mercredi 24 février 2010

Diatribe anti-israélienne de Christian Eeckhout de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem

"Il y a donc nécessité de crier ou de réagir dans la mesure où dans six domaines la liberté est insuffisante ou refusée. Celle proprement dite d'exister à égalité des autres citoyens tellement il y a de réfugiés qui sont dans des camps depuis 40 ou 60 ans ce n'est pas le cas ["chez les Palestiniens, le statut de réfugié est éternel et transmissible"]. La liberté de religion non plus n'existe pas, la liberté d'accès aux lieux saints de la foi chrétienne à Jérusalem n'est pas possible. La liberté de résidence n'est pas possible non plus. Plus de 4000 personnes se voient retirer leur permis de résidence en moins d'un an, la liberté de circulation pour se déplacer et puis celle de [liberté de] travail n'existe pas non plus. Et puis même la liberté d'expression n'existe pas. Il y a des milliers de prisonniers politiques dans les prisons israéliennes et donc il faut réagir. [...] "Il faut réagir au moins pour qu'on n'appuie pas les décideurs d'injustices, si vous voulez, la tyrannie du plus fort par ses armements ce n'est pas tenable et qu'au moins on ne soutienne pas par une aide de positions qui blessent ou tuent les Palestiniens depuis l'étranger." (Christian Eeckhout, frère dominicain, École biblique et archéologique française de Jérusalem)

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Transcription d'un entretien accordé par le dominicain Christian Eeckhout, hôtelier de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, couvent Saint-Etienne à Jérusalem et membre de la lieutenance belge de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, à catho.be. Jamais, dans cette charge d'une violence inouïe contre l'État d'Israël, et diffusée par "site officiel de l'Eglise catholique en Belgique", le frère Eeckhout ne mentionne le terrorisme palestinien: les attentats-suicide, les tirs de roquettes, l'incitation à la haine, la corruption ..., notons l'usage extrêmement habile de citations pour appuyer ses accusations. Le frère Christian Eeckhout assure également l'accompagnement spirituel, archéologique et historique de pèlerinages chrétiens en Terre Sainte.

"Aujourd'hui vous relayez un appel, voire un cri, celui des Palestiniens chrétiens. De quoi s'agit-il?
En fait, il s'agit d'un document d'une douzaine de pages dont le but essentiel est de sensibiliser les églises et la société civile et donc il s'appelle Kairos Palestine.

C'est le thème choisi par Pax Christi International en décembre 2009 pour la semaine annuelle d'action mondiale pour la paix entre l'État d'Israël et les territoires de l'Autorité palestinienne. C'est une initiative du Conseil oecuménique des églises [voir ICI, ICI, ICI] devant l'impasse où s'est enlisé le conflit israélo-palestinien. C'est un texte qui prend en considération une parole de foi, d'espérance et d'amour venant du coeur de la souffrance palestinienne. En fait pour [faire] prendre conscience aux gouvernements du besoin de faire de nouveaux efforts pour mettre fin après 60 ans à un conflit qui s'enlise et négocier un accord, en plus de l'accent qui est mis sur la prière, l'information et l'éducation. Il y a maintenant aussi une action de plaidoyer et d'interpellation générale. Donc Kairos qui signifie le temps opportun, favorable, le bon moment pour agir, essaye de tirer une sonnette d'alarme en lançant un cri d'espérance quant tout espoir semble perdu. C'est un appel d'urgence pour qu'il y ait des interventions concrètes et courageuses, novatrices de réconciliation au Proche-Orient.

Ca relaie en même temps la visite du pape pèlerin Benoît à Jérusalem le 12 mai quand il a prié Dieu en disant "Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob entendez le cri des affligés, des apeurés, des dépouillés. Envoyez votre paix sur cette Terre Sainte, sur le Moyen-Orient, sur votre famille entière. Donc nous ne devons pas avoir peur de la paix. Au contraire promouvoir le courage de la paix et ce document peut aller dans ce sens là.


