lundi 20 décembre 2010

Dan Levy de l'UEJB en butte aux attaques de JCALL Belgique

"Alors comme cela, face à l’adversité, M. Levy courbe la tête et fait ses valises ? Nous n’avons pas cette mentalité de Juifs de ghetto, nous autres." (Ouri Wesoly CCLJ/JCALL)

"Car à continuer avec les «Nous Autres» de M. Wesoly de plaider des accommodements déraisonnables avec les artisans de la dégradation du climat dans notre pays et leurs complices par omission, ils seront plus nombreux encore les Juifs qui, à l’avenir, imiteront les 200 familles juives (peu hardies elles aussi, sans doute?) à l’avoir quitté en 2009. Et parmi eux, une partie de la jeunesse, petite encore mais significative déjà." (Dan Levy [photo])

Le Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ) créateur de JCALL  ["un parchemin élaboré au CCLJ à Bruxelles", Luc Rosenzweig] vient de se distinguer à nouveau en s'attaquant à Dan Levy, Vice-Président de l'Union des Etudiants Juifs de Belgique (UEJB), concernant les déclarations de celui-ci sur Radio Judaïca au sujet de l'antisémitisme en Belgique.  Nous rappelons que Dan Levy n'est pas le premier étudiant à tirer la sonnette d'alarme - avant lui Stephanie Meneles l'avait déjà fait [Belgium: Paranoia or Persecution?].  Stephanie, qui étudie à l'Université de Brandeis, déclarait en 2009: "La Belgique - un pays où non seulement il est acceptable mais également recommandable de détester les Juifs". Nous notons également que le CCLJ n'a pas critiqué (ou plutôt n'a pas osé critiquer) les personnes qui se sont exprimées en ce sens à la RTBF - en effet leur témoignages ne font que confirmer les craintes de Dan.

Nous reproduisons ci-dessous l'article et le droit de réponse de Dan Levy.

Droit de réponse à Ouri Wesoly du Centre Communautaire Laïc Juif

Le 11 décembre dernier, Ouri Wesoly, publiait un article sur le site internet du Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ) intitulé "Etudiants juifs: courage, fuyons!". Voici mon droit de réponse, suivi du texte de l'intéressé.

Les «Nous Autres» de Ouri Wesoly

«Etonnant, affligeant même, le peu de hardiesse de certains leaders de l’UEJB : il y a de l’antisémitisme en Belgique ? Leur seule solution, l’émigration !», écrit Ouri Wesoly («Etudiants juifs : courage, fuyons ! », 11 décembre) à propos de mon interview du 3 dernier sur les ondes de Radio Judaïca.

Et, plus loin, «face à l’adversité, M. Levy courbe la tête et fait ses valises ? Nous n’avons pas cette mentalité de Juifs de ghetto, nous autres. L’antisémitisme (et les autres racismes), nous les combattons, ici et maintenant.»
Séduisante posture ! Sauf que ces «Nous Autres» au nom desquels parle M. Wesoly :

- saluent le courage des capitaines courageux des flottilles qui tentaient de forcer le blocus maritime israélien de Gaza au bénéfice d’une organisation terroriste et antisémite et de ses complices turcs de l’AKP ;
- appellent à signer l’Appel à la Raison de JCall qui désigne Israël comme seul responsable de l’impasse dans laquelle le double discours et le maximalisme palestiniens ont largement contribué à conduire le conflit israélo-arabe ;
- cautionnent le lien entre la solution du conflit israélo-palestinien et celle du problème posé par les ambitions nucléaires de l’Iran même après que WikiLeaks ait révélé l’exhortation des régimes sunnites de la région à traiter radicalement cette menace sans attendre de progrès préalable sur la question palestinienne ;
- déclarent les Juifs plus heureux en Belgique qu’un roi en France pendant que, avec leurs amis politiques, défilent sous leurs fenêtres des dizaines de milliers de manifestants fustigeant Israël dont nombre d’entre eux hurlent impunément «Mort aux Juifs» ; [Nazification d'Israël et déferlement antisémite dans les rues de Bruxelles]
- regardent leurs chaussures lorsque ces mêmes amis politiques appellent à traduire les dirigeants israéliens en justice pour le crime d’user de leur droit à la légitime défense[Elio Di Rupo importe le conflit du Proche-Orient dans nos rues], mettent au compte des Juifs les ratés de l’intégration des dernières vagues de l’immigration [Dérapage de Philippe Moureaux] ou disent du sionisme qu’il est une forme de racisme et d’extrémisme ;
- déroulent le tapis rouge à l’homme qui pourrait bien avoir accrédité l’imposture antisémite la plus obscène de ce nouveau siècle mais dédaignent celui qui a pourtant gagné au tribunal le droit de dire de son reportage sur la mort de Mohamed Al Doura qu’il est une mise en scène grossière ;
- préfèrent en somme les mythes aux faits et le copinage à la vérité, et privilégient le «courage, fuyons !» à l’invitation de l’UEJB à débattre de ce qui s’est réellement passé le 30 septembre 2000, au motif que la controverse de Netzarim serait une «chamaillerie» et une «chicane» sans importance.

