dimanche 14 novembre 2010

Pour Jimmy Carter Israël n'est pas une démocratie et pratique déjà l'apartheid

"Je ne dis pas qu’Israël n’est pas une démocratie, mais ce n’est pas une démocratie comme les nôtres." (Subtile, n'est-ce pas ?)

"Gaza est comme une cage dans laquelle vit 1,5 million de Palestiniens, dont 75 % sont des réfugiés."
 
"Si vous prenez un dictionnaire d’anglais, apartheid signifie la domination d’un peuple par un autre et la séparation officielle de ces deux peuples. C’est ce qui se passe déjà en Cisjordanie. Israël est de toute évidence la puissance dominante et requiert légalement la totale séparation entre colons juifs et Palestiniens. C’est pourquoi j’utilise le mot d’apartheid."

On se souviendra qu'en décembre 2009, l'ancien Président des Etats-Unis Jimmy Carter qui mène depuis de longues années une campagne tous azimuts contre Israël avait présenté ses excuses au peuple juif.  Ses excuses avaient suscité des interrogations car elles coïncidaient avec les ambitions politiques de son petit-fils, Jason Carter, qui  briguait le poste de sénateur de Géorgie. [Voir Jimmy Carter présente ses excuses à la communauté juive et Les excuses de Jimmy Carter pas si désintéressées que ça].  Or dans un entretien accordé au quotidien belge Le Soir (lui aussi connu pour son hostilité sans faille contre Israël), Carter n'a pas prononcé un mot positif sur Israël ou les Juifs et, malgré quelques précautions oratoires, s'est lancé dans une diatribe d'une étonnante violence.  Dans sa rage accusatiore il n'épargne ni le Président Barack Obama ni l'Europe [!] trop favorable à Israël, ni bien entendu le "très puissant lobby politique israélien" et le peuple américain égaré dans son admiration pour Israël. Le monde arabe et même le Hamas qui serait prêt à reconnaître Israël si telle est la volonté du peuple palestinien bénéficient de toute sa sympathie !

"Ce sera la paix ou l’apartheid", titre de l'interview de Jimmy Carter par Frédéric Koller (Le Soir, 13/11/2010) Extraits:

"Habitué du Proche-Orient où ses prises de position tranchées contre l’occupation israélienne lui valent une grande sympathie dans le monde arabe et le mépris du gouvernement israélien, Jimmy Carter est de retour d’un séjour en Israël, dans les territoires palestiniens, en Egypte, en Syrie et en Jordanie. Le Prix Nobel de la paix 2002 livre son analyse.

Comment s’est passé votre dernier déplacement ?
La situation des Palestiniens est la suivante : en Israël, ils sont soumis à 35 lois qui discriminent spécifiquement les citoyens non juifs (...). A Jérusalem-Est – occupé par Israël –, les Palestiniens ne sont pas traités comme des citoyens. La communauté de Silwan, où il y a 55.000 Arabes, n’a pas de place de jeux et on n’y construit aucune école. Le maire de Jérusalem s’en est excusé tout en nous expliquant qu’il planifiait un site archéologique et touristique à cet endroit. Les Arabes qui y vivent depuis 65 ans seront forcés de partir. En Cisjordanie, plus de 300.000 colons israéliens ont confisqué la terre et les propriétés des Palestiniens pour construire leurs propres maisons. Enfin, il y a le pire, Gaza, qui est comme une cage dans laquelle vit 1,5 million de Palestiniens, dont 75 % sont des réfugiés. [...]


Que pensez-vous de l’attitude de Barack Obama sur ce dossier ?
[...] La plupart des Arabes et des Palestiniens estiment que ce dialogue est improductif et qu’il ne fait que fournir une excuse aux Israéliens pour continuer la colonisation. [...]

Pourquoi les Etats-Unis sont-ils aussi proches d’Israël ?
On pourrait en dire autant des Européens. Aux Etats-Unis, il y a tout d’abord un très puissant lobby politique israélien. Il existe ensuite une croyance naturelle qu’Israël est une grande démocratie comme la nôtre quelque part au Proche-Orient. Ils voient Israël comme un petit Etat assiégé par des centaines de millions d’Arabes antagonistes – alors qu’Israël a les capacités militaires les plus avancées de la planète grâce aux Etats-Unis. J’ajoute que le Centre Carter a aidé à superviser quelque 80 élections problématiques dans le monde. Les trois meilleures élections que nous ayons suivies ont été organisées en Palestine : quand Arafat a été élu, l’élection de Mahmoud Abbas et les élections de 2006. Quand le Hamas a gagné, Israël et les Etats-Unis ont dit que c’étaient des terroristes pour les empêcher de diriger les territoires palestiniens alors que quelques mois plus tôt c’étaient des candidats légitimes. (...) Quand je rencontre les responsables du Hamas, ils disent clairement qu’ils accepteront tout traité de paix négocié entre Abbas et Israël qui serait approuvé en référendum par le peuple palestinien.

Ne pensez-vous pas qu’Israël est une démocratie ?
Ils ont des élections démocratiques pour leur propre peuple. Mais comme je l’ai dit, ils ont des lois spécifiques qui interdisent un traitement égal pour les non-Juifs. Cela concerne 1,5 million d’Arabes (20 % de la population) et environ 320.000 autres personnes qui sont ni juives ni arabes. Je ne dis pas qu’Israël n’est pas une démocratie, mais ce n’est pas une démocratie comme les nôtres.

Vous êtes certainement la personnalité officielle la plus élevée à avoir utilisé le terme d’«apartheid» pour décrire la situation en Cisjordanie et à Gaza...
Le titre de mon livre était Palestine : la paix et non l’apartheid. L’apartheid est le mot exact pour décrire ce qui se passera si on continue vers la solution apparemment inévitable d’un seul Etat où Israël devra soit abandonner son contrôle politique aux Palestiniens qui représenteront la majorité de la population soit priver cette majorité de ses droits de vote. Ce sera alors par définition un apartheid. Si vous prenez un dictionnaire d’anglais, apartheid signifie la domination d’un peuple par un autre et la séparation officielle de ces deux peuples. C’est ce qui se passe déjà en Cisjordanie. Israël est de toute évidence la puissance dominante et requiert légalement la totale séparation entre colons juifs et Palestiniens. C’est pourquoi j’utilise le mot d’apartheid."

2 commentaires :

eliker a dit…

Pour ma part, je ne prends pas comme une insulte le fait de dire que la démocratie israelienne n'est pas une démocratie comme ailleurs.

Les démocraties comme celles de Carter ne protegent plus l'identité des pays, et c'est par elles que ces pays sont en train de pourrir aujourd'hui.

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

À 86 "balais", il est temps de rentrer au "placard" !

[ Il est impératif que la communauté arabe en général et tous les groupes palestiniens significatifs disent clairement qu’ils arrêteront les attentats-suicide et tous autres actes de terrorisme quand les lois internationales et les objectifs ultimes de la Feuille de Route pour la paix seront acceptés par Israël.] - Jimmy Carter -

* Jimmy Carter and the Camp David Myth

http://online.wsj.com/article/SB123449113090380603.html