jeudi 3 novembre 2011

Victor Perez analyse la conférence de presse de de Gaulle sur les Juifs et Israël

"Les professeurs de machiavélisme n'ont jamais conseillé aux Princes de multiplier les signes extérieurs du cynisme."  - "[Les Israéliens] préférèrent le salut de leurs villes aux témoignages de compassion et d'estime que le général de Gaulle leur assurait, pour la prochaine conférence de presse, en contre-partie de leur docilité." - "La tromperie au service d'une grande oeuvre se pardonne aisément, inspire même parfois l'admiration; il n'en va plus de même lorsque l'objectif sent le pétrole  et que le renversement des alliances semble dicté par l'humeur, l'amour-propre blessé ou d'obscurs calculs." (Raymond Aron, De Gaulle, Israël et les Juifs)

Suite à notre message De Gaulle serait très fier de la France, Victor Perez nous a écrit: "En 2004 j'avais analysé le fameux discours de De Gaule (Figés depuis 37 années).  Un discours écœurant que les politiques français d'aujourd'hui, toutes tendances confondues, continuent d'appliquer à l'état d'Israël."  Elle nous semble pertinente et nous la reproduisons ci-dessous:

Le 27 novembre 1967, le Général de Gaulle -Président de la Vème république française de 1958 à 1969- a dessiné, par une conférence de presse dont nul n’ignore plus de nos jours "l’impertinence" d’alors des journalistes, un portrait du peuple juif et d’Israël que peu d’individus d’aujourd’hui ne qualifieraient pas, au mieux, de méprisant et d’arrogant.

Dans ce discours, publié ci-dessous, on y retrouvera presque tous les schémas du Juif :

- Celui par exemple du Juif "voleur" de terre, « acquises dans des conditions plus ou moins justifiables », qui reste de «tous temps (…) un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » avec une « ambition ardente et conquérante».
- Celui du Juif errant qui entretenait «la commisération qu'inspirait leur antique malheur» et accumulait de la sorte «un capital considérable d'intérêt et même de sympathie». Que ne feraient pas ces Juifs afin de tirer un profit permanent?
- Celui du Juif immodeste qui se refuse «à trouver avec leurs voisins un "modus vivendi" pacifique».
- Celui du Juif appartenant à un «Etat d'Israël guerrier» qui donnait à penser qu’il saisirait «toute occasion» afin d’agrandir le territoire qu’il avait acquis, on s’en souvient, «dans des conditions plus ou moins justifiables».
- Celui du Juif immodéré «à propos des litiges (…) ou bien des escarmouches qui opposaient périodiquement les forces des deux camps».

Après ces descriptions peu flatteuses, le Général en vient à ce qui le préoccupe vraiment.

A savoir «la politique d’amitiés et de coopération» avec le "monde arabe" «dont la raison et le sentiment font qu'elle doit être, aujourd'hui, une des bases fondamentales de notre action extérieure». Où l’on peut s’apercevoir de l’importance, déjà, du pétrole et de ses pétrodollars.


Bien que par sa voix, Israël «était un fait accompli», «le sort scandaleux des réfugiés de Jordanie, et (…la) menace de destruction prodiguée contre Israë » avait préparé le drame. Où l’on voit ici, qu’Israël est déjà blâmé pour le sort réservé, avant la guerre des six jours, aux réfugiés "palestiniens" par leur propres "frères" Jordaniens.

Le Juif  "fauteur de guerre", cela ne vous rappelle rien?

Ainsi, pour éviter ce drame, Israël a le choix entre une guerre préventive assortie d’une condamnation française, ou la menace d’invasion des troupes ennemies plus une promesse du Général de contrer, le cas échéant, l’objectif avoué d’éradication d’Israël. Promesse affirmée malgré les tensions du monde d’alors et malgré que «la guerre en Orient» risque «d'avoir les conséquences très malencontreuses pour beaucoup de pays».

Cela serait plus simple tout de même, si Israël se laisse envahir gentiment et si, par un fâcheux concours de circonstances, le Général ne peut tenir SA promesse.

On sait depuis, et toujours selon ce militaire, qu’Israël a atteint les «objectifs qu'il voulait atteindre» et qu’il organise «l’oppression, répression, expulsions» dans «les territoires qu'il a pris».

Mais les choses étant dorénavant ce qu’elles sont, «la France est d'avance disposée à prêter sur place son concours politique, économique et militaire».

