samedi 12 février 2011

Stéphane Hessel ou l’indignation à 3 euros, François d'Orcival

"La ruse de notre vieux Sioux consiste à concentrer le tir de ses flèches sur trois populations : les gens de droite, les banquiers et les Israéliens."

Source: Valeurs Actuelles

Personne ne dit que, malgré tant de conflits et de frictions, le seul pays du Proche-Orient où augmente la communauté chrétienne soit précisément l’État d’Israël parce qu’il fait respecter le droit et la paix chez lui. Quelle “exaspération” a-t-elle poussé des barbares à trancher la gorge d’un journaliste américain qui enquêtait sur les sources du terrorisme, quelle autre vient justifier l’enlèvement d’otages français et occidentaux dans cet arc du crime qui s’étend du désert du Sahel aux rives de l’Indus ? Indignez-vous ! dit notre Sioux. Que pèse cette indignation à 3 euros vis-à-vis de la vraie, celle qui monte, au coeur de l’opinion, à l’égard des provocations quotidiennes en tout genre contre nos lois, notre pays, notre langue, notre histoire ? Cette indignation-là est sans limites. Alors oui, ceux qui le disent “marchent contre le vent”. Mais cette indignation est absente des pages de celui qui, au contraire de ce qu’il prétend être, marche avec le vent des actuelles idées reçues, des idées les plus convenues et les plus rabâchées. Méfions-nous de ces indignations qui finissent en intolérance.

Stéphane Hessel a tous les titres de la sagesse, son grand âge, son passé de combattant de la Résistance, de déporté, d’ambassadeur de France. Mais il vient d’y ajouter un titre supplémentaire, celui de membre d’une tribu de Sioux.

Son éditeur, Indigène, qui se consacre à la défense des aborigènes d’Australie, des Inuits et Indiens d’Amérique, vient en effet de lui offrir une tribune dédiée aux Omahas, Sioux d’Amérique du Nord, pour qu’il puisse “s’indigner” – car leur nom signifie “ceux qui marchent contre le vent”. Treize pages d’indignation dans une brochure vendue 3 euros.

La ruse de notre vieux Sioux consiste à concentrer le tir de ses flèches sur trois populations : les gens de droite, les banquiers et les Israéliens. Tous confondus dans le même opprobre : égoïstes, cyniques, sans coeur. Il le fait naturellement au nom de la Résistance : «Nous, vétérans des mouvements de résistance, nous appelons les jeunes générations à prendre le relais, indignez-vous !» Mais à propos de quoi ? Aucun des sujets à la mode sur les plateaux de télévision ne manque : la promotion des Roms et des sans-papiers, la dictature des marchés financiers, le réchauffement climatique, mais d’abord, les “crimes de guerre” commis par les Israéliens en Palestine et à Gaza.


Car le conflit palestinien est la source de tout : «la source de mon indignation», dit-il. L’attaque principale porte sur l’opération israélienne “Plomb durci” qui a durement frappé la bande de Gaza. «Que des Juifs puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre, c’est insupportable», accuse-t-il. Mais pourquoi l’armée israélienne a-t-elle dû se lancer dans cette opération ? «Je sais, dit l’auteur, le Hamas qui avait gagné les élections n’avait pas su éviter que des rockets soient envoyées sur les villes israéliennes…» Cher Hamas qui ne contrôle pas ses troupes ! Voici la suite : «Je pense bien évidemment que le terrorisme est inacceptable
mais il faut reconnaître que lorsqu’on est occupé avec des moyens militaires infiniment supérieurs aux vôtres, la réaction populaire ne peut pas être que non-violente.» Ainsi, «le terrorisme est une forme d’exaspération».

Admirons la ruse de langage devenue ruse de guerre : le terrorisme est légitime dès lors que l’on s’attaque à plus fort que soi, même si celui-ci est dans son droit et en état de légitime défense. Exemple : «Le 11 septembre et les désastreuses conséquences qu’en ont tirées les États-Unis…» Ils n’auraient donc pas dû répliquer…

Mais au nom de quelle “exaspération” le régime totalitaire islamiste d’Iran proclame-t-il sa volonté de détruire l’État hébreu, au point de se doter d’une arme nucléaire capable de ravager la région ? Pas un mot d’indignation. Au nom de quelle “exaspération” le régime des talibans, cousin du précédent, voulait-il effacer les plus élémentaires des libertés individuelles, liquider les droits de l’homme, lapider les femmes condamnées, et répandre la “guerre sainte” dans le monde au point de provoquer l’intervention armée des alliés de l’Otan en Afghanistan ? Pas un mot d’indignation. Pas plus d’ailleurs au sujet de la persécution des minorités chrétiennes par des mouvements fondamentalistes, en Irak, en Égypte, en Syrie et désormais au Liban où les communautés religieuses cohabitaient pacifiquement. Le terroriste qui pose des bombes à Bagdad ou à Alexandrie à la sortie d’une église agit-il par “exaspération” à l’égard d’une petite communauté chrétienne sans pouvoir ? Personne ne dit que, malgré tant de conflits et de frictions, le seul pays du Proche-Orient où augmente la communauté chrétienne soit précisément l’État d’Israël parce qu’il fait respecter le droit et la paix chez lui. Quelle “exaspération” a-t-elle poussé des barbares à trancher la gorge d’un journaliste américain qui enquêtait sur les sources du terrorisme, quelle autre vient justifier l’enlèvement d’otages français et occidentaux dans cet arc du crime qui s’étend du désert du Sahel aux rives de l’Indus ?
Indignez-vous ! dit notre Sioux. Que pèse cette indignation à 3 euros vis-à-vis de la vraie, celle qui monte, au coeur de l’opinion, à l’égard des provocations quotidiennes en tout genre contre nos lois, notre pays, notre langue, notre histoire ? Cette indignation-là est sans limites. Alors oui, ceux qui le disent “marchent contre le vent”. Mais cette indignation est absente des pages de celui qui, au contraire de ce qu’il prétend être, marche avec le vent des actuelles idées reçues, des idées les plus convenues et les plus rabâchées. Méfions-nous de ces indignations qui finissent en intolérance.

François d'Orcival, de l'Institut

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