dimanche 1 juillet 2012

Pour l'historien R. Wistrich la gauche britannique est profondément antisémite, incohérente et pitoyable

"Mais ce qui est pire, note Wistrich, c'est que la notion virulente que le sionisme est une forme de nazisme émane du Ministère britannique des Affaires étrangères qui a cherché à restreindre l'entrée en Grande-Bretagne des rescapés de l'Europe de Hitler. C'est dans les années 1950, grâce à l'ouvrage du célèbre historien Arnold Toynbee Study in History qui accuse les sionistes d'être des "disciples des nazis", que l'idée se répand dans l'opinion publique. Cette allégation est devenue une mantra de la gauche britannique.  On la retrouve dans la fameuse résolution de l'ONU de 1975 décrète que "le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale"."

Alors que, et c'est regrettable, l'étude de l'antisémitisme moderne se focalise essentiellement sur la Shoah et surtout sur Auschwitz, l'antisémitisme virulent qui, avant le nazisme, touchait tous les pays européens est largement ignoré par les historiens. Or c'est sa connaissance qui nous permet de comprendre l'énorme hostilité toujours à l'oeuvre en Europe contre les Juif et Israël.

Source: Jewish Chronicle (Lenin's legacy - why Jews have been betrayed by the radical Left)

Robert Wistrich est l'un des meilleurs spécialistes de l'antisémitisme. Deux ans après avoir publié une étude sur l'antisémitisme de 1.000 pages A Lethal Obsession: Antisemitism from Antiquity to the Global Jihad, Wistrich vient de publier un ouvrage de 623 pages intitulé "From Ambivalence to Betrayal: The Left, the Jews and Israel" (De l'ambivalence à la trahison: la gauche, les Juifs et Israël).

Pour l'historien un segment très important de la gauche contemporaine a abandonné son propre héritage des Lumières ainsi que son projet humaniste et social. La gauche est devenue de façon disproportionnée et irrationnelle obsédée par les 'péchés' d'Israël, qu'elle rend responsable de pratiquement tous les problèmes au Moyen-Orient et au-delà.  L'autre aspect de la trahison est 'la gauche anti-sioniste' qui a "renié l'universalité du principe d'autodétermination nationale" - un principe qui semble exister pour tout le monde sauf pour les Juifs - et qui pactise avec l'Islam radical.  Une partie non négligeable de la gauche - dont la gauche radicale - considère que l'antisémitisme n'existe pas, sauf s'il peut être mis sur le compte de l'extrême droite.

Mais davantage que les pulsion antisémites de la gauche contemporaine c'est sa nature incohérente qui l'intrigue. "Aujourd'hui, l'idéologie de la gauche est comme une boutique qui propose des fragments - que j'appelle les "débris de galaxies marxistes mortes". Ce qui lie tous ces fragments est l'animosité commune envers les Juifs et Israël - elle lie des visions du monde aussi disparates que celles de Hugo Chavez et de Mahmoud Ahmadinejad.

Au cours de ses recherches Robert Wistrich a fait une découverte surprenante. L'antisémitisme qu'il croyait d'origine soviétique trouve en fait son origine dans le mouvement travailliste britannique au tournant du 20e siècle.

"Ce qui m'a très fort frappé lors de mes recherches pour ce livre c'est à quel point la Grande-Bretagne est responsable de ses propres traditions antisémites - elles sont de souche et contemporaines". Parmi celles-ci on trouve des théories propagées par la gauche britannique sur une conspiration juive internationale pendant la guerre des Boers (1899-1902)Wistrich argue que cette guerre - qui fut aussi controversée et polarisatrice que n'importe quelle guerre de l'époque moderne - a donné naissance à un mouvement radical anti-guerre qui a inventé des termes tels que "le judaïsme impérialiste" pour décrire la façon dont les financiers juifs de premier plan en Afrique du Sud auraient plongé l'Empire britannique dans un conflit désastreux. Ces idées seront adoptées par Oswald Mosley et son Union des fascistes britanniques dans les années 1930. Les Juifs étaient accusés de pousser la Grande-Bretagne à faire la guerre à l'Allemagne. Elle s'est à nouveau manifestée avec pendant la guerre d'Irak au sein du mouvement contre la guerre qui diffusait des accusations de "cabales juives", de conspirations néoconservatrices [1], et la dénonciation de "l'impérialisme sioniste".

Mais ce qui est pire, note Wistrich, c'est que la notion virulente que le sionisme est une forme de nazisme émane du Ministère britannique des Affaires étrangères qui a cherché à restreindre l'entrée en Grande-Bretagne des rescapés de l'Europe de Hitler. C'est dans les années 1950, grâce à l'ouvrage du célèbre historien Arnold Toynbee Study in History qui accuse les sionistes d'être des "disciples des nazis", que l'idée se répand dans l'opinion publique. Cette allégation est devenue une mantra de la gauche britannique.  On la retrouve dans la fameuse résolution de l'ONU de 1975 décrète que "le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale".

Si tout ceci dépeint un tableau sombre, Wistrich perçoit néanmoins une lueur d'espoir. Il estime que la gauche britannique "est idéologiquement appauvrie et que le niveau de son argumentation est vraiment pitoyable". Il ajoute: "Si mon livre contribue à introduire un minimum de raison dans le discours de plus en plus toxique autour de ces questions aujourd'hui, je saurai que j'ai fait une brèche".

De l'ambivalence à la trahison est publié par l'University of Nebraska Press à £ 38

[1] Pour Robert Kagan le mot "néoconservateur" équivaut à une théorie de la conspiration très utile

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Le discours antisioniste au Royaume-Uni surpasse probablement celui de la plupart des autres sociétés occidentales. L’antisémitisme y a atteint un tel niveau de résonance, en particulier parmi les leaders d’opinion, que cela place ce pays en tête dans l’encouragement aux attitudes discriminatoires. Le Royaume-Uni tient une position de pionnier dans la promotion des boycotts académiques d’Israël en Europe. La même chose est vraie, en ce qui concerne les efforts des confédérations syndicales, visant à déclencher des boycotts économiques. Les Trotskystes, qui ont infiltré le Parti Travailliste et les unions syndicales depuis les années 1980, sont un facteur important dans la propagation de ce poison