a déclaré, en 1948 : «Les Etats arabes ont besoin d’empocher les royalties du pétrole, sans quoi ils vont droit à la faillite. Leur dépendance à l’égard des Etats-Unis est bien plus grande que la nôtre à leur égard».

Tout au long de l’histoire des relations américano-saoudiennes, les Présidents ont été en position d’exiger le soutien des politiques américaines en échange du parapluie sécuritaire qui maintient la famille des Saouds au pouvoir, mais ils ne l’ont pas fait. Même après que les forces américaines aient sauvé le Royaume au cours de la première guerre d’Irak, en 1991, le Président Bush a préféré ne pas demander le soutien saoudien lorsqu’il promouvait la paix entre les Palestiniens et Israël.

Non contents de miner les intérêts américains relatifs à la paix, les Saoudiens sapent les valeurs américaines en maintenant l’une des sociétés les plus répressives dans l’histoire du monde, qui applique des mesures discriminatoires contre les femmes, les Juifs, les Chrétiens et même sa minorité musulmane chi’ite.

“Les Saoudiens n’ont guère été plus aidants envers le Président Barack Obama, lorsqu’il a voulu promouvoir ses plans de paix. Ils n’ont pas daigné faire la moindre concession à Israël, lorsqu’il leur a demandé de le faire, ces dernières années. Il y a bien des exemples similaires si on remonte dans le passé. Le Président Jimmy Carter a demandé en vain aux Saoudiens de soutenir les accords de Camp David en 1978. Après cette rebuffade, il a quand même vendu des armes au Royaume.

“Les Saoudiens sont aussi, de bien des façons, des soutiens fervents du terrorisme. Bien avant le 11 Septembre 2001, l’Arabie Saoudite a été un des principaux financeurs de la campagne de terrorisme international de l’OLP. Cependant, les Etats-Unis préféraient regarder ailleurs. L’opinion publique américaine n’a jamais véritablement compris le rôle saoudien dans le terrorisme, jusqu’au 11 septembre. Puis, il est devenu clair que 15 des 19 pirates de l’air étaient Saoudiens. Comme on l’apprend de Wikileaks et d’autres sources, les Saoudiens sont en tête des soutiens du terrorisme. Et comme l’a déclaré Stuart Levey, le sous-secrétaire du Trésor en charge e la traque des réseaux de financements du terrorisme : «Si, en quelque sorte, je pouvais simplement claquer des doigts et faire disparaître le financement d’un seul pays, c’est celui de l’Arabie Saoudite que je choisirais».

“Le lobby saoudien travaille ainsi de bien des façons contre les intérêts américains. Plus on le révèlera en pleine lumière, mieux ce sera, autant pour les Etats-Unis que pour la démocratie en général».

Le Dr. Manfred Gerstenfeld préside le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem. Il a publié 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation Marc Brzustowski

http://lessakele.over-blog.fr/article-le-puissant-lobby-saoudien-aux-etats-unis-interview-de-manfred-gerstenfeld-avec-mitchell-bard-90234264.html

1 commentaire :

Monique a dit…

Il est évident qu'il existe un lobby pro-arabe et donc pro-palestinien aux Etats-Unis et en Europe. Mais seulement, les médias ne parlent que du lobby juif qui n'est pas juif d'ailleurs mais chrétiens sionistes (on en compte environ 50 millions aux Etats-Unis qui sont écoutés pour 5 millions de juifs, soit dix fois plus); en Europe, ces chrétiens pratiquants ou non comme moi sont presqu'obligés de se taire car il n'y a qu'une cause noble à soutenir ici : celle des palestiniens. Si vous êtes sionistes que vous soyez d'ailleurs juifs ou chrétiens, vous êtes racistes pour toute cette "intelligentsia" médiatico- politique et intellectuelle qui abonde en Europe et qui conditionne le peuple avec leurs discours pro-palestiniens.
Il n'y a que quelques blogs comme le vôtre où on peut s'exprimer.
Les arabo-musulmans nous tiennent grâce à leur pétrole et l'Occident a tort de ne pas développer les autres sources d'énergie : il s'en mordra les doigts.