dimanche 9 janvier 2011

Stéphane Hessel, irréprochable vieillard, qui s’indigne essentiellement d’Israël

"Il y a dans la compassion et l’indulgence universelles pour les Palestiniens un certain manque de respect. Ne méritent-ils pas d’être considérés comme des adversaires plutôt que comme des victimes?"

Source: Agence Diasporique d'Information (Palestiniens, victimes ou adversaires?, par Marc Reisinger)

Ce qui est omniprésent est invisible. Nous sommes tellement accoutumés à ce que les Palestiniens soient victimes, que nous n’imaginons plus qu’ils puissent être présentés autrement. Aucune alternative n’est possible : il s’agit d’un combat entre le bien et le mal. C’est ce qui explique l’empathie généralisée pour le peuple palestinien, la dégradation de l’image d’Israël, et les 800.000 exemplaires d’«Indignez-vous !» de Stéphane Hessel, irréprochable vieillard de 93 ans, qui s’indigne essentiellement d’Israël.

La liste des malheurs palestiniens est infinie : territoires occupés et bombardés, citoyens humiliés et tués, maisons rasées, oliviers arrachés, électricité coupée, blocus économique … Du coup, le mal qu’ils peuvent faire est minimisé : fanatisme, islamisme, attentats suicides, tirs de roquettes, antisémitisme, désinformation, corruption, despotisme… Tout ça n’est pas grave, il faut comprendre l’humiliation, la colère - «l’exaspération» dit Hessel - qui justifient cela.

Les «bons» ne peuvent être que bons, les «mauvais» mauvais. Vision si tranchée qu’aucune action d’Israël ne peut être positive. Le retrait des territoires égyptiens occupés en échange de la paix ? Oublié. Le retrait de Gaza dont tout le monde dénonçait l’occupation ? Pas bien, car «unilatéral». Les principaux critiques d’Israël ne sont pas nécessairement ses ennemis. Beaucoup de Juifs et d’Israéliens critiquent le Mal commis par Israël, exigeant que son armée se comporte mieux que toute autre.

Mais que reste-t-il du débat sur le Moyen Orient, si on essaye d’en extraire cette rhétorique des «bons» et des «mauvais» ? Pas grand-chose, je le crains. C’est ce qui explique l’échec des accords d’Oslo et des négociations Barack-Clinton de 2000. Les Palestiniens se sont montrés incapables de visées politiques, préférant s’enfermer dans une vision apocalyptique et millénariste, qui trouve son apothéose dans le programme du Hamas.

À vrai dire, le fait d’apparaître universellement comme victimes a permis aux Palestiniens de remporter d’importants succès médiatiques. Arafat était vu comme une sorte de père Noël arabe. La presse européenne décrit généralement le Hamas – terroriste et islamiste - comme un «mouvement de Résistance», dont les miliciens armés sont nommés «militants». Cependant les succès de la guerre réelle restent sans commune mesure avec ceux de la guerre médiatique, d’où une tendance des dirigeants palestiniens à substituer les seconds aux premiers.

Il est parfaitement logique que des adversaires se traitent mutuellement de monstres. Mais pourquoi enfermer toute discussion dans ce schéma ? Il ne s’agit pas d’une guerre d’images. Jamais on ne résoudra un conflit en cherchant «qui est méchant?» ou «qui a commencé?». Le seul soutien que peuvent apporter les parties extérieures à un conflit c’est d’aider à le résoudre. La véritable aide aux Palestiniens c’est de les aider à faire la paix. Et je ne suis pas sûr que les traiter en victimes soit le meilleur moyen d’y arriver.
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Ci-dessus: caricature de Willem parue dans © Libération le 26/12/2001 :  "Pas de Noël pour Arafat, mais pour Pâques il est le bienvenu", dit, en bon Juif tueur du petit Jésus, Ariel Sharon, devant une croix et marteau à la main, prêt à le crucifier.

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Sentant sa mort prochaine, Hessel espère qu'une rue de gaza portera son nom.