mardi 13 juillet 2010

La 'question palestinienne' et le sentiment d'unité nationale allemand

"La 'soi-disant 'question juive' était autrefois le fil non-partisan qu'unissait les Allemands, aujourd'hui, c'est la 'question palestinienne' qui leur procure un sentiment d'unité nationale".

Contexte:
- Les organisations juives allemandes condamnent le vote anti-israélien du Bundestag
- Le Centre Wiesenthal dénonce l'hypocrisie du vote anti-israélien du Bundestag
- German concern at rare anti-Israel vote (Jewish Chronicle)

Consensus au Bundestag sur la 'question palestinienne' aux dépens d'Israël

Source: Judeosphere (German Parliamentarians Discover The One Issue That Can Unite Them (go ahead, guess which one…)

La semaine dernière, le Bundestag (le parlement allemand) a adopté à l'unanimité une motion exigeant qu'Israël mette fin au blocus de la bande de Gaza, en précisant toutefois que la contrebande d'armes vers Gaza et les tirs de roquettes contre Israël doivent également cesser.

Nonobstant la position audacieuse dont les parlementaires ont fait preuve en précisant que les tirs de roquettes sur les civils israéliens sont répréhensibles (merci, l'Allemagne!), les associations juives ont protesté contre le caractère unilatéral de la résolution et ont fait remarquer qu'elle ne comportait aucune mention de l'agitation antisémite menée par le Hamas, de sa gestion anti-démocratique de la bande de Gaza, ni du rôle joué par la Turquie dans le récent incident de la flottille.

C'est la première fois, aussi loin que l'on s'en souvienne, que les partis représentés au Bundestag ont adopté une résolution à l'unanimité. Un fait qui 'a pas échappé au chroniquer juif allemand Henryk Broder qui a écrit un commentaire cinglant dans Der Spiegel  (Einigkeit und Recht und Gaza). Comme le décrit Broder, les parlementaires allemands se sont réjouis de cette manifestation d'unité sans précédent. (Les idéologues de gauche et de droite font cause commune contre Israël ? Comme c'est étonnant !) Rainer Stinner du Parti libéral-démocrate (centre droit) a déclaré que la résolution unanime représentait une nouvelle "politique étrangère et de sécurité commune allemande". ( Oui et, comme on sait, ça se termine toujours bien.)


Philipp Missfelder de l'Union chrétienne-démocrate (CDU, le parti de la Chancelière Angela Merkel) s'est répandu en compliments sur la grande réussite "en particulier à la lumière de notre responsabilité historique et de notre histoire qui à à l'heure actuelle se caractérisent non pas par la culpabilité, mais par une grande responsabilité pour atteindre les objectifs communs de paix".

Henryk Broder souligne que, curieusement, une telle unité au nom de la paix était moins apparente en 2008, lorsque le Bundestag n'a pu parvenir à un consensus sur une résolution condamnant la politique de la Chine au Tibet - le centre voulait déposer la motion provocatrice, la droite était favorables à une déclaration de soutien au peuple tibétain, et la gauche a soutenu Beijing.

Broder arrive à la conclusion que : "La 'soi-disant 'question juive' était autrefois le fil non-partisan qu'unissait les Allemands, aujourd'hui, c'est la 'question palestinienne' qui leur procure un sentiment d'unité nationale".

Photo: Manifestation anti-israélienne à Berlin.  Sur la pancarte "Les victimes d'aujourd'hui sont des martyres".

1 commentaire :

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

* Comment recycler la culpabilité ?
* En devenant Responsable !!!

Combien de tribunes, de slogans scandés au creux de manifestations-fleuves, assimilant la violence israélienne à l’égard des Palestiniens à celle du IIIe Reich à l’encontre des juifs d’Europe ?

En matière de propagande, le dernier épisode du conflit israélo-palestinien fut ainsi identique aux précédents. Partout dans le monde, dans toutes les manifestations pro-palestiniennes, sur tous les forums internet, dans des bouches d’hommes politiques de toutes tendances, le même amalgame historique sévit : l’assimilation d’Israël au IIIe Reich, du sionisme au nazisme. D’une inanité historique certes confondante, l’argument a néanmoins démontré sa capacité de frappe de par son étendue même. Il ne suffit donc pas d’expliquer la différence absolue des phénomènes : il s’agit d’exposer d’où vient ce thème de propagande et de le comprendre.

La publication soviétique "Le Judaïsme sans fard" (1963) représente des soldats israéliens affublés du faciès des caricatures antisémites mais portant croix gammées et casques à pointes.

Entre 1967 et 1978, 180 ouvrages à la fois antisémites et antisionistes sont publiés, dont environ une cinquantaine de thèses universitaires, ainsi que plusieurs milliers d’articles dans la presse officielle.

En 1969, "Prudence" : sionisme, fantasmant sur l’alliance entre sionistes et nazis, et sur l’équivalence doctrinale entre sionisme et nazisme, est tiré à 500000 exemplaires.

Les soutiens aux Palestiniens comme ceux d’Israël doivent en finir avec cette pose qui consiste à se saisir de la Seconde Guerre mondiale.

Bannir de son discours toute facilité qui consiste à travestir notre actualité en histoire de la Seconde Guerre mondiale devient une urgence civique.

C’est bien un signe de la finitude humaine que l’écart entre les effets voulus et la totalité indénombrable des conséquences de l’action, soit lui-même incontrôlable et relève de la sagesse pratique instruite par l’histoire entière des arbitrages antérieurs.

Entre la fuite devant la responsabilité des conséquences et l’inflation d’une responsabilité infinie, il faut trouver la juste mesure et répéter le précepte grec : "rien de trop".