vendredi 14 septembre 2012

L'Église catholique belge boude l'hommage rendu aux Juifs victimes de rafles en Belgique

"Dans ce pays [la Belgique], à la différence des ses voisins du Nord [Pays-Bas] et du Sud [France], il n'y eut ni en français, ni en néerlandais la moindre protestation publique de l'Elise conte la persécution raciale." (Maxime Steinberg)

"Et qu’on ne dise pas: si vous légitimez des mesures d’exception contre les Juifs ou contre les communistes, elles vous retomberont un jour sur le nez. Car le catholicisme lui aussi est un internationalisme. Nous prétendons précisément que notre catholicisme n’enlève rien, qu’il ajoute au contraire à notre civisme et à notre patriotisme. Et nous affirmons qu’il n’en va pas de même du communiste et de la juiverie." (Monseigneur Picard, 1933)

Contrairement à Monseigneur André Vingt-Trois, Cardinal Archevêque de Paris, qui s'est fait représenter lors de la commémoration du 70ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, nous apprenons que l'Église catholique belge était absente lors des cérémonies de commémoration du 70e des rafles de Juifs à l'hôtel de ville ainsi qu'à Malines devant la caserne Dossin au cours de laquelle le Premier ministre Elio Di Rupo a réitéré les excuses officielles de la Belgique pour le rôle joué dans la mise en place de la Shoah en Belgique par "certaines autorités et fonctionnaires entre 1940 et 1945".  Or il convient de rappeler que la caserne Dossin "où la police nazie avait installé son camp de rassemblement pour la déportation des Juifs est à peu de distance de l'archevêché de Malines" (400 mètres à vol d'oiseau).  Personne ne s'est donc déplacé, alors que le Prince Philippe et plusieurs membres du gouvernement y étaient.  On ne trouve rien sur cette commémoration sur le portail de l'église catho.be ni sur le blog d'Eric De Beukelaer. Il convient également de s'étonner que la déportation des Juifs et des Tziganes vers Auschwitz se passaient presque à côté de l'échevêché mais que comme l'écrit l'historien Maxime Steinberg: "Dans ce pays [la Belgique], à la différence des ses voisins du Nord [Pays-Bas] et du Sud [France], il n'y eut ni en français, ni en néerlandais la moindre protestation publique de l'Elise conte la persécution raciale". [1]

L'extermionation des Juifs en Belgique:
"Entre 1942 et 1944, les Allemands déportèrent près de 25 000 Juifs de Belgique vers le camp d'extermination d'Auschwitz. La plupart y furent assassinés. Les camps de Breendonk et surtout celui de Malines (Mechelen) servirent de centres de regroupement pour les déportations. Moins de 2 000 déportés survécurent à la Shoah." (United States Holocaust Memorial Museum) "Le premier groupe de Juifs arriva au camp en provenance d’Anvers le 22 juillet 1942. D’août à décembre 1942, deux convois d’environ 1 000 Juifs chacun quittèrent le camp chaque semaine à destination d’Auschwitz-Birkenau. Du 4 août 1942 au 31 juillet 1944, 28 trains transportant 25 257 Juifs quittèrent Malines pour la Pologne, la plupart à destination d’Auschwitz-Birkenau. Ce chiffre représente plus de la moitié de la communauté juive belge d’avant-guerre, qui fut ainsi exterminée. En outre, les autorités allemandes envoyèrent plusieurs trains de Tsiganes de Malines à Auschwitz entre la fin de 1943 et le début de 1944.  [...] Des Juifs et des Tsiganes français des deux départements du Nord et du Pas-de-Calais, rattachés à l'administration militaire de Bruxelles, furent également déportés par Malines." (USHMM)


La responsabilité de l'Eglise par des siècles d'"enseignement du mépris" en Europe est bien établie. En Belgique, Mgr Picard expliquait en 1933 la nature perverse de "la juiverie" (rapporté par l'historien Giovanni F. di Muro dans son ouvrage Léon Degrelle et l'aventure rexiste (1927-1940), p.180, Editions Luc Pire, 2005):

"Le 12 mai 1933, alors que les persécutions hitlériennes contre les Juifs d'Allemagne étaient déjà une terrible et tragique réalité bien connues de tous (voir ci-dessous ce qu'en écrit Guido Eeckels), l’hebdomadaire catholique Soirées (édité conjointement par le secrétariat général d’Action catholique, les éditions Rex, le cinéma catholique, l’agence de voyages Dux, Radio catholique et l’abbaye d’Averbode) dédiait un numéro spécial à Hitler et au nazisme.
Mgr Picard, figure de proue du mouvement catholique, fondateur et aumônier de l’ACJB (Association catholique de la Jeunesse belge) et mentor de Léon Degrelle, exposait ses vues sur la nature intrinsèquement pernicieuse des juifs "dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec les divers intérêts nationaux, ni avec le bien commun international" (ouvrage cité p.p. 58-59) :
"Dans l'un de ses articles, Mgr Picard illustre "l'histoire tragique de Juda", après y avoir affirmé que "les Juifs doivent être traités avec justice et humanité [...] Précepte de la loi nature et de l'Évangile". Il ajoute ces phrases édifiantes:
"Mais lorsqu’aux postes de commande de la vie nationale des Juifs sont installés en nombre, lorsqu’ils tiennent la finance et le grands moyens de manœuvre l’opinion, lorsque leur influence dans le fonctionnement du mécanisme social, dépasse de beaucoup leur importance numérique par rapport à l’ensemble de la population, les gardiens responsables du bien commun n’ont-ils pas le devoir de s’en soucier et de prendre des mesures restrictives efficaces ? Car on ne devrait pas l’oublier, les Juifs constituent de par le monde une communauté plus ou moins relâchée, mais très réelle encore, dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec les divers intérêts nationaux, ni avec le bien commun international. Leur intelligence et leur activité exceptionnelles, doivent faire désirer leur collaboration et faire craindre leur hégémonie. La réaction hitlérienne nous paraît par conséquent excessive. Mais la défense des persécutés a été souvent trop simpliste.
Et qu’on ne dise pas: si vous légitimez des mesures d’exception contre les Juifs ou contre les communistes, elles vous retomberont un jour sur le nez. Car le catholicisme lui aussi est un internationalisme. Nous prétendons précisément que notre catholicisme n’enlève rien, qu’il ajoute au contraire à notre civisme et à notre patriotisme. Et nous affirmons qu’il n’en va pas de même du communiste et de la juiverie.""
Dans le même numéro, Guido Eeckels écrivait, approbateur:
"Deutschland erwache [Allemagne réveille-toi] chantent ces millions d’Allemands. La toute première condition à un réveil de l’Allemagne était la suppression pure et simple de l’élément sémite. C’est une chose faite à présent. Pour nous, l’extradition de Hitler n’aura qu’une pénible conséquence: un nouveau contingent judaïque trouvera l’hospitalité en Belgique. Notre pays sera une fois de plus la terre de refuge et d’hospitalité pour les indésirables des autres pays de l’Europe.""

[1] Un pays occupé et ses Juifs, Belgique entre France et Pays-Bas, Quorum, 1998

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