mardi 23 février 2010

Les chrétiens palestiniens révoquent le 6ème commandement

"C'est évident que la manière dont les chrétiens palestiniens attaquent Israël est un progrès par rapport à l'approche islamiste. Les chrétiens ne disent pas que les Juifs sont les descendants des singes et des porcs. Au contraire, ce qu'ils nous disent c'est que l'occupation "défigure l’image de Dieu dans les Israéliens", et le document est émaillé d'allusions au "mal" et au "péché" en évoquant les Israéliens."

"Il [le document Kairos Palestine] est anti-israélien et antisioniste et délégitime totalement l’Etat juif. Il mérite une analyse critique, voire une réfutation." (Menahem Macina)

Source: article de Brian Henry [1] Palestinian Christians revoke 6th commandment repris du site SPME (Scholars for Peace in the Middle East) via Harry's Place.

Juste avant Noël, un rassemblement oeucuménique de chrétiens palestiniens s'est tenu à Bethléem pour le lancement du document Kairos Palestine. Celui-ci qui prône le boycott d'Israël.

Le document approuve la "résistance armée" telle qu'elle est menée par "certains partis politiques"
["D’autres partis politiques ont eu recours à la résistance armée. Israël s’en est servi comme prétexte pour accuser les Palestiniens d’être des terroristes, ce qui lui a permis d’altérer la véritable nature du conflit, le présentant comme une guerre israélienne contre le terrorisme et non comme une résistance palestinienne légitime à l’occupation israélienne"], ce qui pointe clairement le Hamas et d'autres groupes terroristes. Toutefois, le document rejette l'accusation de terrorisme, qualifiant les attaques armées contre des Israéliens comme de "la résistance légitime".

Cette "résistance" se traduisait en fait par une pluie quotidienne de roquettes sur des hommes, des femmes et des enfants de Sderot. Par des attentats-suicide à bord d'autobus et de faire exploser des adolescents dans une discothèque. Elle comprenait l'assassinat de parents et d'enfants dans une pizzeria et le meurtre de Juifs âgés à un Seder pascal.

Le rassemblement à Bethléem s'est tenu sous les auspices du Conseil œcuménique des Eglises, et a pu compter sur la présence de représentants des églises anglicanes et protestantes libérales venus des quatre coins du monde. L'Église Unie du Canada était là aussi, représentée par Bruce Gregerson.

Des activistes anti-israéliens prétendent que le document Kairos de Palestine constitue un appel unifié des dirigeants des églises palestiniennes au boycott. Mais il s'agit de fausses allégations comme celles que le mouvement des boycotteurs a l'habitude de répandre. (Voir aussi ici,  ici, ici, etc) Les dirigeants des églises de Jérusalem rédigèrent une réponse évasive au document Kairos Palestine en précisant : "Nous avons entendu le cri de nos enfants". Bien que leur refus de condamner le document démontre leur faillite morale, les dirigeants de l'église ne sont pas tombés aussi bas au point de cautionner vigoureusement le meurtre de masse.

Parmi les signataires se trouvent deux noms importants: ceux de Michel Sabbah, l'ancien Patriarche de l'Eglise catholique de Jérusalem, et d'Atallah Hanna Theodosios, archevêque du Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem. Ce sont deux électrons libres qui ne représennet qu'eux-mêmes.

J'ai demandé au Révérend Gregerson pourquoi l'Église unie du Canada avait participé à ce rassemblement. Il a souligné avec empressement qu'en fait l'Église Unie du Canada n'avait pas signé le document de Kairos. Il m'a assuré que l'Eglise ne soutient pas le terrorisme et qu'il y était allé pour témoigner sa solidarité avec les Palestiniens.

Quand j'ai l'ai interrogé sur la caution que le document apporte au terrorisme en l'assimilant à de la "résistance légitime", il est apparu que Gregerson ne s'en était pas rendu compte et déclara qu'il n'était pas en mesure de s'exprimer sur le sujet. Il ajouta que selon lui les Palestiniens étaient clairement acquis à l'idée de la nécessité de la non-violence et que "son intime conviction était que le document avait été rédigé sur base des principes d'amour chrétien".

