mercredi 18 avril 2012

Leader socialiste belge instrumentalise la Shoah pour défendre les Musulmans

 Enfants à Auschwitz victimes 
des expériences de Mengele
La récente étude de la Fondation allemande Friedrich Ebert Foundation‏ confirme que de nombreux Européens estiment que les Juifs tirent cyniquement profit de la Shoah pour obtenir des avantages ("take advantage of having been victims during the Nazi era"): 49% des Allemands, 22% des Britanniques, 32% des Français, 17% des Hollandais, 52% des Portugais (il y a environ un millier des Juifs au Portugal!), 72% de Polonais et 68% de Hongrois le pensent. Ils sont encore plus nombreux à être convaincus de la rapacité et de la cupidité des Juifs... Or ce qu'on souligne rarement c'est que des non-Juifs banalisent et instrumentalisent sans vergogne la Shoah (l’extermination de 6 millions Juifs européens – dont 1.5 million d’enfants, curieusement l'extermination des Tsiganes n'est jamais évoquée) pour insulter des adversaires et pour lutter contre l'extrême droite, quand ce n'est pour attaquer les Juifs eux-mêmes et critiquer Israël. C'est ce qui vient de se passer en Belgique francophone.  Philippe Moureaux, historien (Université Libre de Bruxelles) et leader socialiste éminemment respecté et populaire, a accusé la RTBF qui, pour la première fois a diffusé un programme sur l'islam en Belgique assorti de quelques critiques, s'est empressé de déclarer que la RTBF avait "agi comme Goebbels l’a fait avec les Juifs". En 2009, Moureaux accusait les Juifs belges en ces termes: "A 20 ans, quand j'étais marxiste, je n'étais pas un grand partisan du droit à la différence. J'ai évolué. Et ce qui m'a fait basculer, ce sont précisément les conversations que j'ai eues avec des représentants de la communauté juive. Cela m'attriste, aujourd'hui, de les voir refuser ce droit à la différence pour les musulmans." [1]

La députée Viviane Teitelbaum (MR) a réagi aux propos de Philippe Moureaux.  Un texte juste et sans concessions (Quand Philippe Moureaux se sert de l’Histoire, il humilie la démocratie).

"Puisqu’il ne peut s’agir d’ignorance, il s’agit donc bien d’outrance: Quand Philippe Moureaux se sert de l’Histoire, il humilie la démocratie.

Joseph Goebbels
Le contexte à l’origine des derniers dérapages? Une émission de la RTBF «Questions à la Une» sur «Faut-il craindre la montée de l’Islam?» La réaction du Bourgmestre de Molenbeek, Philippe Moureaux, au travail des journalistes: «ils ont agi comme Goebbels l’a fait avec les Juifs». Alain Destexhe qui est interviewé dans l’émission sera qualifié sur un faux-profil de Facebook de «docteur Mengele sans frontière». Ce qui est redoutable ici et qu’il faut dénoncer c’est la banalisation d’un discours de nazification qui devient respectable. Car à force d’expliquer l’inexplicable, on finit par justifier l’injustifiable et par banaliser les discours négationnistes.

Port de l'étoile jaune obligatoire
Mais ce n’est pas nouveau. Le 11 mai 2006, la Ministre de la Justice, Laurette Onkelinx comparait le recensement des Imams au port de l’étoile jaune pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le dimanche 16 octobre 2005, lors du journal télévisé de RTL-TVI, à l’occasion des 25 ans du parlement wallon, le président José Happart, n’hésite pas à comparer le climat politique qui prévalait en Wallonie à celui qui exista dans l’Allemagne de 1933. Le 17 novembre 2005, lors l’organisation de la Bus Academy par la STIB, un membre de la Direction de l’Infrastructure des Transports Publics (DITP) de l’AED-MRBC, illustre le manque d’espace dans les bus en disant: «c’est comme les trains Auschwitz».


