mercredi 9 février 2011

SHAME - C’est du belge : l‘année 2010 en dérapages anti-juifs

Nous avons compilé une liste de vingt dérapages anti-juifs intervenus en Belgique en 2010. Peu d'entre eux ont été dénoncés par les responsables et intellectuels juifs.  En effet une personnalité de la communauté juive déclarait au Le Vif-l'Express "la communauté juive pèche par sa passivité".

Janvier
1. La RTBF (JT et télétexte de la Radio télévision belge francophone publique) évoque la commémoration de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz sans mentionner que les Juifs en furent les principales victimes. Plainte fut déposée auprès du Comité de déontologie journalistique. Le comité, en majorité composé de confrères journalistes, jugea la plainte non-fondée parce que "Une absence de précision n’est pas une contre-vérité, surtout dans un espace journalistique réduit. Le choix de donner ou non une précision relève de la liberté rédactionnelle".  Le comité n'a pas non plus tenu compte que l'"oubli" se reproduisit le soir. Est-ce que ce langage de ces journalistes belges est tellement différent de la phrase de Le Pen qui lui a valu une condamnation ? (Auschwitz: les omissions de la RTBF)

2. A l’occasion de la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz, la journée internationale de l’holocauste, la VRT (le média officiel de la communauté flamande de Belgique) indique sur son télétexte que 1,1 million de personnes y ont péri sans aucune référence à l’identité des victimes. Après plusieurs plaintes des spectateurs, la VRT change le texte de "ont péri" par "sont morts". Suite à de nouvelles protestations, la VRT écrit "sont tués" tout en refusant dans la troisième version de préciser que la grande majorité des victimes étaient juives. Une plainte officielle auprès du régulateur flamand des média fut rejetée considérant que la brièveté du télétexte ne permettait pas à la VRT de spécifier les origines des victimes.

Avril
3. Jean Bricmont, professeur de physique à l’Université catholique de Louvain, et infatigable contempteur d'Israël déclare à Montpellier : "En France, le discours est tellement biaisé en faveur d’Israël, que les gens deviennent fous furieux".

Mai
4. Une manifestation contre la banque franco-belge Dexia met en scène un spectacle de rue évocateur de l'accusation de meurtre rituel courante au Moyen-Âge dont on accusait les Juifs. Des Juifs grimés en clowns et portant une pancarte avec l'étoile de David boivent un verre de sang. C'est Mario Franssen d'Intal (Steunfonds derde wereld), une ONG qui reçoit annuellement plus de 900.000 euros de la coopération sous la responsabilité du Ministre Charles Michel, qui assure la coordination de la manifestation.

5. "Israël a des responsabilités, c’est un État voyou. Mais à quoi cela sert-il de le répéter ?" Assène Pierre Galand, "porte-parole" de Stéphane Hessel en Belgique, Senior Vice-président de la Fédération Humaniste Européenne, Président du Centre d’Action Laïque belge, ancien sénateur socialiste, Maître de conférences et conseiller du Recteur de l'Université Libre de Bruxelles, Président du Comité Européen de coordination des ONG sur la Palestine (ECCP) basé à Bruxelles, membre du comité consultatif du fumeux BRussels Tribunal, fondateur du fumeux Tribunal Russell belge sur la Palestine, président de l'Association belgo-palestinienne, promoteur de la campagne BDS contre Israël en France et en Belgique.


6. Dans un ouvrage ("Superheld" - Super héros), Alex Agnew, un comédien flamand qui avait déjà dérapé en ironisant sur l’extermination des Juifs pendant la 2e guerre mondiale, en remet une couche en matière d'antisémitisme. (Voir également: Pourquoi continuer à demander pardon aux Juifs?, Alex Agnew)

Juin
7. A Charleroi, Pierre Galand (voir le point 5), président du Centre d'Action Laïque et de l’Association Belgo-Palestinienne et nommé "juste" par le Président du PS francophone Elio Di Rupo condamne Israël en instrumentalisant la Shoah : "Israël massacre, Israël occupe. Israël développe une armée qui est une des armées les plus puissantes de cette planète et, en tout cas, du pourtour méditerranéen. L'armée ne comprend aujourd'hui qu'une seule chose. Qui n'est pas avec nous est contre nous et doit être massacré. C'est intolérable. Il faut que nous fassions comprendre à nos responsables politiques que l'Europe a eu avec Israël une complicité permanente au nom de la Shoah. Et la Shoah est une réalité. C'est un crime et il a été condamné par la communauté internationale. Cela ne donne pas le droit aujourd'hui à Israël de croire qu'il est au-dessus des lois."

