jeudi 25 septembre 2008

La Casa dos Bicos à Lisbonne accueillera la Fondation José Saramago

La mairie de Lisbonne a annoncé que la Casa dos Bicos (maison des pointes de diamant) - construite en 1523 par Brás de Albuquerque, qui s'est inspiré du palais Renaissance, dit des Diamants, à Ferrare - accueillera la Fondation de José Saramago, prix Nobel de littérature portugais.

On se souviendra que, se trouvant en Cisjordanie en 2002, Saramago avait provoqué un scandale en comparant à Ramallah à Auschwitz. A la journaliste qui lui fit remarquer l'absence de chambres à gaz, il avait rétorqué: "Pas encore" (entendez: ça viendra).

De retour en Espagne, où il vit, Saramago rédigea un essai incitant à la haine des juifs, du judaïsme et d'Israël : De las piedras de David a los tanques de Goliat (Des pierres de David aux tanks de Goliath), qui fut publié dans le quotidien El Pais. Paul Berman dans The Forward a analysé les délires de l'auteur et fait le constat amer que, inquiétant signe des temps, une diatribe contre le judaïsme écrite par un lauréat du prix Nobel trouve sa place dans les colonnes dans un des journaux les plus importants au monde: Bigotry in Print. Crowds Chant Murder. Something's Changed.
Ci-dessous la traduction de quelques extraits:

"Le blond David d’antan survole en hélicoptère les territoires occupés de Palestine. Il lance des missiles sur des innocents désarmés. Le délicat David d’antan conduit les tanks les plus puissants du monde et rase et détruit tout ce qu’il trouve sur son chemin. Le David lyrique qui chantait les louanges de Bethsabé, incarné à présent dans la figure gargantuesque d’un criminel de guerre nommé Ariel Sharon, lance le message 'poétique' qu’il faut au préalable en finir avec les Palestiniens pour après négocier avec ceux qui restent." (...)

"Mentalement intoxiqués par l’idée messianique du grand Israël qui leur permettra de concrétiser enfin les rêves expansionnistes du sionisme le plus radical ; contaminés par la 'certitude' monstrueuse et indéracinable que, dans ce monde catastrophique et absurde, il existe un peuple élu de Dieu et que, de ce fait, et au nom des horreurs du passé et des peurs du présent, toutes les actions inspirées d'un racisme obsessionnel, psychologiquement et pathologiquement exclusiviste, sont automatiquement justifiées et autorisées ; éduqués et endoctrinés dans l’idée que toute souffrance déjà infligée, ou en cours d'infliction, ou qui sera infligée, à n’importe qui d’autre, mais en particulier aux Palestiniens, sera toujours inférieure aux souffrances qu’eux-mêmes ont vécues pendant l’Holocauste, les juifs grattent sans cesse leur propre plaie pour qu’elle n'arrête pas de saigner, pour la rendre incurable, et ils l'exhibent au monde comme s’il s’agissait d’un drapeau. Israël s’approprie les terribles paroles de Dieu dans le Deutéronome : "à moi la vengeance, à moi la rétribution". Israël veut que nous nous sentions, directement ou indirectement, tous coupables des horreurs de l’Holocauste ; Israël veut que nous renoncions à notre plus élémentaire faculté de jugement critique pour que nous nous transformions en un docile écho de sa volonté ; Israël veut que nous reconnaissions de jure ce que pour eux constitue déjà un exercice de facto : l’impunité absolue. Du point de vue des juifs, parce qu’ils ont été torturés, gazés et incinérés à Auschwitz, Israël ne pourra jamais être soumis à la loi. Je me demande si les juifs qui sont morts dans les camps de concentration nazis, ceux qui furent persécutés tout au long de l’histoire, ceux qui sont morts dans les pogroms, ceux qui furent oubliés dans les ghettos, oui, je me demande si cette immense multitude de malheureux n’aurait pas eu honte des actes infâmes que leurs descendants commettent. Je me demande si le fait d’avoir tant souffert ne serait pas la meilleure raison de ne pas faire souffrir autrui."

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Une croix gammée à la place de l’étoile, Alain Finkielkraut, L'Arche
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En comparant Ramallah à Auschwitz, le romancier José Saramago fait preuve d'un tragique mépris des mots, aux conséquences graves, Elie Barnavi, Libération
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The Road to Tehran, Polite society helped pave the way for Iran's Holocaust conference, Brett Stephens, WSJ

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