Est-ce que la situation en Terre Sainte s'est aggravée récemment. Où en est-on actuellement ? "Je crois qu'il n'est plus possible de se taire", a dit l'écrivain de la paix David Grossman. Et "c'est un pays ou malheureusement on a érigé l'injustice en système", écrit de son côté Abraham Burg. Et donc le temps est justement venu de prendre appui sur ce que disait un autre écrivain, Elie Wiesel : "Je ne lutte pas contre le mal mais contre l'indifférence au mal". Et c'est cela qui est le gros problème ici.

Ca s'est aggravé parce qu'il n'y a pas seulement des démolitions, des humiliations, des spoliations, des maltraitances, des privations de liberté de mille et une manières, mais il y a le fait aussi que les autres pays ont l'air d'être indifférents à cette difficulté. En considérant le point de vue aussi bien du côté israélien que du point de vue palestinien on doit agir.

Si on reprend même rien que le premier président de l'État d'Israël Chaim Weizman qui disait: "Je suis certain que le monde jugera l'État juif à la manière dont il traitera les Arabes". Mais actuellement personne ne juge. Au contraire, on laisse faire. Il y a là concrètement un besoin, si on veut aller dans le sens d'une démocratie de définir des frontières reconnues internationalement, mais pas établies du tout, et ensuite de demander que des valeurs fondamentales soient appliquées. Que ce soient les valeurs fondamentales du judaïsme que partagent les chrétiens: l'amour de l'homme, le caractère sacré de la vie, les notions de bien et de mal, le respect de la dignité humaine et de la loi. Ce n'est pas du tout sur le terrain que ça se vérifie ici. Il y a donc nécessité de crier ou de réagir dans la mesure où dans six domaines la liberté est insuffisante ou refusée. Celle proprement dite d'exister à égalité des autres citoyens tellement il y a de réfugiés qui sont dans des camps depuis 40 ou 60 ans ce n'est pas le cas. La liberté de religion non plus n'existe pas, la liberté d'accès aux lieux saints de la foi chrétienne à Jérusalem n'est pas possible. La liberté de résidence n'est pas possible non plus. Plus de 4000 personnes se voient retirer leur permis de résidence en moins d'un an, la liberté de circulation pour se déplacer et puis celle de [liberté de] travail n'existe pas non plus. Et puis même la liberté d'expression n'existe pas. Il y a des milliers de prisonniers politiques dans les prisons israéliennes et donc il faut réagir.

Est-ce que la religion ou les religions peuvent être un soutien à cette cause ?
Oui. Les religions peuvent aider dans la mesure où on a quand même une possibilité de voir qu'il y a une conscience aussi bien chez les musulmans, chez les chrétiens que chez les juifs de ce qu'il y a un respect ad minimum de la liberté à avoir. Donc si les religions s'unissent en enlevant tout fanatisme ou toute ségrégation il y a moyen de voir protégés l'identité et le caractère sacré par exemple de Jérusalem avec son héritage culturel et religieux, sa valeur universelle. Il y a moyen aussi, comme dit le pape Benoît, qui a redemandé à tous les groupes armés du monde de renoncer à la violence en demandant la justice, la solidarité et une clairvoyance. Et là il mentionne spécialement les chrétiens du Moyen-Orient assaillis [par qui?] de diverses manières, dit-il, jusque dans l'exercice de leur liberté religieuse. Cet appel peut être relayé par les églises pour ne pas se laisser s'enliser ou ne pas laisser l'indifférence s'agrandir.

Donc il y aurait quand même quelques signes d'espérance ?
Il faut faire face à un avenir menaçant, mais les Palestiniens chrétiens savent bien que Jésus Christ est ressuscité et qu'il est dans la barque avec son esprit qui souffle dans le sens de la vie. Et donc ils sont aussi en attente du premier signe, avec patience, mais en souffrant d'une attente des biens promis pour l'être humain sur le terrain. Si on veut voir quelques signes d'espérance c'est très difficile parce que les portes sont fermées. Mais on peut voir qu'au niveau des églises, nos communautés paroissiales de Palestine sont très vivantes, que les centre d'éducation des jeunes, les écoles de théologie même avec un caractère oecuménique vont de l'avant.

