jeudi 19 avril 2012

La moitié des Allemands croit qu'Israël extermine les Palestiniens

La fondation Friedrich Ebert vient de publier le rapport Intolerance, Prejudice and Discrimination, A European Report, dont on connaissait déjà certains résultats.  On apprend que près de la moitié des Allemands estime qu'Israël extermine les Palestiniens.  Ce qui n'empêche pas Günter Grass et d'autres bonnes consciences et  intellectuels allemands de dire que les Allemands n'osent pas critiquer Israël. Il est vrai que la nazification d'Israël a commencé dès 1948 en Allemagne.  C'est plus que jamais nécessaire de le rappeler et en particulier à l'occasion de Yom Hashoah - le jour où Israël commémore les six millions de Juifs, dont un million et demi d'enfants, exterminés par l'Allemagne nazie.

Le pourcentage, très inquiétant, d'Européens qui sont d'accord avec la proposition qu'Israël est engagé dans une guerre d'extermination contre les Palestiniens est le suivant (la question n'a pas été posée en France). 

Allemagne: 47.7%, Grande-Bretagne: 42.4%, France: -, Pays-Bas: 38.7 %, Italie: 37.9 %, Portugal: 48.8%, Pologne: 63.3 %, Hongrie: 41.0 %.


Source: Guysen (L'antisémitisme gagne l'Allemagne, par Marie-Rose Granget, 16/03/2011)

Selon une étude réalisée par un think-tank affilié au parti Social-démocrate allemand, 47% des Allemands considèrent qu'Israël extermine les Palestiniens. Selon les résultats du sondage "l'antisémitisme en Allemagne se cache derrière la critique d'Israël".

Un think-tank affilié au parti Social-démocrate allemand a publié un nouveau rapport révélant un regain du sentiment antisémite en Allemagne, en Pologne et en Hongrie, ainsi que les différentes manifestations que prennent le racisme, l'homophobie et les préjugés au sein de huit pays européens.

Le Docteur Beate Küpper, chercheur à l'université de Bielefeld et co-auteure de l'étude de la Fondation Friedrich Ebert avec ses collègues Andreas Zick et Andreas Hoevermann, a déclaré que l'étude révélait la forte présence d'un ''antisémitisme lié à Israël et caché derrière la critique d'Israël''.

Elle a notamment qualifié ce regain d'antisémitisme en Allemagne"d'étonnant", puisque le pays avait organisé de grandes commémorations de l'Holocauste et des événements dans les établissements scolaires pour éduquer les jeunes allemands sur l'horreur de la Shoah.



L'étude, intitulée "Intolérance, préjugé et discrimination : un rapport européen", a été réalisée auprès de quelque mille personnes dans chaque pays de l'Union européenne choisi.

L'enquête s'est limitée à la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Italie, le Portugal, la Hongrie, la Pologne et la France du fait des restrictions financières et de la capacité qu'ont chacun des pays d'étudier le suivi des attitudes antidémocratiques.

47.7% des personnes interrogées en Allemagne ont ainsi estimé que la phrase ''Israël conduit une guerre d'extermination contre les Palestiniens'' était juste. Ce chiffre représente le résultat le plus haut enregistré parmi les pays d'Europe de l'Ouest.  L'affirmation relève d'une question typique utilisée pour sonder les attitudes concernant l'assimilation de la politique d'Israël à la campagne nazie d'extermination de la communauté juive.  Le Département d'Etat américain, ainsi que l'Union européenne, a définit la comparaison comme une expression moderne de l'antisémitisme.

Compte tenu du soutien tiède dont fait preuve la Pologne à l'égard d'Israël dans le cadre de sa politique étrangère, l'étude, qui a démontré que 63.3% des Polonais, interrogés pour savoir s'ils pensaient qu'Israël cherchait à anéantir les Palestiniens, apparaît ainsi tout à fait alarmante.

L'affirmation "Considérant la politique d'Israël, je peux comprendre pourquoi les gens n'aiment pas les Juifs" a recueillit 35.6% de soutien parmi la population allemande interrogée et 35.9% parmi les Britanniques ayant répondu au sondage. Aux Pays-Bas, 41.1% des sondés ont déclaré être d'accord avec cette affirmation et ils étaient 55.2% en Pologne, 45.6% en Hongrie, et 48.8% au Portugal.

Les chercheurs ont également demandé si "les Juifs essayaient de prendre l'avantage en mettant en avant l'argument d'avoir été des victimes sous l'ère nazie". Presque la moitié (48.9%) des Allemands interrogés ont répondu par l'affirmative, les Pays-Bas ont quant à eux enregistré le taux le plus bas (17.2%) alors que la Pologne a recueilli un résultat de 72.2%, la Hongrie 68.1%, la France 32.3%, la Grande-Bretagne 21.8%, le Portugal 52.2% et l'Italie 40.2%.

