dimanche 24 avril 2011

Le Rabbin David Meyer évoque ... le pays du "plus jamais ça"

Le très médiatisé rabbin bruxellois  David Meyer, professeur invité à l’université grégorienne pontificale, Rome, vient de signer une opinion dans La Libre Belgique intitulée Le pays du "plus jamais ça". Ce pays est évidemment Israël, pays qu'il ne cesse de critiquer.  C'est dans cet esprit de critique qu'il a signé JCALL et qu'il rappelle que "La parole critique des pays occidentaux vis-à-vis de la politique israélienne d’aujourd’hui est importante et doit être entendue."

On notera avec regret mais sans surprise que, si David Meyer évoque les dangers existentiels qui menacent le pays et qu'Israël  ne constitue pas la "garantie du non-anéantissement du peuple juif" car du "simple fait de la concentration d’une telle population juive sur une zone géographique si exiguë est un risque en lui-même", il n'y a dans son texte la moindre référence à ceux qui menacent d'anéantissement le peuple juif.  Pourquoi ce silence sur cette vérité dérangeante et que tous connaissent?  Extraits:

"Le monde juif d’aujourd’hui n’est-il pas comme la femme de Loth, captif de sa mémoire mais existentiellement engagé par son passé ? Israël, dont la fête d’indépendance se célèbre une semaine après la commémoration de la Shoah, n’est-il pas le lieu du "plus jamais ça", existentiellement lié à la mémoire d’Auschwitz ? Il y a pourtant grave méprise, me semble-t-il, sur la signification de ce "plus jamais ça". De quel "ça" s’agit-il ? La réponse intuitive identifie le "ça" en question avec la Shoah. Israël serait le lieu refuge du peuple juif, le pays de l’extermination impossible. Analyse erronée bien sûr, car Israël est certainement l’endroit le plus dangereux pour le peuple juif. Le simple fait de la concentration d’une telle population juive sur une zone géographique si exiguë est un risque en lui-même. Alors de quel "ça" s’agit-il ? [...] La mémoire existentielle de la Shoah nous condamne à comprendre que "plus jamais ça" ne signifie pas qu’Israël est la garantie du non-anéantissement du peuple juif, mais plutôt que si tentative d’anéantissement il y a, celle-ci ne se fera pas sans lutte et sans combat. Israël n’est autre que le lieu où la modalité de la mise à mort du peuple juif telle que la Shoah l’a définie est impossible.

Pour Israël, se donner les moyens de lutter est une manière existentielle de vivre. La recherche de la paix n’est que secondaire car la Shoah a démontré que pour le peuple juif, une vie harmonieuse, paisible et empreinte d’un sentiment de sécurité ne garantissait en rien la survie. Ce savoir constitue le fil conducteur des politiques d’Israël. Ce pays ne recherche pas la paix comme d’autres nations pourraient le faire. Mais il est à l’affût de toute solution qui en elle-même garantit la possibilité, si besoin est, de se défendre et de résister. Finalement, ce n’est même pas de "sécurité" dont il est question, mais bien plutôt de se donner les moyens qui, quelles que soient les situations politiques et stratégiques, permettront de ne pas rester pieds et poings liés, impuissants face aux dangers. En ce sens, la situation de conflit - même permanent - est une option légitime pour Israël. [...]


La parole critique des pays occidentaux vis-à-vis de la politique israélienne d’aujourd’hui est importante et doit être entendue. Mais est-elle audible ? Pour se faire entendre, encore faut-il posséder les clés de la compréhension psychologique du pays et de ses habitants. Comprendre n’est pas justifier et les dérives et injustices du présent doivent être condamnées. Mais sans une perception plus juste du sens véritable du "plus jamais ça" - essence de cet Etat -, faisant percevoir à l’Occident que les arguments de "paix et sécurité" ne répondent pas aux craintes existentielles du pays, ces critiques et ces discours resteront lettres mortes. L’Occident est-il capable de se retourner pour comprendre ceux qui vivent intensément la mémoire de leur passé mais qui ne veulent pas pour autant être aveugle aux changements du présent et aux possibilités de l’avenir?"

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Peut-être faut-il, respectueusement, rappeler au rabbin D. Meyer :
1) que la critique vis-à-vis de l'Etatd d'Israël, de pays occidentaux qui ont tranquillement laissé, pour des raisons diverses, les nazis procéder à la mise en oeuvre de "la solution finale"cdoit être prise avec des pincettes ;
2) que la Loi est pour les vivants, pas l'inverse...