Néanmoins, rien ne pourra se faire, «tant que l'un des plus grands des Quatre (les USA ndlr) ne se sera pas dégagé de la guerre odieuse qu'il mène ailleurs (au Viêt-Nam ndlr)».

Ah! L’impérialisme américain!!! A la lecture de ce texte, on peut affirmer sans se tromper, que -sous le soleil français du 21ème siècle- le mercantilisme est toujours de vigueur.

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Conférence de Presse du Général de Gaulle
le 27 novembre 1967

L'établissement, entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque-là, l'établissement d'un foyer sioniste en Palestine et puis, après la Deuxième Guerre mondiale, l'établissement d'un Etat d'Israël, soulevait, à l'époque, un certain nombre d'appréhensions.

On pouvait se demander, en effet, et on se demandait même chez beaucoup de Juifs, si l'implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n'allait pas entraîner d'incessants, d'interminables, frictions et conflits.

Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tous temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles.



C'est pourquoi, indépendamment des vastes concours en argent, en influence, en propagande, que les Israéliens recevaient des milieux Juifs d'Amérique et d'Europe, beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l'établissement de leur Etat sur le territoire que leur avaient reconnu les Puissances, tout en désirant qu'ils parviennent, en usant d'un peu de modestie, à trouver avec leurs voisins un "modus vivendi" pacifique.

Il faut dire que ces données psychologiques avaient quelque peu changé depuis 1956 ; à la faveur de l'expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître, en effet, un Etat d'Israël guerrier et résolu à s'agrandir. Ensuite, l'action qu'il menait pour doubler sa population par l'immigration de nouveaux éléments, donnait à penser que le territoire qu'il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps et qu'il serait porté, pour l'agrandir, à utiliser toute occasion qui se présenterait.

C'est pourquoi, d'ailleurs, la Vème République s'était dégagée, vis-à-vis d'Israël, des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet Etat et s'était appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le Moyen-Orient.

Bien sûr, nous conservions avec le Gouvernement israélien des rapports cordiaux et, même, nous lui fournissions pour sa défense éventuelle les armements qu'il demandait d'acheter, mais, en même temps, nous lui prodiguions des avis de modération, notamment à propos des litiges qui concernaient les eaux du Jourdain ou bien des escarmouches qui opposaient périodiquement les forces des deux camps.

Enfin, nous nous refusions à donner officiellement notre aval à son installation dans un quartier de Jérusalem dont il s'était emparé et nous maintenions notre ambassade à Tel-Aviv.

D'autre part, une fois mis un terme à l'affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d'Orient la même politique d'amitié, de coopération, qui avait été pendant des siècles celle de la France dans cette partie du monde et dont la raison et le sentiment font qu'elle doit être, aujourd'hui, une des bases fondamentales de notre action extérieure.

Bien entendu, nous ne laissions pas ignorer aux Arabes que, pour nous, l'Etat d'Israël était un fait accompli et que nous n'admettrions pas qu'il fût détruit. De sorte que, on pouvait imaginer qu'un jour viendrait où notre pays pourrait aider directement à ce qu'une paix réelle fût conclue et garantie en Orient, pourvu qu'aucun drame nouveau ne vînt le déchirer.

Hélas ! le drame est venu. Il avait été préparé par une tension très grande et constante qui résultait du sort scandaleux des réfugiés de Jordanie, et aussi d'une menace de destruction prodiguée contre Israël. Le 22 mai, l'affaire d'Akaba, fâcheusement créée par l'Egypte, allait offrir un prétexte à ceux qui rêvaient d'en découdre.

Pour éviter les hostilités, la France avait, dès le 24 mai, déclaré à M. Eban, ministre des Affaires étrangères d'Israël, que je voyais à Paris. " Si Israël est attaqué, lui dis-je alors en substance, nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative.

Certes, malgré l'infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisés, beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés, que les Arabes, je ne doute pas que, le cas échéant, vous remporteriez des succès militaires, mais, ensuite, vous vous trouveriez engagés sur le terrain, et au point de vue international, dans des difficultés grandissantes, d'autant plus que la guerre en Orient ne peut pas manquer d'augmenter dans le monde une tension déplorable et d'avoir les conséquences très malencontreuses pour beaucoup de pays, si bien que c'est à vous, devenus des conquérants, qu'on en imputerait peu à peu les inconvénients."

On sait que la voix de la France n'a pas été entendue.

