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Dans ses conclusions sur le Processus de Paix au Moyen-Orient, publiées le 14 mai, le Conseil pour les Affaires étrangères de l'Union européenne, condamne du bout des lèvres les attaques de roquettes et l'incitation à la haine palestiniennes, mais se livre à une violente et longue critique détaillée d'Israël, largement infondée à laquelle ont répondu laconiquement les autorités israéliennes.Source: CRIF (Israël répond aux critiques de l'Union européenne qui vient de lui envoyer une volée de bois vert...., par Hélène Keller-Lind)
Le Conseil pour les Affaires étrangères de l'Union européenne livrait le 14 mai ses conclusions en dix points sur l'état du Processus de Paix. On y constate un déséquilibre évident, les torts de la partie palestinienne étant tus ou évoqués très rapidement, alors que ce qui est reproché à Israël est très largement détaillé.
Rappelant les traités signés et la nécessité de parvenir à la paix avec deux États côte à côte, soulignant que la sécurité d'Israël doit être garantie, la Commission se dit, dans son Point 4, «consternée de voir la recrudescence d'attaques de roquettes depuis Gaza et condamne dans les termes les plus forts la violence qui prend délibérément pour cible des civils. L'Union européenne renouvelle son appel à tous les partenaires de la région pour qu'ils empêchent réellement le trafic d'armes entrant à Gaza». Ce qui ne l'empêchera pas, et sans la moindre logique, de réclamer la libre circulation des biens et des personnes.Voir le Point 10.
Puis, dans son Point 8 elle rappelle rapidement la nécessité du respect de la liberté d'expression et du respect des droits de l'homme par l'Autorité palestinienne, se disant au passage inquiète d'avoir appris «des arrestations de journalistes», mais se félicitant que Mahmoud Abbas vienne de faire savoir dans un communiqué qu'il a décidé de lever une interdiction pesant sur des sites web. Ce qui serait comique si cela n'était pas tragique, car des associations des droits de l'homme palestiniennes, voire des dirigeants palestiniens, comme récemment, Hanan Ashrawi , déplorent justement le non-respect de la liberté d'expression et les arrestations de journalistes par l'Autorité palestinienne. Ce que déplore aussi Amnesty International. Une vaste farce, dénonce le New York Times.
Difficile, dès lors, pour la Commission de ne pas y faire allusion, même si elle s'empresse de se réjouir d'un «communiqué» ad hoc d'une «Autorité» qui n'a pas d'existence légale, étant donné qu'il n'y a pas eu d'élections depuis des lustres, affirmant que les sites Web pourront désormais reprendre leurs critiques de Mahmoud Abbas pour lesquelles ils risquaient la prison jusqu'ici... Paroles, paroles...
Mais on notera que rien n'est dit, par exemple, de la loi palestinienne qui autorise, de fait, les «crimes d'honneur» qui font vivre la gent féminine palestinienne au Moyen-Âge. Là encore on a eu droit à des déclarations d'intention de Mahmoud Abbas, restées, bien entendu, sans suites. Sans parler de la Bande de Gaza où sont pires encore les conditions faites aux femmes palestiniennes. Les «crimes d'honneur» y étant rebaptisés «crimes éthiques». De cela la Commission se soucie comme d'une guigne.
Par ailleurs, elle exprime, certes, son inquiétude au vu «d'incidents récents d'incitation à la haine dans les médias palestiniens et ailleurs». Ce qui est une autre farce étant donné que cette incitation est une constante palestinienne, non seulement dans la Bande de Gaza, mais dans le régime de l'Autorité palestinienne. Les exemples en sont hélas quotidiens, ce qui garantit que les jeunes Palestiniens sont élevés dans la haine d'Israël et des Juifs, ce qui ne peut les amener à vouloir une paix réelle...Il suffit de voir pour cela les travaux de MEMRI ou Palestinian Media Watch. Il y a quelques jours la télévision officielle palestinienne, subventionnée de fait par l'UE, en partie tout au moins, appelait en chanson à «aller couper la tête du serpent» et à «utiliser le fusil», affirmant que «les terres volées seront rendues », que «les sionistes tuent les colombes dans de lieux sacrés». Ils seront, bien entendu, tués à leur tour, entre autres amabilités... PMW note que lors d'un spectacle présentant ces chansons, des «responsables palestiniens avaient applaudi ces paroles. Parmi eux, Hanan Ashrawi, ancien ministre de l'Éducation...
Des attaques en règle d'Israël
Mais la Commission se livre surtout à des attaques en règle d'Israël. Dans son Point 6 elle le fait au nom du «maintien d'une solution à deux États viables». Elle se dit donc «profondément inquiète des développements sur le terrain qui menacent de rendre impossible une solution à deux États». À savoir:
- L'accélération notable de la construction de colonies dans la foulée de la fin du moratoire de 2010, les récentes décisions du gouvernement d'Israël concernant le statut de certains avant-postes de colonies ainsi que la proposition de relocaliser les colons de Migron à l'intérieur du territoire palestinien occupé alors que tous les avant-postes érigés depuis mars 2001 devraient être démantelés, selon la Feuille de Route.
- À Jérusalem-Est les évictions et les démolitions de maisons, les changements du statut de résidence des Palestiniens, l'expansion de Givat Hamatos et Har Homa, empêcher les activités pacifiques culturelles, économiques, sociales et politiques en cours.
- Les conditions de vie de la population palestinienne qui s'aggravent dans la zone C et les limites imposées à l'Autorité palestinienne dans le développement économique des communautés palestiniennes dans la zone C, comme les plans de transfert forcé des communautés de Bédouins, notamment dans la région E.