Non, probablement, «la Belgique n’est pas antisémite». Peut-être n’est-elle «même pas antisioniste» et n’use-t-elle que de son droit, parfaitement légitime, de critiquer «la politique du gouvernement israélien actuel». De plus, l’antisémitisme y est un délit même si, dans la réalité, la loi n’envisage de sanctionner que ses manifestations les plus odieuses.

Mais la légitimation de l’antisionisme, soit la négation du droit à l’autodétermination du peuple juif, est si prégnante désormais dans notre espace public que passe pour indécente la dénonciation du caractère discriminatoire du refus d’étendre aux Juifs un droit validé pour tous les autres peuples.

Il faut alors une tout autre vigilance que celle des «Nous Autres» de M. Wesoly pour déceler l’évidente veine antisémite dans le verbe de ceux qui usent de ce droit imprescriptible à la critique comme d’un passe-droit pour leurs délires illicites, et s’affranchir autrement de «cette mentalité de Juifs de ghetto» pour la dénoncer valablement.

«M. Levy s’imagine que notre communauté est aujourd’hui dans la même situation que les Juifs d’Allemagne en 1932 : il faudrait lui apprendre à quel point la République de Weimar était faible et assaillie par de puissants partis extrémistes», écrit encore M. Wesoly. Sauf que Joël Kotek, directeur de la revue Regards, avouait fin octobre sur Radio Judaïca et dans un quotidien de référence n’avoir pu s’«empêcher de penser aux derniers jours de la République de Weimar» quand trois policiers ont dû assurer son évacuation au terme d’une formation sur l’antisémitisme qu’il donnait dans un de nos quartiers difficiles…

Le problème de notre permanence dans ce pays ou ailleurs en Europe tient décidément moins à la vigueur renouvelée de l’antisémitisme qu’à la posture de ceux des Juifs qui, comme les «Nous Autres» de M. Wesoly, manquent à ce point au devoir de s’en défendre valablement et usent en prime du sarcasme et du mépris pour railler une inquiétude pourtant exprimée, après Joël Kotek, par l’ancien commissaire européen Fritz Bolkenstein et débattue dès le lendemain au parlement néerlandais.

Car à continuer avec les «Nous Autres» de M. Wesoly de plaider des accommodements déraisonnables avec les artisans de la dégradation du climat dans notre pays et leurs complices par omission, ils seront plus nombreux encore les Juifs qui, à l’avenir, imiteront les 200 familles juives (peu hardies elles aussi, sans doute?) à l’avoir quitté en 2009. Et parmi eux, une partie de la jeunesse, petite encore mais significative déjà.

Avec les «Nous Autres» de M. Wesoly pour stratèges de la lutte contre l’antisémitisme, ce serait une faiblesse coupable, une de plus, de penser que, «en dehors de M. Levy et ses quelques amis, la jeunesse juive sera à nos côtés».
Dan Levy
Vice-président de l’Union des Etudiants Juifs de Belgique (UEJB)

Etudiants juifs : courage, fuyons ! par Oury Wesoly

Etonnant, affligeant même, le peu de hardiesse de certains leaders de l’UEJB : il y a de l’antisémitisme en Belgique ? Leur seule solution, l’émigration !