C'est évident que la manière dont les chrétiens palestiniens attaquent Israël est un progrès par rapport à l'approche islamiste. Les chrétiens ne disent pas que les Juifs sont les descendants des singes et des porcs. Au contraire, ce qu'ils nous disent c'est que l'occupation "défigure l’image de Dieu dans les Israéliens", et le document est émaillé d'allusions au "mal" et au "péché" en évoquant les Israéliens.

Il contient également quelques citations bibliques adroitement choisies. Les Palestiniens sont comparés aux premiers chrétiens martyrisés pour leur foi: "A cause de toi, l’on nous met à mort tout le long du jour", suggérant ainsi que, comme les Romains, Israël persécute et assassine des chrétiens.

Contrairement aux islamistes qui proclament leur amour de la mort, les églises parlent d'une "culture de la vie". Ils parlent même "d'amour et de respect mutuel." Mais dans un document qui cautionne le meurtre de masse, de tels les mots suintent d'hypocrisie.

Sinon, le document suit les règles classiques de la propagande palestinienne. Il dénonce "la guerre cruelle déclenchée par Israël", mais ne mentionne pas les huit années de bombardements de civils israéliens qui ont mené à la l'opération militaire.

Le document dénonce le "mur de séparation" sans mentionner les auteurs d'attentats suicide qu'il permet de tenir à distance. Il déplore les milliers de prisonniers qui "croupissent dans les prisons israéliennes ", sans aucune évocation de leurs crimes qui justifient leur incarcération.  Il appelle l'occupation un "péché", tout en omettant qu'Israël a occupé la Cisjordanie à la suite d'une guerre défensive contre une alliance arabe déterminée à jeter les Juifs à la mer.

Et bien sûr, le document ne tient pas compte qu'Israël a maintes fois proposé des accords de paix et de rendre la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est aux Palestiniens, mais que le Président Abbas et Arafat avant lui n'ont jamais dit "oui" à ces propositions.

J'aurais voulu écrire qu'à Bethléem, le Révérend Gregerson avait rappelé à ses frères chrétiens qu'ils ne doivent pas tuer, même si les victimes sont des Juifs. Mais en réalité il a parlé du prétendu risque que les églises pourraient être accusées d'antisémite alors qu'elles se bornent tout simplement à "critiquer la politique d'Israël."

Cependant, pendant notre entretien, Gregerson a convenu que l'activisme anti-Israël est parfois antisémite. Il précise que la ligne de démarcation est franchie lorsque qu'il s'agit de tentatives saper le droit à l'existence d'Israël. En outre, Gregerson reconnaît que l'antisémitisme reste un problème au sein de l'Église unie. Il a spécifiquement mentionné les dossiers "très préoccupants" préconisant le boycott d'Israël et les motions présentées (et rejetés) à la conférence nationale de l'Eglise en 2009. [...]

J'ai demandé à Gregerson si les boycotts anti-israéliens sont antisémites. "Je ne suis pas prêt à me prononcer sur ce sujet, répondit-il. "Je suis un représentant de l'église, et l'Eglise n'a pas encore répondu à cette question". Il a cependant ajouté qu'une des considérations qui a mené au rejet de la motion de boycott c'est que l'Église "ne voulait pas compromettre l'existence d'Israël".

C'est bon à savoir. Entre-temps, pour ce qui concerne le terrorisme l'Église Unie du Canada veut avoir le beurre et l'argent du beurre - elle rejette le terrorisme mais est solidaire des Palestiniens qui le cautionnent.

[1] Brian Henry is a Toronto writer and editor and a refugee from the NDP – Canada’s social democratic party. This article previously appeared in the Feb 16 Faculty Forum, an electronic newsletter produced by Scholars for Peace in the Middle East.

