Ca fait un an que les habitants de Cologne peuvent admirer au coeur historique de leur ville, la place de la cathédrale [!], une exposition antisémite et anti-israélienne. (Cologne a autorisé une exposition antisémite). Nous avons déjà évoqué cette affaire.
Le Jerusalem Post indique que le maire de Cologne Jürgen Roters et que les villes jumelées Cologne-Tel Aviv et Cologne-Bethlehem, ainsi que des personnalités religieuses allemandes ont co-signé une résolution contre l'exposition : "La représentation antisémite et anti-Israël du soi disant "Mur des Lamentations de Cologne" propage la haine contre des être humains et alimente le ressentiment contre Israël" et demandent le décrochage de l'installation.
L'ambassade d'Israël a déclaré : "Lorsqu'on montre un personnage avec un drapeau israélien dévorant un enfant palestinien, ça nous rappelle les accusations les plus calomnieuses de meurtre rituel de l'antisémitisme européen ... Nous n'intervenons pas dans les décisions des autorités judiciaires allemandes. Mais dans le même temps, nous sommes convaincus que la caricature est de nature incontestablement antisémite et incite à la haine et la violence. L'affirmation selon laquelle il faut distinguer entre la haine du peuple juif et la haine de l'État d'Israël est tout à fait inappropriée et laisse un goût amer."
Certains observateurs estiment que le sentiment anti-israélien est fort à Cologne et permet d'expliquer le manque de réaction de la société civile. D'autre part, on se rappelera que récemment le romancier et essayiste allemand Peter Schneider écrivait dans Le Monde au sujet du conflit israélo-palestinien que "l'Allemagne est encore pétrifiée par la notion de culpabilité" ...
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"L'exposition montre la caricature d'un homme arborant une étoile de David qui dévore un jeune garçon palestinien. Sa fourchette est drapée dans un drapeau américain et son couteau porte les mots "bande de Gaza". A côté, un verre plein semble contenir le sang de l'enfant. [...] la caricature d'un Juif buvant le sang d'un enfant, véhicule clairement des clichés antisémites."
Source: article de Benjamin Weinthal, The Jerusalem Post (02/03/2010)
Une exposition anti-israélienne au cœur de la ville allemande déclenche la polémique. Rainer Wolf, porte-parole du procureur de Cologne a rapporté que des plaintes avaient été déposées pour incitation à la haine raciale. La poursuite entamée par Gerd Buurmann, directeur non-juif d'un théâtre de la ville, risque cependant d'être rejetée. Ce dernier s'est dit "horrifié" par cette perspective et prévoit de se retourner contre l'exposant Walter Herrmann [il a commencé à diaboliser Israël en 2004].
La raison : l'exposition montre la caricature d'un homme arborant une étoile de David qui dévore un jeune garçon palestinien. Sa fourchette est drapée dans un drapeau américain et son couteau porte les mots "bande de Gaza". A côté, un verre plein semble contenir le sang de l'enfant.
Wolf a confié que six ou sept plaintes avaient déjà été déposées. Depuis des particuliers jusqu'aux associations judéo-chrétiennes. Prié de dire si la caricature reflète l'antisémitisme moderne, Wolf a déclaré qu'il ne s'agit pas "d'hostilité envers les Juifs, mais d'une critique de la situation à Gaza". Et d'ajouter que l'objectif de l'exposant, Walter Hermann, est de "dénoncer". L'emploi du dessin serait une façon sarcastique d'évoquer l'armée israélienne à Gaza.
Le docteur Marcus Meier, toutefois, est formel. A la tête de l'association pour les relations judéo-chrétiennes à Cologne, il a choisi de porter plainte car la caricature d'un Juif buvant le sang d'un enfant, véhicule clairement des clichés antisémites. Il s'agit, selon lui, des stéréotypes de la tradition chrétienne, selon lesquels les Juifs mangent les bébés chrétiens.
L'exposition "Le mur des lamentations de Cologne" a été jugée antisémite par les critiques, au sein du conseil de la ville, et par un chroniqueur du quotidien Kölner Stadt grand-Anzeiger.
Lire la version anglaise plus longue de l'article de Benjamin Weinthal:
Cologne tolerates 'anti-Semitic’ exhibit
Ce site est dédié aux millions d'Européens qui, malgré d'incessantes campagnes de désinformation, ne croient pas que les Juifs ne sont capables que du pire; ne dissimulent pas leur antisémitisme dans le langage de l'antisionisme; et savent qu'Israël représente ce qu'il y a de meilleur dans une démocratie.
3 commentaires :
Affirmons le : la dénazification de l'Allemagne de l'ouest n'a pas eu lieu, la dépétainisation de la France non plus.