En novembre, Pierre Galand déclare dans une interview au PTB (parti communiste tendance Cuba et Corée du Nord) : "Israël a des responsabilités, c’est un État voyou. Mais à quoi cela sert-il de le répéter ?".

8. "Nous n'accepterons jamais non plus qu'un Etat voyou bafouant toutes les conventions internationales nous taxe d'antisémitisme pour essayer de justifier ses actes immondes", martèle Daniel Piron, secrétaire régional FGTB (syndicat socialiste, Charleroi-Sud/Hainaut).

Septembre
9. "Depuis toujours proche des milieux juifs, Goldman Sachs est de tous les coups", La Libre Belgique.

10. A l'école catholique Heilig Hart à Halle au sud de Bruxelles, l'activiste et éducatrice Griet De Knopper propose un jeu à l'intention de de très jeunes enfants: dans deux grands bacs (des "piscines à donations" anti-israélienne) remplis d'eau flottent de petits bateaux et des figurines sous un grand écriteau explicite à l'intention des enfants: "Jetez les soldats [juifs israéliens] à la mer avec vos pièces de monnaie". Un jeu de massacre hautement symbolique. On sait ce que veut dire "jeter les Juifs à la mer". Ni l’école, ni la plus haute instance de l’enseignement catholique ne veulent se distancier ou condamner cette activité.

11. Le Commissaire européen belge Karel De Gucht déclare à la radio publique néerlandophone : "Il ne faut pas sous-estimer, par exemple, le [pouvoir du] lobby juif à Capitol Hill, le parlement américain. C'est groupe le mieux organisé de pression qui y existe. En d'autres termes, il ne faut pas sous-estimer l'emprise du lobby juif sur la politique américaine. Que ce soit dans le camp démocrate ou républicain, ça revient à peu près au même. Il ne faut pas non plus sous-estimer l'opinion - en dehors du lobby - du Juif moyen qui ne vit pas en Israël. Il y a en effet chez la plupart des Juifs une foi - je pourrais difficilement décrire ceci autrement - qu'ils ont raison. Et la foi est quelque chose qu'on peut difficilement combattre avec des arguments rationnels. Ça ne dépend du fait si ces Juifs sont croyants ou pas. Même les Juifs laïques partagent la même croyance d'avoir effectivement raison. Il n'est donc pas facile, même avec un Juif modéré, d'avoir une discussion sur ce qui se passe au Moyen-Orient. C'est une question très émotionnelle."

M. De Gucht a refusé de présenter des excuses expliquant que ses propos avaient été mal interprétés . La presse flamande prend la défense de l’ancien ministre des affaires étrangères belge du parti libéral VLD.

12. Le journaliste d’origine maronite libanaise du quotidien Le Soir, Maroun Labaki, commente le dérapage du commissaire européen Karel De Gucht en renchérissant : "Karel De Gucht brave les tabous." "Faut-il dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas?". 

Octobre
13. Souhail Chichah, chargé de cours à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), écrit sur son Facebook à propos de la seule députée juive en Belgique Viviane Teitelbaum: "Une vieille juive riche à pognon mais moche comme un rat mort ! heu pardon pour les rats je les aime bien…".

Novembre
14. Publication de textes véhiculant des sous-entendus antisémites sur le site du Centre pour l'égalité des Chances qui est supposé combattre l’antisémitisme et le racisme et dépend de la Ministre Joëlle Milquet. La ministre, dûment informée, garde le silence.