Extraits du document Kairos Palestine :

"1.5 La riposte palestinienne face à cette réalité a revêtu de nombreuses formes. Certains ont choisi la voie des négociations : c’est là la position officielle de l’Autorité palestinienne. Mais cela n’a pas fait avancer le processus de paix. D’autres partis politiques ont eu recours à la résistance armée. Israël s’en est servi comme prétexte pour accuser les Palestiniens d’être des terroristes, ce qui lui a permis d’altérer la véritable nature du conflit, le présentant comme une guerre israélienne contre le terrorisme et non comme une résistance palestinienne légitime à l’occupation israélienne."

"4.3 [...] Nous invitons les Israéliens à renoncer à leur injustice à notre égard, à ne pas déformer la vérité de l’occupation en prétendant lutter contre le terrorisme. Les racines du “terrorisme” sont l’oppression de la personne humaine et le mal de l’occupation. Il faut que cela disparaisse si vraiment il y a une volonté sincère de mettre fin au “terrorisme”. Nous invitons les Israéliens à être partenaires de paix et non partenaires dans un cycle de violence sans fin. Ensemble, nous résistons au mal, celui de l’occupation, et celui du cycle infernal de la violence."

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Au cours de son expansion en Méditerranée, à partir du 2° siècle avant l'ère chrétienne, Rome ne pouvait manquer de rencontrer la Judée ainsi que nombre de communautés juives déjà présentes dans plusieurs des nouvelles provinces de son Empire.
Elle découvrit alors une religion très différente de celles qui lui étaient familières. Sans qu'il y eût jamais de persécution systématique, les relations entre Rome et les Juifs finirent par se gâter au point de susciter trois révoltes juives anti-romaines entre la fin du 1° siècle et la première moitié du 2° siècle de l'ère chrétienne. Ces événements qui ont eu une incidence considérable sur la suite de l'histoire, au moment même où commençait à se diffuser le christianisme, sont peu présents dans la littérature romaine subsistante et sont de ce fait trop souvent ignorés des historiens modernes de la romanité.

Les chrétiens de Palestine et d’Israël ne sont pas très nombreux mais ils sont regroupés. Lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948 et de la guerre qui s’ensuivit, les palestiniens chrétiens se sont trouvés comme les autres palestiniens, tantôt en territoire israélien comme c’est le cas en Galilée, tantôt en territoire « cisjordanien », comme on disait à l’époque, tantôt en situation de réfugiés après avoir dû quitter leur pays devenu israélien : ces derniers habitent toujours des camps en Jordanie et au Liban.

Aujourd’hui, les chrétiens se retrouvent dans des villes comme Bethléem et sa région, Gaza, Jérusalem, Ramallah et sa région, la Galilée et dans les camps. La particularité des chrétiens en Israël est d’être à la fois, arabes, chrétiens et israéliens ; mais en Israël, il y a aussi des chrétiens d’origine européenne. Pour compléter le tableau, ils appartiennent à des Eglises diverses : on en compte 12 ! Combien sont-ils ? Ils ne sont plus que 1,9 % de la population que ce soit en Israël ou en « Palestine ». Ils sont actifs et entretiennent beaucoup d’institutions ouvertes à tous sans distinction de nationalité ou de religion.

Quel danger réel pour les chrétiens ? Lors de l'élection du Hamas, les premières déclarations des responsables du mouvement se voulaient rassurantes à l’endroit des chrétiens ; les patriarches et les chefs d’Eglises de Jérusalem ont produit un communiqué très oriental saluant les nouveaux gouvernants, rassurant les chrétiens qui avaient peur et appelaient à la paix. Personne, ni les évêques, ni les Etats, n’a dit qu’il fallait choisir entre les armes et les urnes. Le Hamas est entré armé au « Parlement » palestinien comme le Hezbollah à la chambre libanaise. En plus les obédiences sont semblables et se ressourcent en Iran.