samedi 21 avril 2012

En 1968 Günter Grass craignait un Holocauste contre Israël perpétré par les Arabes

Ce texte publié en Australie prouve bien que, vingt ans après la Shoah - et même avant - le vent de l'opportunisme avait changé et que la gauche allemande avait déjà abandonné Israël et embrassé la grande cause palestinienne. Vingt intellectuels (seulement vingt), dont Günter Grass, se sont alors inquiétés "de l'Holocauste [...] qui était en cours de planification par les Arabes contre Israël". Entre-temps, le vent a aussi tourné pour Grass qui a rejoint le camp des anti-israéliens et de ceux qui diffusent des textes anti-Juifs.

Source: The Age (Australie): What must be said remains unspeakable, par Nick Dyrenfurth

Un an après la guerre des Six Jours israélo-arabe  paraissait en novembre de 1968 dans le magazine de gauche sioniste américain Jewish Frontier une "Déclaration commune de 20 représentants de la gauche allemande". Ils arguaient que la gauche "perdrait sa crédibilité dans l'avenir si, par sympathie unilatérale pour les Arabes, elle contribuait à un nouvel Auschwitz".

La déclaration condamnait l'incohérence qui consistait à "dénoncer la guerre de destruction perpétrée par les Américains contre la population du Vietnam alors qu'elle passait sous silence un Holocauste bien plus grave qui était en cours de planification par les Arabes contre Israël". Le grand intellectuel marxiste Ernst Bloch et l'écrivain Günter Grass étaient parmi les signataires du manifeste.

Alors que de nombreux gauchistes occidentaux abandonnèrent Israël, qui à la suite de la guerre de 1967 avait occupé la Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est, le Sinaï et le plateau du Golan, Günter Grass demeura pro-israélien et n'embrassa pas la cause palestinienne qui était une nouveauté à cette époque.  Environ quatre décennies plus tard, rares sont ceux qui décriraient le prix Nobel de littérature de 1983 dans les mêmes termes.

Le poème controversé Ce qui doit être dit, publié récemment dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, a brisé le reste de l'amitié qui pouvait encore exister entre lui et l'Etat juif. Grass a allégué que la puissance atomique d’Israël "menace la paix mondiale déjà fragile" et fustigé l'incapacité des Allemands à dénoncer Israël de peur d'être traités d'antisémites. Neuf strophes de poésie qui ont suscité un tollé mondial.

Il va de soi qu'un ancien membre des Waffen-SS (unité militaire nazie) doit exercer une extrême prudence en commentant ​​les actions de l'État-nation à l'existence duquel il a involontairement contribué. [...]

L'essentiel du débat suscité par le poème de Grass s'est centré sur l'équation entre la démocratie israélienne et la théocratie iranienne et la banalisation de la menace existentielle posée par le régime à Téhéran (dont le leader a menacé de "rayer" Israël de la carte). Or l'élément le plus répugnant de poème Grass est peut-être sa suggestion freudienne qu'Israël envisage une attaque dans le but de "détruire le peuple iranien".


Au mieux, Grass est coupable de chercher par opportunisme à faire parler de lui. Au pire, son attaque participe de l'antisémitisme classique à deux égards.

Premièrement, il répète les allégations concernant le comportement perfide et conspirationniste des Juifs qui leur permet de contrôler les gouvernements et les médias. Deuxièmement, Grass fait passer Israël comme l'auteur probable d'un prochain de génocide impliquant par là que les Juifs sont collectivement possédés par des intentions maléfiques.
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