Un journal belge ridiculise un dirigeant de la communauté juive

" Le directeur de l’endroit [il s'agit du Technion !] dresse le portrait d’une société israélienne peu caressante [!] pour ses jeunes : «L’armée les rend plus durs. Cela leur donne le goût des voyages et de l’entreprise.»

"L’ambassadrice Benedicte Frankinet y va à l’occasion de son grain de sel : «N’oubliez pas le Mur tout de même.»"

"Direction le Musée Théodor Herzl, créé en hommage au fondateur du sionisme. Au recueillement se substitue une page d’histoire nationaliste."

Maurice Sosnowski, président du CCOJB (l'équivalent du CRIF en France) a invité des journalistes belges francophones à l'accompagner en Israël pendant quatre jours.  L'intention étant de montrer qu'Israël ne correspond pas à l'image criminelle (apartheid etc) que tous les médias belges francophones donnent du pays.  Ceux qui connaissent le Professeur Sosnowski savent qu'il est un homme très discret, qui cherche le consensus et s'exprime rarement en public.  Mais même ça c'est trop pour le journaliste du Soir Pascal Martin. Celui-ci a fait un compte-rendu dévastateur de son voyage - le ton est désinvolte, moqueur et méprisant.  Il se fait un plaisir de rappeler que même l'ambassadrice de Belgique en Israël a tenu à mettre M. Sonowski à sa place.  Pour couronner le tout le journaliste lui demande avec morgue "Répondre pied à pied [...] aux arguments de vos adversaires [...] et non vous retrancher derrière un tabou [!], c‘est ce que vous comptez faire pour rompre avec cette logique [!]?".  Ah le Juif éternel tel que l'Européen se le représente !  Et en Flandre, on connaît bien les Juifs également, et ça fait aussi rigoler un bon coup.

Extraits d'un récit replet d'anecdotes :

"Maurice Sosnowski, le président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) accueille les journalistes qui vont l’accompagner durant ces quatre jours : « Nous sommes inquiets face à l’importation du conflit israélo-palestinien en Belgique et aux répercussions que cela peut avoir sur la communauté juive. D’où ce voyage qui doit permettre la découverte d’un autre Israël.» [...]

Atterrissage à Tel Aviv. Rencontre avec notre guide israélien. Dans le car, accueil bon enfant et rapide présentation : Israël est « un miracle économique», «une majorité de couples mixtes juifs-arabes composent la population » et bien sûr « Jérusalem est notre capitale» – mais aussi celle que revendiquent les Palestiniens, ce qu’omet de préciser le guide. Premières blagues juives.   [...]

L’ambassadrice Benedicte Frankinet y va à l’occasion de son grain de sel : «N’oubliez pas le Mur tout de même.» [...]


Le président du CCOJB Maurice Sosnowski est médecin de profession et la visite de l’hôpital Hadassah lui tient à cœur. Surtout qu’à Hadassah, veut-on nous montrer, on soigne tout le monde, Juifs et Palestiniens. «Parfois des terroristes», lâche quand même le guide. Une partie de l’immense hôpital a été conçue pour résister «même à une guerre conventionnelle».  A Hadassah, tout citoyen israélien – juif ou arabe – est soigné gratuitement. Même tarif pour les enfants venant de la Bande de Gaza. «La souffrance est la même pour tout le monde. C’est une réalité : des Juifs soignent des Arabes», nous dit-on. Un temps d’arrêt : «Mais à Gaza, c’est nous qui envoyons l’ambulance. Des ambulances palestiniennes nous sont parfois arrivées avec des bombes.»  Au fait, combien de médecins palestiniens dans l’hôpital ? «10 %.» Peut-on leur parler ? «Ils ne veulent pas. Il y a une grande réprobation contre ceux qui coopèrent avec les Israéliens.»


Une visite de Yad Vashem, mémorial dédié aux victimes de la Shoah, était au programme. Supprimée. Direction le Musée Théodor Herzl, créé en hommage au fondateur du sionisme. Au recueillement se substitue une page d’histoire nationaliste. Au musée, l’acteur qui interprète le journaliste et écrivain Herzl termine par ces mots : «Israël est un Etat comme les autres.» [...]