- Le risque de compromettre les réussites majeures de l'Autorité palestinienne dans sa construction d'un État si les difficultés financières courantes ne sont pas abordées dans un effort conjoint de l'Autorité palestinienne, d'Israël et des donateurs.
On notera que dans son Point 7 la Commission rappelle que «l'UE est le plus grand donateur de l'Autorité palestinienne». S'y ajoutent les subventions d’États comme la France...
Les critiques continuent dans le Point 6.
Les colonies restent illégales selon la loi internationale... 'UE réitère le fait qu'elle ne reconnaîtra aucun changement aux frontières de 1967, pour Jérusalem y compris, si les parties n'en sont pas d'accord. [N.B. Le terme «frontière» est impropre étant donné qu'il s'agit de lignes de cessez-le-feu...ce qui fait de ces territoires des territoires disputés et pas occupés comme le dit l'UE]
L'UE et ses États membres réaffirment ses engagements quant à l'application de la législation de l'UE et des arrangements bilatéraux s'appliquant aux produits des colonies...[ N.B. Ce qui ouvre grand la porte aux campagnes de boycott initiées par l'Autorité palestinienne...].
L'UE redit qu'il faut trouver un moyen de résoudre par des négociations le statut de Jérusalem comme future capitale de deux États.... L'UE demande la réouverture des institutions palestiniennes à Jérusalem, en accord avec la Feuille de Route. [N.B. Le gouvernement israélien réclame la réouverture de négociations sans conditions, on le sait et le récent échange de lettres entre Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas n'a rien donné. Par ailleurs le premier point de la Feuille de Route fait de la sécurité d'Israël et de la fin du terrorisme un élément sine qua non. Or, l'incitation au terrorisme par l'Autorité palestinienne ne respecte pas cette clause].
Le développement social et économique de la zone C est d'une importance vitale pour la viabilité d'un futur État palestinien, étant donné que la zone C est sa réserve territoriale principale. L'UE appelle Israël à répondre à ses obligations en ce qui concerne les conditions de vie de la population palestinienne de la zone C, [Israël a répondu sur ce point. Voir plus bas] y compris en accélérant l'approbation des schémas directeurs palestiniens, en mettant un terme aux transferts forcés de population et aux démolitions de maisons et d'infrastructures palestiniennes, la simplification des procédures administratives pour l'obtention de permis de construire, assurer l'accès à l'eau et répondre aux besoins humanitaires. L'UE demande à Israël de travailler avec l'Autorité palestinienne pour lui donner plus d'accès et de contrôle sur la zone C. L'UE continuera à fournir une assistance financière pour le développement palestinien dans la zone C et veut que de tels investissements soient protégés à l'avenir... Etc.
Dans le Point 7, l'UE s'en prend longuement à «l'extrémisme et l'incitation à la violence des colons en Cisjordanie».
Dans le Point 10, l'UE, qui fait mine de s'intéresser à la sécurité d'Israël, «continue à demander l'ouverture immédiate, prolongée et inconditionnelle de passages pour laisser entrer et sortir de la Bande de Gaza l'aide humanitaire, les biens commerciaux et les personnes, dont la situation est insoutenable tant qu'elle reste séparée politiquement de la Cisjordanie», etc. [sans tenir le moindre compte des tonnes de biens entrant quotidiennement dans la Bande de Gaza, aux sorties d'hommes d'affaires, de fermiers ou de malades et de leurs accompagnateurs autorisés, ou de tomates cerises vendues cher en Europe, etc. Il semble impossible que l'UE n'ait pas entendu parler de l'organisme israélien, COGAT, qui les gère....
Et, pour la petite histoire, on peut voir la noria de camions qui amènent à Gaza les matériaux nécessaires pour la construction du nouveau centre culturel français pharaonique de Gaza. Chantier lancé en décembre 2011 «pour un coût d’environ un million d’euros». On notera que la France est le seul pays à avoir un Centre cultuel à Gaza, traitement de faveur sans doute dû à la qualité des intervenants qui y sont reçus, à l'instar de Stéphane Hessel ou Régis Debray qui avaient profité de leur visite pour rencontrer le Hamas avec émotion...
On trouvera l'intégralité de cet acte d'accusation européen en anglais ici :
Réponse laconique d'Israël
Israël est très attaché au bien-être de la population palestinienne et agit en fonction de toutes les conventions internationales pertinentes. Les conclusions du Conseil des Affaires étrangères de l'UE sur le processus de paix au Moyen-Orient ne contribuent pas à faire avancer le processus de paix
Communiqué du porte-parole du Ministère des affaires étrangères israélien
Les conclusions du Conseil Affaires étrangères de l'UE sur le processus de paix au Moyen-Orient contiennent une longue liste de revendications et de critiques basées sur une vue partielle, partiale et unilatérale des réalités sur le terrain. Une telle présentation publique ne contribue pas à faire avancer le processus.
Israël est très attaché au bien-être de la population palestinienne et agit en fonction de toutes les conventions internationales pertinentes. Dans la zone C, par exemple, 119 projets ont été autorisés en 2011, grâce à un dialogue constant avec les représentants des pays et des autres bailleurs de fonds, afin d'assurer que les projets prévus sont coordonnés avec les schémas directeurs locaux d'urbanisme et avec la loi, y sont conformes ainsi qu'à la loi.
Israël prend note du fait que l'UE prend en considération le besoin de sécurité d'Israël, que le Conseil appelle à reprendre les négociations directes entre Israël et l'Autorité palestinienne, condamne les tirs de roquettes depuis Gaza, et prend note également de la préoccupation que manifeste le Conseil à propos de l'incitation constante à la haine contre Israël par l'Autorité palestinienne.
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