1513, les Juifs à la merci des Marocains et des Portugais

Lors de la conquête d'Azamor par les Portugais en 1513, les Marocains se sauvent en abandonnant les Juifs à la merci des conquérants portugais connaissant parfaitement le péril qu'ils couraient.  C'est Manuel 1er (1469-1521) qui avait rompu avec la politique de tolérance traditionnelle de la monarchie portugaise en forçant en 1496 les Juifs soit à se convertir soit à quitter le royaume. Ce fait historique démontre la vulnérabilité des Juifs - peuple alors sans patrie - aussi bien chez les chrétiens que chez les musulmans.

Manuel 1er

«Le Roi de Portugal, qui n'avait aucun embarras, sachant ce qui se passait en Afrique, et voulant pousser avec vigueur la guerre contre les Mahométans de Fez et de Maroc, équipa une flotte dans le mois d'août. Il y fit embarquer seize mille fantassins, et plus de deux mille chevaux, avec de la grosse et petite artillerie, des munitions, des vivres et tout ce qui était nécessaire, et il en nomma général le Duc de Bragance son neveu, avec ordre d'aller prendre Azamor.

Ce Duc mit à la voile, et arrivé à Mazagan, il y débarqua toutes les troupes. Après qu'il les eut un peu laissées reposer, il partit avec elles en ordre de bataille le vingt-neuvième du même mois, et campa devant Azamor. Le lendemain les Portugais commen- cèrent à attaquer la ville avec valeur, et les principaux de ceux qui la défendaient, ayant été tués, sans que la cavalerie ni l'infanterie des Maures, qui étaient à la vue de la place, eussent oser branler, les autres prirent le parti de sortir de nuit de la ville.  Il n'y resta que les Juifs, qui en donnèrent avis au Duc à la pointe du jour, en sorte que les Portugais prirent sur le champ possession de cette place, où l'on trouva quantité d'armes et d'artillerie. Les soldats pillèrent les maisons des Juifs, mais le Duc fit restituer à ceux-ci tout ce qu'on leur avait pris.

Après cette conquête qui fut faite le deuxième jour de septem- bre, les habitants d'Almedine et de Tita furent également saisis d'effroi, qu'ils se rendirent tributaires du Roi de Portugal. »

Juan de Ferreras, Histoire générale d'Espagne: enrichie de notes historiques & critiques, de vignettes en taille-douce, & de cartes géographiques, Volume 8, traduite en 1751 de l'espagnol par Nicolas-Gabriel Vaquette d'Hermilly. (Source)