lundi 25 juin 2012

Shoah: 81 évêques français n'ont pas signé la 'déclaration de repentance', lue à Drancy le 30.9.1997

Source: Gilles-Michel Deharbe (Mettre les pendules à l'heure sans arrondir les angles)

La Conférence Episcopale de France a rédigé une "déclaration de repentance", lue à Drancy le 30.9.1997, concernant l'attitude de l'église catholique française sous Vichy, son "silence" sur les déportations de juifs, et l'antisémitisme qui a trop longtemps imprégné son enseignement ("la perfidie des juifs, le peuple déicide").

1. Le Monde et autres journaux cléricaux ont admiré béatement, en "oubliant" de préciser que seuls 30 évêques sur 111 ont accepté de la signer. On aimerait bien savoir pourquoi les 81 autres n'ont pas signé.

2. Dans Courrier International du 13.11.1997, on peut lire:

"Demander pardon est une simple formalité, une opération marketing. Ça fait bonne impression, et puis rien n'empêche, le cas échéant, de commettre à nouveau les actes pour lesquels on demande aujourd'hui pardon." (La Vanguardia, Barcelone) ainsi que:

"Mais ce qui ne convainc pas dans cette autoflagellation générale, c'est qu'elle n'a pas grand-chose à voir avec l'Histoire et que ce qui est présenté comme historique relève en fait de la morale et du politiquement correct de ce temps. [...] Ce fut [l'antisémitisme] un phénomène lié à un moment précis de l'Histoire, et chercher des responsabilités morales n'a aucun sens. Il appartient à l'histoire de la diaspora [...] Réduire toutes ces réflexions historiques à l'horreur des camps d'extermination nazis est sans doute une manière de se libérer des remords, mais n'aide pas à comprendre ce qui s'est passé ni pourquoi." (La Repubblica, Rome).

3. Le Monde a commencé à préparer "l'événement" dès le 21.9: L.M. Billé, président de la conférene épiscopale: "Il est temps que l'Eglise prenne en charge le péché de ses enfants." Jean-Paul II: "La considération des circonstances atténuantes ne dispense pas l'Eglise du devoir de regretter profondément les faiblesses de tant de ses fils." L'Eglise rejette la responsabilité sur "ses fils". Ce n'est donc pas le "Saint-Esprit" qui a inspiré pendant des siècles les traditionnelles prières contre le "peuple déicide" modifiées seulement vers 1965!


4. La déclaration débute ainsi:  "Evénement majeur de l'histoire du XXième siècle, la tentative d'extermination du peuple juif par les nazis pose à la conscience des questions redoutables [...]."  [...]

5. Les "silences" de l'église sont un bel euphémisme.

Citations: le cardinal Gerlier: "Travail, Famille, Patrie, ces trois mots sont les nôtres." Ou encore le 31.8.1940 rendant compte d'une réunion de l'assemblée des cardinaux et archevêques de France, il déclarait:

"Des dispositions graves seront sans doute décidées prochainement contre les juifs. L'existence d'une communauté juive internationale peut obliger un état à prendre des mesures de protection au nom même du bien commun. [...] il peut paraître légitime de la part d'un Etat d'envisager un statut légal particulier contre les Juifs (comme l'avait fait la Papauté à Rome). Mais ce statut doit s'inspirer des règles de la justice et de la charité." (Cité par le Nouvel Obs, 25.9.1997 et l'ouvrage de H. Fabre cité ci-dessous).

Le cadinal Baudrillart en juin 1941 approuve "la noble entreprise commune dirigée par l'Allemagne, susceptible de délivrer la France, l'Europe, le monde des chimères les plus dangereuses [le communisme]. Voici les temps d'une nouvelle croisade."

La défaite de 1940 a été considérée par La Croix comme une punition justifiée contre la laïcité instaurée en France en 1905 (cf les tirades contre "l'école sans Dieu"; je renvoie le lecteur au chapitre 6, pp. 194-268, du livre de H. Fabre recensé ci-dessous qui comporte de très nombreuses citations dans ce style; voir aussi Golias no 56 "L'Eglise sous Vichy, la Sainte collaboration").

C'est donc à tous les Français, et pas seulement aux juifs, que les évêques auraient du demander "d'entendre cette parole de repentance", pour complicité avec les nazis (pas toujours seulement par "silence", cf. le témoignage de l'abbé Glasberg sur Gerlier dans Golias no 56 ou H.Fabre, op. cit.) mais pour soutien idéologique au régime de Vichy, et ceci jusqu'en 1944 (hommage au milicien Ph. Henriot, tué par la Résistance, par Feltin, archevêque de Bordeaux, le 1.7.1944, lors de ses funérailles solennelles ).

Lire la suite ICI.

Aucun commentaire :