jeudi 5 juillet 2012

Politologue allemand: Israël devrait moins parler de la Shoah

Exposition antisémite à Cologne
Ces propos laissent entendre que dans ses rapports avec l'Allemagne un des thèmes principaux, si pas le principal, qu'Israël évoque est l'Holocauste (c'est difficile à croire).  Ceci aurait la fâcheuse conséquence d'irriter les jeunes allemands, alors que la classe dirigeante, selon lui, est encore sensible à l'extermination de six millions de Juifs (dont un million et demi d'enfants par les nazis).  Volker Perthes reconnaît la pérennité de l'antisémitisme ("résiduel" [!]) en Allemagne (rappelons que les statistiques révèlent que les Allemands ont également des attitudes hostiles envers les musulmans).  Quoiqu'on en pense, le Professeur Perthes rappelle une réalité et cette réalité est que l'Holocauste n'intéresse ni les jeunes ni les moins jeunes européens - et ce phénomène n'est pas nouveau.

Herb Keinon rapporte dans le Jerusalem Post que Volker Perthes, directeur du très influent think tank allemand Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) a déclaré lors d'un entretien avec des journalistes israéliens que dans le cadre de négociations sur les relations bilatérales avec l'Allemagne, Israël devrait moins évoquer l'Holocauste du fait que les jeunes allemands ont beaucoup moins le sens de la responsabilité historique envers Israël que leurs aînés. (Déjà en 1948: de Marion von Dönhoff à Günter Grass: longue tradition de nazification d'Israël en Allemagne)

L'opinion publique allemande, a-t-il dit, est devenue beaucoup plus critique à l'encontre d'Israël que l'élite dirigeante. Ceci s'explique par la persistance d'un "antisémitisme résiduel" dans le pays.

"Les gens et les sociétés n'aiment ni qu'on leur rappelle leur culpabilité ni de devoir certaines choses parce que leurs grands-parents ont péché", a-t-il ajouté.

Israël serait bien inspiré de mettre l'accent sur des intérêts communs dans les relations bilatérales et de minimiser les perspectives historiques [l'Holocauste] parce que "les gens n'aiment pas l'entendre."

La moitié des Allemands croit qu'Israël extermine les Palestiniens

Très hostiles à Israël, les Allemands se plaignent de pas pouvoir critiquer Israël ...

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Et bien parlons d'autre chose !

Au tout début du XXe siècle, en Namibie, les colons allemands entreprirent d’exterminer systématiquement les peuples herero et nama. Longtemps contraints au silence, les descendants des victimes attendent toujours des réparations ...

« Tous les Hereros doivent quitter le pays. S’ils ne le font pas, je les y forcerai avec mes grands canons. Tout Herero découvert dans les limites du territoire allemand, armé comme désarmé, avec ou sans bétail, sera abattu. Je n’accepte ni femme ni enfant. Ils doivent partir ou mourir. Telle est ma décision pour le peuple herero. » L’homme qui rédige cet ordre d’extermination, le 2 octobre 1904, est le général allemand Lothar von Trotha (1848-1920). Bras armé de l’Allemagne de Guillaume II dans le Sud-Ouest africain, il est déjà connu pour ses méthodes brutales, mises en application contre les mouvements de rébellion du Tanganyika. Mais cette fois, ce sera pire : sa décision débouche sur le premier génocide du XXe siècle, celui des peuples herero et nama.

Ce n’est qu’en 1985, suite au rapport Whitaker, que les Nations unies rendent public ce que quelques historiens savent déjà : entre 1904 et 1907, 80 % des Hereros et 50 % des Namas ont été exterminés par les Allemands. Si bien que, autrefois majoritaire, la population herero ne pèse désormais plus que 9 % à 10 % de la population namibienne ...

Plusieurs facteurs expliquent le silence qui a longtemps accompagné ces exactions. D’abord, le terme « génocide » n’a été forgé que bien après un massacre qui pouvait apparaître comme un crime colonial de plus – ce qu’il n’est pas. Ensuite, l’histoire même de la Namibie, qui n’a acquis son indépendance qu’en 1990, explique un mutisme savamment entretenu. « La communauté allemande du pays est en partie composée d’immigrés arrivés après 1945. Entre la présence d’anciens sympathisants nazis et le régime d’apartheid longtemps imposé par l’Afrique du Sud, il n’y a eu aucun travail de mémoire.»

Joël Kotek, professeur à l’Université libre de Belgique et auteur d’un article intitulé « Le génocide des Hereros, symptôme d’un Sonderweg allemand ? », surenchérit : « D’une manière générale, les Namibiens ne s’intéressent pas au génocide, qui n’a jamais été une cause nationale. Pis, les terres qui appartenaient aux Hereros appartiennent toujours aux descendants des génocidaires, et leur poids économique est majeur. Même s’il existe une génération prête à reconnaître les fautes des ancêtres, le silence est toujours de mise ...»

« Tout génocide sécrète son négationnisme ! » affirme Kotek. « La communauté allemande est divisée. Il y a encore des négationnistes qui expliquent que les points d’eau n’étaient pas empoisonnés, que le désert Omaheke n’était pas si désertique, que l’ordre de von Trotha n’avait pour but que d’effrayer l’ennemi… » Les tenants de ces théories peuvent bien fuir les caméras et refuser de répondre aux questions : les preuves sont là, tangibles, d’une extermination planifiée.