Interrogés sur les raisons animant l'antisémitisme – particulièrement en Allemagne où l'éducation sur le passé noir du pays et l'Holocauste a été effectuée de manière intensive – B. Küpper a affirmé que les facteurs expliquant l'antisémitisme n'avaient pas été analysés dans cette étude.

Toutefois, pour expliquer le décalage qu'il existe au sein de la République fédérale entre les commémorations de la Shoah et la haine croissante d'Israël, certains universitaires en Allemagne invoquent fréquemment la notion d'un "antisémitisme secondaire". Selon cette notion, les Allemands seraient atteints d'une culpabilité pathologique du fait de l'Holocauste et rejetteraient la faute du sentiment antisémite sur Israël dans l'espoir d'apaiser leurs complexes. Selon les promoteurs de cette théorie, cela permet d'expliquer l'acharnement contre Israël qui existe au sein de la presse allemande ainsi que les actions parlementaires visant l'Etat hébreu lors de l'incident du Mavi Marmara.

Une poignée d'universitaires allemands, dont le docteur Lars Rensmann, le docteur Matthias Küntzel, et le docteur Clemens Heni, ont enquêté sur ce phénomène d'antisémitisme secondaire dans leurs essais. C. Heni a ainsi déclaré que ''l'étude de la Fondation Friedrich Ebert était basée sur une soi-disant ''haine orientée vers un groupe''. C'est un concept grand public en Allemagne, introduit par Wilhelm Heitmeyer, il y a une dizaine d'années, visant à minimiser l'antisémitisme et à l'assimiler avec les sentiments de haine à l'égard de la population des sans-emploi, des homosexuels (…) et des étrangers''.

Selon lui, c'est un ''concept ridicule'' puisque ''par exemple, confondre l'antisémitisme avec la haine de l'Islam c'est obscurcir l'antisémitisme musulman et islamique. Nous avons un nombre croissant de Musulmans en Europe, alors que les Juifs (…) envisagent plutôt de quitter le continent du fait des incidents antisémites et de la culture politique basée sur la haine des Juifs'', continue-t-il.

Toujours selon C. Heni, "l'étude semble hésiter à traiter avec honnêteté le nouvel antisémitisme, qui est une composante de l'islam politique qui tente d'intégrer l'antisionisme en Occident'".

Il a notamment utilisé le terme "d'obsession létale", expression inventée par le professeur Robert Wistrich de l'Université hébraïque de Jérusalem, un spécialiste de l'antisémitisme, pour décrire ce qui différencie l'antisémitisme de la xénophobie et des autres formes de haine.

''Le nouvel antisémitisme se propage, a-t-il conclu. Cela n'est pas seulement le fait des néo-nazis. (Cela est également causé) par les principaux membres de la gauche au Parlement, les militants de gauche, les extrémistes musulmans et parfois les élites européennes elles-mêmes''.




L'hostilité des Allemands envers Israël bat tous les records

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Depuis 1945, l'histoire des Juifs d'Europe a cessé de suivre un cours particulier ; elle converge désormais avec celle des non-juifs, dont elle partage, pour le meilleur et pour le pire, le destin.

Or, les sociétés occidentales sont marquées, au premier chef, par une extraordinaire accélération du processus de sortie de la religion: transformations techniques, avancées de la science, amélioration du niveau de vie, bouleversements des moeurs et de la sexualité, tout concourt en Occident à défaire les liens religieux traditionnels. Un Occident largement déchristianisé est maintenant le terrain d'accueil d'une population juive en phase avec tous les aspects de la modernité.

Comment les diverses communautés juives européennes sont-elles travaillées par ces ferments de sécularisation ? Quelles réponses un judaïsme confronté en même temps au miracle de l'existence d'un Etat juif peut-il apporter à des questions devenues pressantes ?

En examinant tour à tour chacune des communautés européennes, y compris russe, depuis la guerre, Bernard Wasserstein affronte la plus redoutable question que les juifs puissent se poser : Quel avenir pour la Diaspora ?

Bernard Wasserstein a enseigné à Oxford, à Jérusalem, ainsi qu'à la prestigieuse Brandeis University aux Etats-Unis. Président du Oxford Centre for Hebrew and Jewish Studies, il est l'auteur de plusieurs livres sur l'histoire moderne des Juifs, dont The Secret Lives of Trebitsch Lincoln, qui lui a valu en 1988 le Golden Dagger Award. Le présent ouvrage a suscité une controverse considérable en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

http://assr.revues.org/2265