Il y a aussi le fait que le dialogue religieux entre les trois religions progresse. Il y a le fait que la prise de conscience de la justice viendra après la catastrophe vécue, comme on appelle la Nakba, cette prise de conscience que la justice va venir d'une manière ou d'une autre. Mais ça c'est une espérance théologale. Et même si les Palestiniens sont divisés entre la Cisjordanie et Gaza, les Israéliens le sont tout autant. A Tel Aviv et dans les colonies ce n'est pas les mêmes gens. Il y a donc une espérance qu'une réconciliation puisse se faire ou que, si on veut éviter la ruine qui se dessine à courte vue, on pourrait essayer d'abattre quelques murs et de s'opposer à la déformation de l'image de l'autre dans le coeur de ses frères et soeurs. Il y a une espérance, il y a des signes mais c'est très très difficile à distinguer - au niveau des personnes c'est possible au niveau des gouvernements c'est absolument fermé pour le moment.

Est-ce que vous attendez quelque chose des églises du monde et particulièrement des chrétiens occidentaux?
Oui. En un mot, en une phrase, avoir une aide pour retrouver la liberté des Palestiniens. Ca c'est le point fort. On ne peut aussi pas rester complice de l'injustice indéfiniment. Il faut réagir au moins pour qu'on n'appuie pas les décideurs d'injustices, si vous voulez, la tyrannie du plus fort par ses armements ce n'est pas tenable et qu'au moins on ne soutienne pas par une aide de positions qui blessent ou tuent les Palestiniens depuis l'étranger. Pour l'Union européenne ce serait de ne pas oublier le noeud du problème qu'est le statut de Jérusalem qui a été décidé par l'ONU mais qui doit être celui d'un corpus separatum non annexé exclusivement ni par l'État d'Israël ni par ce que pourrait devenir l'État de Palestine, mais garantie par des représentants des religions et une instance supranationale . Ca c'est brièvement ce qu'on peut accentuer. Et s'il le faut prendre le parti de l'opprimé, cesser la pratique des deux poids deux mesures par rapport aux résolutions de l'ONU et puis voir l'affranchissement des deux peuples israélien et palestinien des positions extrémistes des gouvernements successifs de l'État d'Israël pour parvenir à une justice et une réconciliation."

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

* bichevil la'assot kétsara ...

Le Père Manuel Musallam est curé de la paroisse catholique de la Sainte Famille à Gaza. Il témoignait, dans les premiers jours des bombardements israéliens, de la réalité vécue par les populations civiles chrétiennes et musulmanes de sa ville.

Extrait d'une lettre du Père Musallam, avant la visite de Benoît XVI en Terre Sainte
(5/4/2009) :

[ Qui en dehors de Vous peut crier en face à l'injustice et aux malfaisants d'Israël et dire, comme le fit Moïse : « Libère mon peuple» ? Qui en dehors de vous peut être au-dessus du pouvoir du veto américain, le frapper avec la Croix et le couvrir d'épines, et ensuite le délivrer pour être crucifié ? Nous restons Vos fils ; suspendus à l'espoir jusqu'à ce que la paix du Christ arrive dans la terre du Christ.

Et si le monde craint pour Votre sûreté de la part du peuple de Gaza, et s'ils Vous empêchent de prier avec nous, et s'Ils vous tiennent loin de la route pacifique que Jésus prit lorsqu'il s'enfuit en Egypte, nous Vous assurons que nos coeurs en réalité sont pacifiques, tranquilles et sûrs au milieu de notre peuple musulman de Gaza. Nous avons les mêmes droits et les mêmes devoirs ; nous sommes, ensemble, peuple de Terre Sainte de la Palestine. Nous nous aimons et respectons mutuellement, et travaillerons ensemble pour libérer notre terre.

Oui, ayez de la compassion pour nous, comme Jésus, et venez chez nous et prenez demeure dans nos coeurs.

Votre fils dans le Christ
Père Manuel Musallam
Gaza, 1er avril 2009 ]


Si vous aussi, vous souhaitez envoyer une petite diatribe anti-vaticane à l'École biblique et archéologique française :

Nablus Road 6
POB 19053
91190 Jérusalem
Tél. 972 2 626 44 68

C'est à quelques "encablures" de la Porte de Damas ... tout un programme, à défaut de révélation !