lundi 12 décembre 2011

La gêne d’une partie de l’intelligentsia juive française à 'prendre le parti des Juifs'

Source: CRIF (Contribution d’Alexandre Jardin, lors de la Convention du CRIF, dimanche 20 novembre 2011)

En publiant en janvier dernier mon livre «Des gens très bien», j’ai pu constater la persistance effarante - et non masquée - d’une fidélité à Vichy, dès que l’on pose la question de la responsabilité directe de nos familles.

J’ai pu également ressentir la gêne troublante d’une partie de l’intelligentsia française - juifs compris - à «prendre le parti des Juifs»; comme si la neutralité seule était «de bon aloi». Comme si la prudence était de mise...

Depuis janvier, je suis donc de plus en plus sidéré par le fait que les antisémitismes divers acculent les représentants de la communauté à des propos «défensifs» et non... joyeux!

Plus personne ne s’enthousiasme publiquement pour le judaïsme français, pour ce qu’il apporte d’original à notre République. On n’entend plus qu’une parole craintive, repliée, comme s’il ne fallait pas formuler la chance inouïe que représentent pour la France un judaïsme qui doit rester heureux.


Il y a dans l’aventure juive - et singulièrement dans le judaïsme tricolore - un ferment inespéré de changement. Les enfants du Talmud sont éduqués pour être des êtres de changement, des hommes et des femmes questions, des frères et des sœurs du point d’interrogation. C’est incroyablement bénéfique pour la communauté française, disons-le! Avec un énorme sourire. En sortant définitivement le judaïsme de ses habitudes pudiques et de retrait. Dans une société de communication, c’est une erreur dangereuse!

L’antisémitisme sournois ou affiché - confondant si souvent Israël et la diaspora - ne doit plus conduire à une parole défensive, sans gaieté. [1]

Alexandre Jardin

[1]  Ca se passe ailleurs en Europe également.  Ceci vient d'arriver en Grande-Bretagne: MEP sorry for 'put pressure on diaspora' blog.  De retour d'une visite à Gaza avec l'UNRWA, le député conservateur Sir Robert Atkins avait demandé que la diaspora juive fasse pression sur le gouvernement israélien - imputant la responsabilité de la politique d'un gouvernement aux Juifs britanniques.  Il a fini par présenter des excuses.  Sir Robert avait également fait l'éloge du Hamas, le trouvant bien plus clairvoyant que l'Autorité palestinienne.  Et que Israël la manière d'agir des Israéliens envers les Palestiniens rappelait "la manière dont les Juifs européens furent traités pendant certaines périodes du siècle dernier". Ca prouve très bien que ce n'est pas seulement la gauche qui tient ce type de propos. S'il s'est excusé pour avoir mis en cause la diaspora juive, il n'a pas renié le reste de sa tirade.

1 commentaire :

prof a dit…

Bravo à Alexandre Jardin pour cette clairvoyance.