dimanche 27 février 2011

Keren Anne: "être née en Israël est gravé dans mon ADN"

"Quand on fait partie du peuple juif, on n’a pas le luxe de dénigrer, au contraire. C’est important ne serait-ce que pour les familles qui nous ont précédés. Dans celle de mon mari, ses deux parents sont des enfants de survivants de l’Holocauste. Etre en phase avec ses origines est important, ne serait-ce que pour transmettre une partie de l’histoire."

"En Europe, où il est facile de vivre, sur une terre calme, il est aussi facile de critiquer. Je pense qu’il y a un grand décalage, une grande incompréhension."

Source: La Libre Belgique (Keren Ann s’en va-t-en guerre). Extraits:

"Une universalité que Keren Ann incarne à sa manière. Naissance en Israël, enfance aux Pays-Bas, jeunesse parisienne. Se définissant moins comme une nomade qu’un "marin", ce que corrobore le tatouage "101" sur son avant-bras, sa carrière et sa vie se partagent entre plusieurs lieux. Paris pour l’organisation, Tel-Aviv pour le yoga et le chemin du studio à vélo, New York, "le seul endroit où je ne suis pas étrangère, parce que tout le monde est comme moi, tout le monde vient de différents parcours, tout le monde appartient à plusieurs origines".

Dans cette optique, l’identité ne se réduit pas à une seule nationalité, mais est une quête permanente. Cela étant, "être née en Israël est gravé dans mon ADN". De père israélien, de mère convertie, elle se considère comme "juive, absolument. Etre juif ne se résume pas à l’aspect religieux. Entre parenthèses, je ne suis pas du tout d’accord avec le fondamentalisme ou l’extrémisme religieux, quel qu’il soit. Mais quand on fait partie du peuple juif, on n’a pas le luxe de dénigrer, au contraire. C’est important ne serait-ce que pour les familles qui nous ont précédés. Dans celle de mon mari, ses deux parents sont des enfants de survivants de l’Holocauste. Etre en phase avec ses origines est important, ne serait-ce que pour transmettre une partie de l’histoire".

L’histoire, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, est en marche. "La Tunisie, j’ai eu des émotions jusqu’aux larmes, car beaucoup de gens proches ont vécu cela de très près. Pour l’Egypte, on a du mal à comprendre, à travers la presse, où étaient placés le peuple, l’armée, les frères musulmans. C’est encore trop flou pour m’exprimer à ce sujet. En tant qu’Israélienne, cela me rend triste de voir le nom de mon pays associé à chaque problème dans la région. Les médias occidentaux, qui vivent dans une certaine forme de confort, sont hypocrites en ce qui concerne Israël, dont le rôle arrange beaucoup plus de pays qu’on ne le dit ou le pense. C’est un pays en guerre et quand il y a la guerre, il y a des erreurs, des faiblesses, malheureusement. En Europe, où il est facile de vivre, sur une terre calme, il est aussi facile de critiquer. Je pense qu’il y a un grand décalage, une grande incompréhension."

Si elle avait vécu en Israël au moment où c’était possible pour elle, Keren Ann Zeidel n’aurait pas hésité une seconde, elle aurait "fait l’armée". Ayant acquis la nationalité israélienne et ayant acheté un appartement là-bas en 2008, elle reconnaît la complexité des choses, l’impossibilité actuelle d’avoir une solution, "la spirale de la propagande, des deux côtés". "On peut très bien défendre et aimer mon pays sans vouloir la misère et la tristesse des autres, mais on ne peut pas ne pas prendre parti. Ne pas avoir d’avis est impossible. C’est une responsabilité quand on vient de là-bas. Je n’ai pas le luxe de me dire que je veux être pacifiste, que je n’aime pas les revolvers, que je n’aime pas la guerre. Ce n’est pas sur ces termes-là que le monde a été créé. La réalité est dure."

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