Au lendemain de la Libération, ce qui comptait c'était l'unité nationale, la "cohésion", la nature non corrompue de la république et de son idéologie, et pour les classes dominantes la déportation de 86.000 personnes d'origine juives vivant en France se diluait très bien dans les 6 millions de personnes d'origine juive assassinées par les nazis.
Cela a permis de se débarrasser de la question de l'antisémitisme, qui a donc été compris comme une anomalie, un "préjugé", aucunement comme une pièce maîtresse du fascisme.
L'antisémitisme "n'existe pas", il n'est qu'un préjugé "abstrait."
Et s'il y a un "acte" antisémite, alors ce n'est pas un acte antisémite, mais un acte ayant une autre origine. En France aujourd'hui s'il y a un acte antisémite, il y a forcément une "raison", valable ou pas. De plus en plus souvent l'antisémitisme est ainsi considéré comme "excusable" sous prétexte qu'il y aurait un rapport avec la question palestinienne.
Comme si assimiler les personnes d'origine juive en France et la population israélienne n'était pas à la base elle-même une conception antisémite, celle du "juif apatride."
Dès 1953, le SRP, (Sozialistische Reichspartei) qui se présente comme successeur officiel du NSDAP, est interdit. Dix ans plus tard, l’actuel parti d’extrême-droite, le NPD (Nationaldemokratische Partei Deutschland), fait son entrée dans le paysage démocratique.
Malgré des propos racistes très tendancieux et des aspirations à flirter avec les néo-nazis, le parti gagne de la vigueur et jouit du droit de manifestation, au nom de la loi sur les réunions. Seuls bémols : l’interdiction de défiler en uniforme et, depuis 2005, celle d’approcher les lieux historiques symboliques, tels que la porte de Brandebourg ou les lieux de mémoire pour les victimes des crimes contre l’humanité.
D’où le spectacle navrant de convois de néo-nazis protégés des anti-manifestants par des barrières policières. De fait, la tentation de faire interdire un parti qui se revendique des pages les plus sombres de l’histoire est grande. En 2003, la demande du ministre de l’Intérieur Otto Schily est classée sans suite : les preuves du caractère anticonstitutionnel du parti sont rapportées par des indicateurs infiltrés par les renseignements généraux. L’échec apporte de l’eau au moulin du parti. Et son président, Udo Voigt, de remercier non sans cynisme le ministre pour le coup de pub apporté par l’opération. Aux élections de 2004, le parti fête son entrée au parlement.
L’Europe ne parvient pas à s’entendre.
Aujourd’hui, l’Europe ne parvient pas à légiférer sur la question. En janvier 2007, une loi prévoyant l’interdiction des symboles nazis a été rejetée. Motif invoqué : le refus de la communauté hindoue britannique pour qui la Swastika est un symbole de paix depuis 5000 ans. De fait, seule l’incitation à la haine raciale et à la xénophobie sont passibles des mêmes sanctions parmi les 27 Etats membres, allant de 1 à 3 ans de prison. En revanche, le négationnisme n’est poursuivi qu’en France, en Allemagne et en Autriche. Quant aux symboles, chaque Etat est libre d’appliquer ses propres lois.
A l’ère virtuelle, ce non-alignement mène à des situations absurdes : les néo-nazis peuvent importer librement du Danemark des T-shirts imprimés d’une croix gammée. Ou les insignes du parti nazi américain, totalement légal outre-Atlantique… Quand bien même les interdictions seraient votées, rien ne dit qu’elles auraient raison des sentiments racistes. Au contraire.
L'expo témoigne que des gens :
- ont eut l'idée de cette expo
- ont accepté de financer l'expo
- en ont autorisé la tenue
- ont accepté de louer des lieux
- l'ont réalisé dans tous ses détails
- viennent visiter l'expo
- rapportent l'expo dans les médias et ailleurs
- critiquent l'expo
Cela fait beaucoup de gens.Triste !
Mais que personne :
- n'interdit cette expo
- ne détruit cette expo
Cela c'est grave !
Charles FjK - En fant caché ayant survécu aux nazis
Je suis allemand, j'habite en France, j'ai suivi cette affaire de près. Pour les lecteurs parlant allemand je peux conseiller un livre sur cette expo antisemite et sur l'histoire de l'antisemitisme à Colgone: Die Hasswand - Antisemitismus in der Domstadt, de Monika Winter, édité par Europarloir, voir europarloir.de
Il existe egalement toujours la petition, ecrit aussi en francais.
Une lettre ouverte suivra adressé à la Prefecture de Cologne pour interdire l'utilisation de cette place par Walter Herrmann, organisateur de cette exposition, soutenu par la Linkspartei, le Pälistinaportal, Arbeiterphotographen. Si vous souhaitez plus d infos adresseé-moi votre mail
reiner.schleicher@gmail.com
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