Ce vendredi 3 décembre 2010, nombre d’auditeurs ont dû avaler leur café de travers en écoutant M. Dan Levy, vice-président de l’UEJB (Union des Etudiants Juifs de Belgique) sur Radio Judaïca.

Il venait, déclarait-il, de découvrir l’existence d’un «tsunami d’antisémitisme sans précédent» en Belgique. Cela n’était pas tolérable. Aussi invita-t-il tous nos jeunes à réagir avec force : il fallait prendre la fuite. (Et vite, avant que les nazis qui nous gouvernent ne ferment les frontières…).

Visiblement, M. Levy s’imagine que notre communauté est aujourd’hui dans la même situation que les Juifs d’Allemagne en 1932, juste avant la venue au pouvoir d’Hitler. Le détromper serait compliqué : il faudrait lui apprendre à quel point la République de Weimar était faible et assaillie par de puissants partis extrémistes : les nazis d’un côté, les communistes de l’autre.

Alors que la Belgique d’aujourd’hui est une démocratie forte où l’extrême gauche est inexistante, l’extrême droite francophone insignifiante et celle de Flandre en déclin. Ou que, malgré la crise, les contextes économiques sont entièrement différents. Ce n’est pas parce qu’il est étudiant que nous devons lui donner des cours de rattrapage, tout de même.

N’essayons pas non plus de le rassurer en expliquant que, s’il y a certainement des antisémites en Belgique, la Belgique n’est pas antisémite. Elle n’est même pas antisioniste. Elle critique la politique du gouvernement israélien actuel, ce qui est fort différent. Passons aussi sur le fait qu’il n’est pas très filial d’abandonner ainsi ses vieux parents aux mains des hordes barbares. Reste qu’il s’agit là d’une étrange manière de réagir, surtout chez quelqu’un d’aussi jeune.

Alors comme cela, face à l’adversité, M. Levy courbe la tête et fait ses valises ? Nous n’avons pas cette mentalité de Juifs de ghetto, nous autres. L’antisémitisme (et les autres racismes) nous les combattons, ici et maintenant. Et, avec le soutien de l’écrasante majorité de nos concitoyens, nous comptons bien en venir à bout. Nous avons même la faiblesse de croire, qu’en dehors de M. Levy et ses quelques amis, la jeunesse juive sera à nos côtés.
Samedi 11 décembre 2010
Ouri Wesoly

2 commentaires :

Nathalie VDK a dit…

Merci à M. Levy de remettre les pendules à l'heure et de répondre à certains de mes questionnements. N'étant pas juive mais tout de même abonnée à la revue du CCLJ, Regards, je puis dire que parfois je me demande si j'ai en main un magazine de la communauté juive ou bien une revue anti-israélienne/pro-palestinienne.
Ce qui me choque le plus, c'est ce soutien aveugle que continue à accorder le CCLJ à M. Enderlin. Comment est-ce possible? Cela me fait penser à certains notables juifs qui, durant l'affaire Dreyfus, se joignaient ostensiblement aux accusateurs du capitaine juif (voulant probablement de la sorte démontrer à leurs compatriotes qu'ils étaient de bons français, de "bons juifs", si bien intégrés qu'ils en étaient même un peu devenus antisémites à leur tour).

Eliker a dit…

Ca me fait penser a cet extrait d'une déclaration que l'on attribue à ghandi :


"Si j'étais juif et né en Allemagne, si j'y gagnais ma vie, je proclamerais que l'Allemagne est mon pays, autant qu'elle peut être le pays de l' aryen gentil le plus baraqué, et je le défierais de me tuer ou de m'enfermer dans sa forteresse ; je refuserais d'être expulsé ou soumis à un traitement discriminatoire. Et pour ce faire, je n'attendrais pas que mes coreligionnaires juifs viennent me rejoindre dans la résistance civile, mais j'aurais la certitude qu'à la fin du compte les autres seraient amenés à suivre mon exemple..."

C'est drole comme l'histoire peut faire d'un présumé sage un authentique imbécile.