Israël ayant attaqué, s'est emparé, en six jours de combat, des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant, il organise, sur les territoires qu'il a pris, l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s'y manifeste contre lui une résistance, qu'à son tour, il qualifie de terrorisme.

Il est vrai que les deux belligérants observent, pour le moment, d'une manière plus ou moins précaire et irrégulière, le cessez-le-feu prescrit par les Nations Unies, mais il est bien évident que le conflit n'est que suspendu et qu'il ne peut pas avoir de solution, sauf par la voie internationale.

Mais un règlement dans cette voie, à moins que les Nations Unies ne déchirent elles mêmes leur propre Charte, un règlement doit avoir pour base l'évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance et la reconnaissance réciproque de chacun des Etats en cause par tous les autres.

Après quoi, par des décisions des Nations Unies, en présence et sous la garantie de leurs forces, il serait probablement possible d'arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de la libre navigation pour tous, notamment dans le golfe d'Akaba et dans le canal de Suez.

Suivant la France, dans cette hypothèse, Jérusalem devrait recevoir un statut international.

Pour qu'un tel règlement puisse être mis en œuvre, il faudrait qu'il y eût l'accord des grandes puissances (qui entraînerait ipso facto celui des Nations Unies) et, si un tel accord voyait le jour, la France est d'avance disposée à prêter sur place son concours politique, économique et militaire, pour que cet accord soit effectivement appliqué.

Mais on ne voit pas comment un accord quelconque pourrait naître, non point fictivement sur quelque formule creuse, mais effectivement pour une action commune, tant que l'un des plus grands des Quatre ne se sera pas dégagé de la guerre odieuse qu'il mène ailleurs.

Car tout se tient dans le monde d'aujourd'hui. Sans le drame du Viêt-Nam, le conflit entre Israël et les Arabes ne serait pas devenu ce qu'il est et si, demain, l'Asie du Sud-Est voyait renaître la paix, le Moyen-Orient l'aurait bientôt recouvrée à la faveur de la détente générale qui suivrait un pareil évènement.

1 commentaire :

Monique a dit…

Le Général de Gaulle était en Angleterre de juin 1940 au 14 juin 1944, c'est-à-dire presque tout le temps de la guerre (il est rentré huit jours après le débarquement des forces alliés américaines, britanniques et canadiennes (il y avait une petite poignée de français). Il voulait se montrer en "vainqueur" à Paris, capitale de la France. Des résistants français (moins gradés que lui) sont restés sur le sol de France et y sont morts pour une partie d'entre eux. Alors ce que dit le Général de Gaulle, je ne l'entends pas.

Beaucoup d'hommes politiques (la quasi-totalité) se réclament de lui et ceux qui pensent le contraire n'ont le droit que de se taire (c'est ça la liberté d'expression à la française). Remarquez cette immense majorité de politiques sont comme leur modèle : prête à courber l'échine, par exemple devant le monde arabo-musulman et certainement prête à fuir s'il y avait une troisième guerre mondiale.
Je comprends qu'on puisse fuir (pas qu'on courbe l'échine) mais uniquement quand on n'est pas des dirigeants politiques ou militaires, c'est-à-dire lorsque qu'on n'a pas de poste de grande responsabilité. Ces messieurs doivent rester dans leur pays quelque soit les évènements : c'est leur travail et c'est pour cela que leurs électeurs (pas moi mais tous les autres, je ne vote pas ou vote blanc) les ont élus. On n'a jamais vu le capitaine d'un bateau quitter le navire lors d'un naufrage : il y reste le plus souvent jusqu'à la mort. Pourtant, il n'est ni un homme politique, ni un haut gradé, et les passagers du bateau ne l'ont pas élu comme capitaine.

Le combat en temps de guerre sur le terrain qui demande beaucoup de courage n'a pas été l'apanage du Général de Gaulle en 1940-1944. Les Juifs Israëliens font l'inverse : ils combattent même s'il faut mourir et ils ne veulent pas abandonner leur terre et fuir.
Je vous dis qu'il y avait une frustratuion immense chez cet homme : c'est impossible d'admettre qu'on n'est pas ce qu'on aimerait tellement être, c'est-à-dire, un vaillant combattant. Et si d'autres dirigeants ou peuples se comportent plus vaillament que vous, vous les attaquez en essayant de les abattre par des mots, non par des armes parce que vous n'en avez ni la force, ni le courage.