L’Etat hébreu consacre 5 % de son PIB à la recherche et à son développement.  Mais pas assez pour retenir ses cerveaux. C’est un des enseignements de la visite du Technion – Israel Institute of Technology – à Haïfa (nord), où l’on précise aussi qu’un étudiant sur cinq est arabe. Le directeur de l’endroit dresse le portrait d’une société israélienne peu caressante pour ses jeunes : «L’armée les rend plus durs. Cela leur donne le goût des voyages et de l’entreprise.» [...]

Jeudi 2 décembre. Sderote (sud-ouest), à quelques kilomètres de la Bande de Gaza. Le maire de la localité a dénombré 8.000 « missiles » depuis dix ans sur la petite ville. «74 % des enfants souffrent de problèmes post-trauma, soupire-t-il, ce que les rapports sur Gaza ne disent pas.» Dans les écoles, des abris antimissiles. Comprenez : il n’y a pas que les enfants de Gaza qui souffrent. [...]
Devant la maison de Chaïm Weizmann, une antique Lincoln brille tranquillement dans son écrin de verre. «Un cadeau de Henri Ford II au président », renseigne la guide. Qui elle aussi se demande pourquoi le petit-fils d’un antisémite patenté a offert cette voiture à un Juif. «Pour le business peut-être…»
Ainsi s’achève cette courte visite d’un «autre Israël». A aucun moment, nous n’avons croisé ni le mur de séparation avec la Cisjordanie, ni les check-points israéliens, ni les colonies de Cisjordanie. Et nous n’avons pas été davantage mis en contact avec les problèmes que connaît toute société, chômage, délinquance ou pauvreté. Bref, une visite guidée.
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Suit une interview de Maurice Sosnowski "l’instigateur de ce voyage dans un «autre Israël"»". Il est intéressant de noter l'enchaînement des questions.

Pourquoi ce voyage taillé sur mesure pour la presse ?
On ne peut pas parler d’un voyage taillé sur mesure pour la presse. Il s’agissait surtout de montrer Israël tel qu’il existe réellement, non le pays de l’apartheid tel qu’il est montré aujourd’hui. Mon but était essentiellement de lutter contre la délégitimisation d’Israël que l’on ressent un peu partout dans le monde, et en Belgique en particulier.

Mon souci en tant que président du CCOJB réside dans le fait de constater une importation du conflit israélo-palestinien et les répercussions qu’elle a sur la communauté juive de Belgique. (Israël) est une société démocratique, ouverte, en pleine expansion économique, avec des projets. Une société que je considère comme humaniste.

Une polémique très virulente autour de l’humoriste Dieudonné a éclaté à l’ULB [Université libre de Bruxelles] en octobre dernier. Vous y avez été malmené. Y a-t-il un lien de cause à effet entre ce débat et ce voyage ? [Voir Université Libre de Bruxelles: indifférence au climat d'hostilité contre les étudiants juifs]



Il n’y a pas de lien de cause à effet entre ce qui s’est passé à l’ULB et le voyage. Mais il y a un contexte général qui est défavorable. Ce qui s’est passé à l’ULB me touche particulièrement. Je suis professeur à l’ULB et libre-exaministe. M’accuser dans une pétition (signée par des gens qui n’ont pas assisté au débat) de vouloir «museler la libre expression» me touche énormément et me blesse au-delà de ma judaïté. (…)

Répondre pied à pied aux arguments de vos adversaires et non vous retrancher derrière un tabou, c‘est ce que vous comptez faire pour rompre avec cette logique ?
J’essaierai de transmettre ce que je pense. La communauté juive de Belgique est très diversifiée mais si on m’a mis à sa tête, c’est que je pense être un homme de consensus. En ce qui me concerne, mon but sera de communiquer par tous les moyens modernes qui sont à notre disposition, chose qui n’a pas été faite pendant toutes ces années.