dimanche 7 février 2010

Shoah: le Portugal aurait pu sauver des milliers de Juifs d'origine portugaise

"Scellant ainsi leur sort dans les camps d'extermination nazis."

Source: extrait d'un article de Nuno Guerreiro Josué repris du blog Rua da Judiaria

"Dans une interview récente réalisée par José Manuel Fernandes et publiée dans Ípsilon, l'historien allemand Carsten L. Wilke déclara : "Quand Hitler était au pouvoir, le Portugal aurait pu sauver des milliers de Juifs descendants de ceux qui étaient partis des siècles plus tôt, mais Salazar n'a rien fait et les communautés qui existaient, par exemple, à Bordeaux, à Amsterdam ou à Thessalonique, furent complètement décimées".

Le cas des Juifs d'ascendence portugaise, cité par Carsten L. Wilke, est paradigmatique. Au lieu d'opter pour la simple tâche de faciliter la naturalisation des Juifs néerlandais, français et allemands dont les noms de famille (Nunes, Costa, Ricardo Mesquita, Leão de Laguna, Lopes Cardoso, etc.) laissaient peu de doutes quant à leur origine ancestrale, le régime a décidé de leur tourner le dos et leur a même rendu difficile la simple tâche d'obtenir un visa de transit, scellant ainsi leur sort dans les camps d'extermination nazis.

Le 23 avril 1940, par exemple, les consuls portugais aux Pays-Bas furent furent priés de, pour toute demande de visa d'entrée au Portugal, vérifier scrupuleusement si les candidats étaient juifs, et le cas échéant de noter "qu'aucun visa ne pouvait être apposé dans les passeports de Juifs sans l'autorisation préalable du Ministère des Affaires étrangères, appuyant de la sorte l'exigence de la PVDE [Police de Vigilance et de Défense de l'État] d'"empêcher l'entrée au Portugal d'individus de cette qualité" [1].

C'est contre cette toile de fond que se détachent les noms des diplomates portugais Aristides de Sousa Mendes, Carlos Garrido et Alberto Sampaio Teixeira Branquinho, dont les actes de courage rachetèrent la complicité honteuse, l'immobilisme et la lâcheté qui guidèrent la ligne diplomatique du Portugal pendant la Shoah."


[1]  "Le Portugal aurait sauvé la vie à quarante ou cinquante mille juifs persécutés par le nazisme; certaines estimations doublent ou triplent même ces chiffres. Les réfugiés en attente d'embarcation étaient internés, sur ordre du gouvernement, dans des centres touristiques transformés en "zones de résidence constante" (Ericeira, Caldas da Rainha, Cúria, Figueira da Foz, São Julião da Barra); ils ne pouvaient les quitter sans autorisation policière et y étaient nourris aux frais des organisations juives." (Histoire des juifs portugais par Carsten Wilke, Chandeigne, Collection Péninsules, 2007, p. 234)

2 commentaires :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Un catholique fervent est mort dans la pauvreté après avoir fait passer clandestinement au Portugal des réfugiés fuyant le nazisme, malgré son gouvernement.

Pendant longtemps, de nouveaux récits encourageants d’héroïsme pendant la Seconde Guerre Mondiale vont sans doute continuer à paraître, comme elles le font depuis la fin du conflit. Une d’entre elles concerne un Chrétien qui a défié les ordres de son gouvernement pour pouvoir sauver les vies de plus de 10 000 réfugiés juifs.

Il s’appelait Aristide Sousa Mendes. En 1940 il était consul général de Portugal à Bordeaux, en France. Cinq cents ans plus tôt, ses ancêtres avaient été convertis de force au catholicisme - et bien que beaucoup de leurs descendants fussent restés juifs en secret - Marranes, M. Mendes lui-même était Catholique. Mais il prenait son christianisme au sérieux.

Quand la France est tombée sous la coupe des Nazis en 1940, les juifs français et des réfugiés juifs de toutes les parties d’Europe vivant en France étaient piégés. Les bâtiments de guerre anglais écumaient la Méditerranée, empêchant les Juifs de gagner la Palestine. Les frontières françaises del’Est, vers la Suisse et l’Italie, étaient closes. L’armée allemande occupait tout le Nord de la France. L’Espagne était fermée aux réfugiés. Il était évident que bientôt toute la France serait occupée par les Allemands, et que tous les Juifs qui y seraient pris seraient expédiés en Pologne, vers les camps de la mort.

Dans leur désespoir, des milliers de gens ont afflué à Bordeaux, espérant vaguement qu’on leur permettrait de traverser l’Espagne vers le Portugal, et de partir de là vers l’Angleterre, l’Amérique Latine, les Etats-Unis, n’importe quel pays qui voudrait bien les abriter. Arrivés à Bordeaux, ils ont assiégé le Consulat général du Portugal pour avoir des visas. Leur dernier espoir de vivre sembla s’éteindre quand ils apprirent que le gouvernement portugais avait ordonné aux consuls de ne donner aucun visa aux Juifs, et d’ailleurs aucun visa à quelque réfugié que ce soit, à l’exception de ceux qui pouvaient justifier d’une résidence au Portugal.

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

La route souillée de l'or nazi :

L'or nazi ne s'est pas arrêté aux coffres-forts suisses. Il en a juste fait un abri douillet avant de poursuivre sa route vers d'autres contrées. L'Espagne et le Portugal ont largement profité des livraisons nazies.

Les deux pays de la péninsule ibérique possèdent, en effet, un autre métal précieux fortement convoité par les nazis : le Wolfram, miraculeux pour renforcer l'acier des engins de guerre allemands.

Wolfram contre or, le trafic est très lucratif en particulier pour la dictature de Salazar. Après Berne, Lisbonne aurait été le deuxième bénéficiaire du butin nazi. De 1939 à 1944, le Portugal aurait acheté ou échangé 164 tonnes d'or du IIIe Reich par l'intermédiaire de la Suisse.

Sur sa route, l'or portugais bénéficie de la bienveillance de Vichy qui offre ses wagons pour transporter ce butin clandestin. Centre névralgique du trafic ibérique : la gare espagnole de Canfranc encastrée dans la chaîne pyrénéenne.

Le sombre marché est connu dès 1946par les services américains de la DOS. Un document, marqué top secret, l'atteste. Des responsables suisses qui ont suivi la route de 280 véhicules chargés d'or, vers le Portugal et l'Espagne entre 1943 et 1944, acceptent de témoigner contre une protection. Ceux qui se sont grassement enrichis sentent, en effet, le vent tourner.

Après la guerre, les lingots d'or marqués du sceau nazi trouvent des abris imprévus. En mai 2000, le sanctuaire catholique de Fatima confirme en avoir détenu, jusque dans les années 1980. Avant de les dépenser pour rénover ce lieu vénéré par de nombreux catholiques.

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