Quand un journaliste dénonce ouvertement un Imam qui tient des propos antisémites et insultants pour les femmes, il agirait comme Goebbels? Pourquoi? Qui était Goebbels? L’historien Philippe Moureaux le sait fort bien, c’est d’autant plus grave évidemment! Ministre à l’Education du peuple et à la propagande sous le 3e Reich de 1933 à 1945, son nom reste indissolublement lié à l’emploi des techniques modernes de la manipulation des masses et de la démagogie de propagande totalitaire. Joseph Goebbels était un proche d’Hitler, tout comme Goering, Himmler ou encore… Mengele. Son rôle est très important dans la mise en place de la dictature nazie et de la diffusion des mots d’ordre puisque c’est son ministère qui régente et censure toute la presse. Goebbels est constamment aux avant-postes dans la radicalisation du régime contre les Juifs qui mena aux camps de concentration, aux fours crématoires et à la mise à mort de 6 millions de Juifs sur le territoire Européen.

Mengele, quant à lui était un médecin nazi actif notamment au camp de concentration d’Auschwitz, où il a participé à la sélection des déportés voués aux chambres à gaz et s’est livré sur de nombreux prisonniers - surtout sur les jumeaux, mais aussi sur les transsexuels- à des expériences pseudo-scientifiques en leur injectant divers produits chimiques, par exemple. Il est connu sous le surnom d’«ange de la mort».

Il va de soi que notre situation politique n’a rien à voir avec celle de 1933, année où les nazis bâtirent des camps de concentration pour y enfermer les opposants politiques, les homosexuels, les handicapés, les Juifs et les tziganes. Les comparaisons abusives de José Happart cherchent à faire peur et nuisent au bon fonctionnement de nos institutions et aux sanctions prises à l’encontre de certains responsables politiques wallons qui se seraient alors rendus coupables de malversations. Elles dénigrent les hommes et les femmes qui sont engagés dans l’action politique ainsi que la presse qui fait son travail.

Quel rapport y –a-t-il entre les heures de pointe dans les transports en commun à Bruxelles en 2005 et les trains de la mort qui roulaient vers les camps d’exterminations ou de travail?

Quel rapport y a-t-il entre vouloir régulariser la situation des Imams en Belgique et le port de l’étoile jaune, rendu obligatoire pour les Juifs le 7 juin 1942? Cette brimade qui clôtura les mesures d’exception qui éliminèrent les Juifs de la vie économique et sociale rendait la persécution visible et déboucha le même mois sur la décision de commencer les déportations.

Fasciser un démocrate, un journaliste, en le comparant à un nazi, c’est faire insulte au débat démocratique, à la mémoire des victimes de la Shoah, à l’honneur des résistants à ce régime mais aussi à l’histoire de l’Europe.

Et cela débouche sur quoi? Par exemple, le dernier parmi beaucoup d’autres, hier un chirurgien orthopédiste bruxellois [au moins lui s'en est excusé] qui aurait tenu des propos antisémites, en pleine opération, envers l’un de ses stagiaires juifs. Il y est question de cri de ralliement nazi, d’allusion aux chambres à gaz.

Ces comparaisons sont inacceptables. On peut tout critiquer tant que l’on reste dans l’enceinte démocratique avec des mots justes pour qualifier des situations dans leur contexte actuel sans tomber avec excès et facilité dans des comparaisons regrettables qui débouchent inéluctablement sur la banalisation. Monsieur Moureaux, quand vous vous servez ainsi de l’Histoire, vous humiliez la Démocratie !

Viviane Teitelbaum
Députée, fille d'enfant caché"

[1]  En 2009, l'actuel Premier Ministre socialiste Elio Di Ruppo déclarait à propos de l'opération Plomb Durci à Gaza: "Et cette attitude [de la population juive] de sang-froid, ne pas avoir de remords, voir des écoles être anéanties et tous ces morts, c'est inacceptable, c'est totalement inacceptable". Et: "Il y a eu des milliers d'enfants, des milliers de femmes, des milliers d'innocents, des milliers de civils qui ont été tués."

Aucun commentaire :