mardi 2 octobre 2012

Voyage en Eurabie: «Allah-Islam», un document exceptionnel de la télévision israélienne, Paul Landau

Voir également: New Israeli TV series Challenges Thinking on Europe’s Muslims
Manif antiisraélienne à Bruxelles
UPJF: La série de reportages diffusée ces dernières semaines par la 10e chaîne de télévision israélienne sous le titre «Allah Islam» est un document exceptionnel à plusieurs titres. Tout d'abord parce que le journaliste, Tzvi Yéhézkeli, a sillonné les capitales européennes et y a rencontré les habitants des quartiers à forte concentration musulmane, les prédicateurs des mosquées et responsables des associations islamistes, en se faisant passer pour un journaliste arabe palestinien. Il a ainsi mis en confiance ses interlocuteurs qui se sont confiés à lui en toute franchise. Le résultat est à la hauteur du sujet : captivant.

Mais au-delà même de cette prouesse journalistique, ce document est exceptionnel parce qu'il révèle au grand jour l'état de l'islamisation de l'Europe, sujet brûlant mais tabou sur le vieux continent, où il n'est abordé que par quelques chercheurs isolés, ou par des partis politiques, le plus souvent d'extrême-droite. Ce n'est pas un hasard si les observateurs les plus lucides de la nouvelle réalité socio-politique qui émerge sous nos yeux en Europe aujourd'hui – réalité que l'historienne Bat Yé'or a désignée par le néologisme d'Eurabia – sont pour la plupart des journalistes et des chercheurs extérieurs à l'Europe

C'était le cas du journaliste américain Christopher Caldwell, auteur d'une enquête très fouillée sur l'islamisation de l'Europe parue en 2009 sous le titre Une révolution sous nos yeux – Comment l'islam va transformer la France et l'Europe (éditions du Toucan). Et c'est aussi le cas du journaliste de la télévision israélienne, Tsvi Yéhézkeli, auteur du reportage «Allah Islam».

Leur regard est d'autant plus lucide qu'il est extérieur et ne s'embarrasse pas des clichés et des habitudes de pensée de nombreux observateurs européens, qui succombent presque tous au politiquement correct (ou à «l'islamiquement correct»), y compris les Juifs, comme ce rabbin de Malmö qui refuse de parler de «musulmans» et préfère employer l'expression de «jeunes d'origine méditerranéenne...». On a rarement, sinon jamais vu sur une télévision française ou européenne un reportage de la qualité de celui de Yéhézkeli. Sans doute parce que ce dernier, en se faisant passer pour un journaliste arabe, a mis en confiance ses interlocuteurs, qui se confient à lui comme à l'un des leurs.

On voit ainsi les responsables d'associations musulmanes, en Belgique et en Angleterre, déclarer ouvertement leur admiration pour Oussama Ben Laden, ce «héros» de l'islam contemporain, et énoncer clairement leur objectif d'application de la Charia sur le sol européen. On comprend aussi, en voyant ce reportage, le caractère complémentaire des mouvements djihadistes (souvent qualifiés de salafistes par les médias européens, sans que ce terme n'ait de signification bien définie), et des mouvements islamistes proches des Frères musulmans, qui prônent la dawa'a (propagande) plutôt que la lutte armée (djihad).


Contrairement à la doxa des islamologues occidentaux, qui voient dans ces derniers des «islamistes modérés» et qui opposent ainsi l'islamisme politique – avec lequel il convient selon eux de composer – à l'islamisme radical djihadiste, il s'agit en fait des deux facettes d'une même réalité: celle de l'islam conquérant qui tient le Sabre dans une main et le Coran dans l'autre (comme je l'ai montré dans mon livre Le Sabre et le Coran, paru en 2005 aux éditions du Rocher).

Un autre point essentiel qui ressort de cette enquête passionnante est que le caractère apparemment minoritaire des mouvements islamistes radicaux européens ne les rend pas moins dangereux. D'une part parce qu'ils ne rencontrent pas de résistance effective, au sein des populations musulmanes où ils évoluent comme «un poisson dans l'eau», selon la formule de Mao Tsé-Toung. D'autre part parce que le langage qu'ils parlent est familier aux oreilles de tout Musulman, y compris ceux qui ne partagent pas leurs objectifs politiques et leurs méthodes radicales.

Ce langage politique de l'islam est encore trop souvent mal compris des observateurs européens, comme cela est apparu récemment lors de la manifestation islamiste sur les Champs-Elysées. Les militants salafistes arborant le drapeau noir ne criaient pas «Mort aux Juifs!», mais «Khaybar al-Yahoud», slogan qui renvoie à un épisode fameux de l'histoire des débuts de l'islam – celui de la bataille lancée par le prophète contre une tribu juive proche de Médine.

Cet épisode est fondateur des relations que l'islam a entretenues depuis ses débuts avec les populations dhimmies, juives et chrétiennes: celles-ci n'ont pas d'autre choix que d'accepter le joug de l'islam en se convertissant ou de se soumettre à sa domination. C'est à peu près, avec quelques adaptations mineures, le choix que les islamistes auxquels Yéhézkeli donne la parole dans son enquête passionnante veulent imposer aux citoyens européens aujourd'hui.

Contrairement au discours souvent rassurant tenu par beaucoup de responsables communautaires juifs en Europe, qui s'accrochent encore au mythe de la «coexistence» judéo-musulmane ou à l'utopie multiculturelle, comme à un fétu de paille dans la tempête, la conclusion du reportage de Yéhézkeli est sans appel: pour les Juifs de Malmö aujourd'hui, comme pour ceux de Marseille (ou de Paris?) demain, il n'y a guère d'avenir dans l'Eurabie, et la seule porte d'issue à moyen terme est celle que leur offre Israël.

NB Les propos de l'auteur ne reflètent pas nécessairement les opinions de l'UPJF.

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