15. Pierre Piccinin, professeur d'histoire et d'économie à l’Ecole européenne I de Bruxelles dérape sur son blog. Informée, la directrice de l’école trouve que son instigation à la haine et son antisémitisme relèvent de la liberté d’expression, aussi pour un professeur de son école: "Charles de Gaulle lui-même s’était catégoriquement opposé à l’expansionnisme israélien, dont il avait dénoncé la politique de conquête et de domination en Palestine, dans un discours resté célèbre. C’est ainsi que, en 1969, à la suite d’une attaque israélienne sur le Liban (et deux ans après la Guerre des six jours et l’annexion par Israël du Sinaï égyptien, de la Cisjordanie et du Golan syrien), il refusa la livraison d’avions de combat commandés à la France par Israël, les Mirages 5. Des ingénieurs et officiers français d’origine juive choisirent alors de transmettre les plans du Mirage aux services de renseignements israéliens et Israël put entreprendre elle-même sa construction. Cette affaire de haute trahison, rapidement étouffée car elle rappelait trop le cas Dreyfus et impliquait l’avionneur Serge Dassault (de son vrai nom Serge Bloch), braqua d’avantage encore le Général de Gaulle à l’encontre de l’Etat israélien." France - Nicolas Sarkozy ou "le gaullisme en miettes" (L'Orient-Le Jour, 13 novembre 2010). [En janvier 2011, M. Piccinin était un des "juges" au "procès" organisé par les Indigènes de la République du philosophe français Bernard-Henri Lévy.]

16. Le politicien Selahattin Koçak d’origine turque du parti sp.a (les socialistes flamands) et échevin de la ville de Beringen (*) prétend dans l'hebdomadaire P-Magazine (**) que les musulmans sont mieux intégrés que les Juifs en Belgique. Il ajoute que le rédacteur en chef du mensuel Joods Actueel est plus dangereux que le responsable de l’organisation Sharia4Belgium parce qu’il ose rapporter des actes ou paroles négatives contre les Juifs. Koçak, qui est considéré comme un activiste qui refuse d’admettre le génocide des Arméniens se demande quelle est la différence entre l’Holocauste et ce que les Juifs font en Palestine.
(*) En excursion dans la ville de Beringen en décembre 2006, un groupe de jeunes étudiants juifs de 13-15 ans fut accueilli par des personnes d'origine turque avec des jets de pierres et des cris antisémites. Les jeunes turcs ont dû aller en excursion à Amsterdam pour une visite de la maison d'Anne Frank à titre éducatif. Peut-être fallait-il aussi emmener Selahattin Koçak ?
(**) Déjà en 2001, P-magazine publiait un poème d’un certain Rudolphus De Groote intitulé "Le Libre Penseur": "Je n'aime pas la forme du pays d'Israël. Pour moi, la forme est beaucoup trop étroite et beaucoup trop longue. Ça me fait penser à un ténia [ver solitaire].

17. Le rapport final - à la rédaction duquel de nombreux intellectuels belges ont participé - du Comité de pilotage des Assises de l’Interculturalité, mises en place par la ministre Joëlle Milquet, prône la révision du champ d’application de loi du 23 mars 1995 "tendant à réprimer la négation, la minimisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la seconde guerre mondiale". Il est proposé que la loi, jugée "essentielle dans la lutte contre le racisme », soit maintenue dans l’arsenal législatif belge, mais que soit supprimé la référence à la Shoah « de manière à permettre aux juges de pouvoir l’appliquer à d’autres génocides". Est-ce que les chambres à gaz sont aussi devenues "un détail" en Belgique ?

Décembre
18. Pendant un quiz très populaire à la VRT, l’animateur demande à propos de quel peupleVoltaire avait écrit "C’est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre." Les Flamands, les Juifs, les Turcs ?"  Jan Peumans, président du Parlement flamand et élu du parti N-VA, se "trompe" en répondant "les Turcs".  L’animateur s’esclaffe et le corrige. La "bonne" réponse c'est "les Juifs".

19. Le quotidien francophone de Belgique, Le Soir, utilise l’image de Juifs religieux d’Anvers pour illuster un article sur les "accommodements raisonnables" donnant l'impression que les principaux demandeurs sont les Juifs. Aucune organisation juive du nord du pays n'a été contactée pour participer aux assisses de l’interculturalité (voir ci-dessus). C’est ce que dénoncent à juste titre le CCLJ et Mme Viviane Teitelbaum.

20. C'est aux historiens du Centre d’étude et de documentation (CEGES) que le gouvernement belge commanda en 2004 un rapport sur la responsabilité des autorités belges dans la mise en oeuvre de la "solution finale" - déportation et persécution des Juifs. Le rapport, La Belgique docile, Les autorités belges et la persécution des juifs en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale, publié en 2007, est le fruit des recherches menées par une équipe d’historiens dirigée par Rudi Van Doorslaer.

