vendredi 6 avril 2012

Tuerie de Toulouse: réaction à la «théologie de l’amalgame» de Florence Taubmann

En invitant à «témoigner que le Dieu auquel ils se réfèrent, qu’il se nomme Hashem (1), Dieu de Jésus-Christ, ou Allah, est le contraire d’un tueur», à quels tueurs pensez-vous, madame? Sont-ce les juifs ou les chrétiens qui massacrent depuis des décennies? – Non, bien sûr: c’est eux qui sont massacrés. Et au nom de qui le sont-ils? Pourquoi ne le dites-vous pas? – Au nom d’Allah.

Réaction à la «théologie de l’amalgame» de Madame Florence Taubmann, dans son éditorial sur la tuerie de Toulouse, par Menahem Macina

Madame le Pasteur.

Avec tout le respect dû à votre personne et à votre fonction, permettez-moi de vous faire part de ma stupeur attristée, suite à la lecture de votre éditorial du 22 mars, mis en ligne sur le site de l’Amitié Judéo-Chrétienne, dont vous êtes la présidente.

Ce qui m’a frappé d’emblée, c’est la cérébralité, quasi clinique, de votre propos.  En effet, on n’y trouve pas un mot de compassion ou d’émotion pour les victimes, juives autant que non-juives, de ce massacre.

Votre seule préoccupation, dans ce texte, c’est Dieu et la religion, que vous vous êtes donné pour tâche de défendre, dans cette affaire. En témoigne cette phrase qui ouvre votre éditorial :  «La tragédie qui vient de s’achever à Toulouse risque de faire apparaître à nouveau Dieu et la religion comme responsables de la haine entre les hommes.»

Après cette affirmation de principe, vous martelez, tel un professeur (que vous êtes, d’ailleurs) du haut de sa chaire :
- «Ce ne sont pas les religions qui tuent », mais « des individus ou des groupes».
- «Ce n’est pas Dieu qui commande de tuer. Ce sont les hommes qui projettent sur Dieu leurs fantasmes de puissance et de destruction.»

Ces affirmations abruptes mériteraient d’être nuancées, voire contextualisées. Mais le plus important n’est pas là. Il est dans l’amalgame que vous faites, avec, je n’en doute pas, la meilleure bonne foi du monde, entre les tueurs au nom de Dieu des trois religions monothéistes.

En invitant à «témoigner que le Dieu auquel ils se réfèrent, qu’il se nomme Hashem (1), Dieu de Jésus-Christ, ou Allah, est le contraire d’un tueur», à quels tueurs pensez-vous, madame?

Sont-ce les juifs ou les chrétiens qui massacrent depuis des décennies? – Non, bien sûr: c’est eux qui sont massacrés.

Et au nom de qui le sont-ils ? Pourquoi ne le dites-vous pas? – Au nom d’Allah.

En transférant dans le ciel empyrée de la théodicée et de l’histoire des faits religieux, un événement qui n’a rien à y faire, vous évitez – consciemment ou non – de vous interroger vous-même et de faire réfléchir vos lecteurs sur le véritable problème, à savoir: la croissance exponentielle du fanatisme religieux islamique, dont une actualité sanglante quasi quotidienne montre les conséquences terrifiantes à l’échelon mondial.

A mes yeux, votre propos ressortit à ce que j’appelle une «théologie de l’amalgame»

Certes, je comprends qu’en tant que professeure, vous vouliez prendre de la hauteur, mais le point de vue de Sirius (2) ne me semble pas le plus adéquat pour traiter sérieusement et en vérité de quoi que ce soit, encore moins des affaires de Dieu et de celles des hommes.

Est-il permis d’espérer que, dans un prochain éditorial sur le sujet ou sur tout autre connexe, vous vous souviendrez que vous êtes présidente d’une association d’Amitié judéo-chrétienne et non d’un quelconque cercle de réflexion interreligieuse, dans lequel il serait indécent de faire mention de l’horreur que cause l’assassinat d’un père et de ses deux enfants, qui se trouvaient être juifs?

Je vous en remercie par avance.

Menahem R. Macina
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(1) Formule juive, qui signifie «le Nom», pour éviter de prononcer le nom divin.
(2) Adopter le point de vue de Sirius, c'est regarder les choses de loin, de si loin qu'on n'a pas à prendre parti… (Repris du Blog «Belles plumes»).

Voir également: Amitié Judéo-Chrétienne de France et la tuerie de Toulouse: un éditorial décevant de Florence Taubmann

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