vendredi 20 août 2010

Israël doit ignorer l'appel à "prendre des risques pour la paix", George F. Will

"Au cours de l'Intifada qui a débuté en 2000, le terrorisme palestinien a tué plus de 1.000 Israéliens. Si on extrapolait ce chiffre à la population des États-Unis on arriverait à 42.000 morts, proche du nombre de victimes américaines pendant les huit ans qu'a duré la guerre du Vietnam. Pendant cette attaque, qui a commencé en septembre il y a dix ans, les parents israéliens qui envoyaient leurs deux enfants à l'école les faisaient monter sur des bus séparés pour réduire le risque qu'aucun ne rentre pour le dîner."

Un article remarquable par George Will, un des éditorialistes américains les plus distingués.  Lauréat du prix Pullitzer; il est, selon le Wall Street Journal, "probablement le journaliste le plus influent d'Amérique".  On est obligé de constater qu'un article aussi remarquable ne paraît qu'exceptionnellement dans la presse européenne - même réputée de droite - où l'on privilégie depuis belle lurette des messages hostiles à Israël comme ceux de Chris Patten (Oui, Gaza est bien une prison !) ou de Vaclav Havel (L’Humanité est en jeu à Gaza).

Source: The Washington Post, Skip the lecture on Israel's 'risks for peace', George F. Will (traduction d'extraits)

Au cours de l'Intifada qui a débuté en 2000, le terrorisme palestinien a tué plus de 1.000 Israéliens. Si on extrapolait ce chiffre à la population des États-Unis on arriverait à 42.000 morts, proche du nombre de victimes américaines pendant les huit ans qu'a duré la guerre du Vietnam. Pendant cette attaque, qui a commencé en septembre il y a dix ans, les parents israéliens qui envoyaient leurs deux enfants à l'école les faisaient monter sur des bus séparés pour réduire le risque qu'aucun ne rentre pour le dîner. Il est clair que la plupart des Américains peuvent imaginer, même si leurs leaders qui n'ont pas l'oreille ne peuvent pas, combien il est agaçant d'écouter leurs dirigeants faire la leçon à Israël sur la nécessité de prendre des "risques pour la paix".

Pendant la visite du Premier ministre Binyamin Netanyahou en juillet à Washington, Barack Obama a salué le fait qu'il était "prêt à prendre des risques pour la paix." Il fut un temps où cela signifiait échanger des  "territoires contre la paix" - Israël sacrifiait quelque chose de tangible et d'irrécupérable, la profondeur stratégique, en échange de quelque chose d'intangible et de périssable, des promesses de normalité diplomatique.


La question de la profondeur stratégique est importante dans un pays où presque tout le monde est ou a été un soldat, et où la société ne peut pas fonctionner longtemps si la nation n'est pas totalement mobilisée. En outre, avant la guerre des Six Jours en 1967, à l'intérieur les frontières établies par l'armistice de 1949, la largeur à un endroit du territoire israélien était d'à peine neuf miles (14.5 kms).  Un fait qui a incité George W. Bush à dire: Au Texas, nous avons des allées qui ont cette longueur. Israël a cédé beaucoup de territoire pour arriver à une paix frileuse avec l'Egypte, cédant le Sinaï, qui est presque trois fois plus grand qu'Israël et qui représentait 89 pour cent du territoire annexé pendant qu'Israël repoussait l'agression de 1967.

L'Intifada fut lancée par feu Yasser Arafat - terroriste et lauréat du prix Nobel de la paix - après les négociations de Camp David en juillet 2000, au cours desquelles l'ancien premier ministre Ehud Barak a proposé de céder le contrôle de la totalité de la bande de Gaza et de plus de 90 pour cent de la Cisjordanie, et d'échanger de petites parcelles de territoire en tenant compte de la croissance de la banlieue de Jérusalem au-delà de  la ligne d'armistice de 1949.

Les Israéliens sont notoirement indisciplinés, mais l'Intifada a provoqué entre eux un consensus que toute concession que n'importe lequel de leur gouvernement peut offrir sans courir le risque de perdre le soutien de la population est inférieure à ce que demande n'importe quel interlocuteur palestinien. De surcroît, l'Intifada s'inscrivait dans un schéma. Comme en 1936 et en 1947, parler de partition provoqua la violence des Arabes. [...]

La création d'Israël n'a pas entraîné la destruction d'un État palestinien, car un tel état n'existait pas depuis l'arrivée des Romains. Si de nos jours le pourcentage de la population juive dans le monde était ce qu'elle était à l'époque où les Romains gouvernaient la Palestine, il y aurait 200 millions de Juifs. Après un passage particulièrement dangereux à travers deux millénaires sans une patrie, il y a 13 millions de Juifs.

Pendant les 62 années écoulées depuis que cette patrie a été fondée sur un sixième de 1 pour cent des terres de ce qu'on appelle de manière irresponsable et incorrectement "le monde arabe", les Israéliens n'ont jamais connu une heure de paix véritable. Des leçons teintées de condescendance venant de l'Amérique sur la réalité des risques et la désirabilité de la paix, qui auparavant étaitent tout simplement stupides sont devenues de nos jours obscènes.
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Les 21 pays arabes possèdent 800 fois plus de terres qu'Israël : "Parmi les enfants d'Abraham, les descendants d'Ismaël occupent actuellement au moins 800 fois plus de terres que les descendants d'Isaac."

 (Ruth Wisse)

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