En 2009, les historiens du CEGES organisèrent un "séminaire exceptionnel" donné par le très controversé historien israélien Shlomo Sand : "Dans son récent ouvrage – Comment le peuple juif fut inventé paru chez Fayard en 2008 –, devenu un best-seller tant dans sa version anglaise que française, il revient sur la notion de “peuple juif”, affirmant notamment que cette notion a été inventée il y a un peu plus d'un siècle pour susciter la création d'une identité nationale et ultérieurement celle de l'Etat d'Israël. Cette déconstruction met à mal certains mythes fondateurs d'Israël puisqu'en s'appuyant sur des recherches historiques et archéologiques, Shlomo Sand revient sur la notion d'expulsion des Juifs en 70 et en 135 de notre ère et donc sur la place de l'exil dans l'histoire du peuple juif."  Un observateur rapporte: "Tout au long d'un exposé, tenant plus du spectacle d'humoriste que de la leçon d'histoire, il n'a cessé de divertir l'assistance. Performance efficace, à en juger par l'ambiance potache et l'hilarité de la salle." Que dirait-on si le Mémorial de la Shoah invitait Sand ? C'est tout simplement impensable. Comble de l'ironie le CEGES représente la Belgique au sein du Task Force for International Cooperation on Holocaust Education, Remembrance and Research.

Or un an après, le 1er décembre 2010, les mêmes historiens spécialistes belges de la Shoa invitent l'historien britannique Avi Shlaim, co-auteur avec le même Shlomo Sand d'un livre "Israël face à son passé" , et connu pour ses critiques féroces contre Israël qu'il qualifie d'état voyou. Le sujet de la conférence ne laisse aucun doute : "Il y exposera comment la stratégie israélienne, largement conçue sur base de préceptes militaires, n'a pas permis la mise en place d'un processus de paix durable accepté par tous. Les conflits avec les Palestiniens et le monde arabe demeurent une zone d'ombre dans l'histoire d'Israël."

Conclusion
Faut-il s’étonner que le nombre de familles juives qui a quitté le pays en 2010, 200, est le double de l’année précédente? Et que penser du Centre pour l'égalité des Chances, organisme fédéral, dont l’objet est le combat contre le racisme mais qui désormais non seulement refuse d’intervenir contre de l’antisémitisme sauf s'il émane de l’extrême droite, et qui se permet de traiter ceux qui le dénoncent de personnages "douteux" et "fielleux" tout en permettant que des textes à caractère anti-juif soient publiés sur son propre site, sans exprimer aucun regret et sans réagir aux plaintes pour incitation à la haine par des ONG (Au moins le commissaire De Gucht tout en refusant de présenter des excuses a quand-même exprimé certains regrets). De par ce fait le Centre devient aussi le complice tacite de ces actes.

Il ne faut pas oublier que le président de la Chambre, André Flahaut, pavoisait aussi en tête de la manifestation du 11 janvier 2009 pendant qu’on y criait "mort aux Juifs". C’est encore lui qui pendant son discours à la suite du saccage du Mémorial juif s'est empressé de critiquer Israël validant l'idée que cela permettait toutes les dérives antisémites dans notre pays. Il a également pris part à la triste mascarade anti-israélienne dans les rues de Nivelles. Si même le premier citoyen du pays s’adonne à ces dérives auprès de qui les juifs belges peuvent-ils encore trouver un rempart contre la recrudescence du racisme.

Et pour ce concerne , Elio Di Rupo, un futur premier ministre de la Belgique potentiel, il est connu qu’il avait déjà dérapé en s’étonnant après une conférence donnée en Israël "qu’il y avait aussi des Juifs pauvres" et à une autre occasion d'avoir affirmé que "les Juifs ne sont plus nos amis".

Avec des exemples pareils, l’antisémitisme a de beaux jours devant lui en Belgique.

Dr. Rudi Roth
Investigative journalist
http://www.joodsactueel.be/

en collaboration avec le blog Philosémitisme

3 commentaires :

Montaigne a dit…

Moi qui suis Français, j'ai l'impression que la Belgique, à tous les niveaux, fait preuve de faiblesse voir de complicité face à l'antisémitisme ambiant.

jean a dit…

La france fait aussi bien dans le genre voire mieux, cette attitude antisémite prévalait également en 1939 dans toute l'Europe

Montaigne a dit…

Je ne disais pas, bien sur, que La Belgique est la seule touchée par l'antisémitisme. Mais au niveau des médias, il me semble, sans généraliser bien sur, qu'en Belgique les Journaux ont une position plus pro palestinienne et donc disons plus méfiante par rapport à Israël