samedi 6 septembre 2008

Recherche cerveaux israéliens en fuite aux USA

Avec à peine sept million d'habitants, entouré de voisins hostiles, dont l'intérêt pour la science est loin d'être primordial, qui l'obligent à affecter une grande partie de son budget à des dépenses d'ordre militaire, Israël a de quoi être fier. Les universités israéliennes figurent à la 12ème place mondiale dans l'édition de 2008 du classement de l'université de Shanghaï. Elles obtiennent ce rang malgré le fait qu'un universitaire israélien sur quatre émigre aux Etats-Unis et que bon nombre de ses plus brillants cerveaux y travaillent.

Rang par pays
1.. .. USA
2.. .. UK
3.. .. Japon
4.. .. Allemagne
5.. . .Canada
6.. . .Suède
7... ..France
8... . Australie
9.... .Suisse
10... Pays-Bas
11... Danemark
12... Israël


Recherche cerveaux en fuite, par A. Haller, Jerusalem Post

"Israël nourrit en son sein les esprits les plus brillants : créateurs de start-ups, prix Nobel, génies en informatique. Il attire plus d'investisseurs en capital-risque que n'importe quel autre Etat, hormis les Etats-Unis.

Les multinationales comme Microsoft, Intel et Google ont installé dans ce petit pays leurs principaux bureaux de recherche. Enfin, l'Etat juif renferme la plupart des entreprises étrangères en technologie lourde cotées sur le marché boursier du Nasdaq. Or, il ne peut empêcher la fuite de ses talents.

Les chiffres sont alarmants : un universitaire sur quatre émigre aux Etats-Unis, fuyant les bas salaires et les budgets de recherche limités. En 2007, 25 000 employés du high-tech ont quitté le pays. Les chiffres annoncés par l'Association des fabricants israéliens attestent d'une augmentation constante de ces départs.

Tout comme la France, Israël ne dispose pas de pétrole, et si l'Hexagone aime à s'enorgueillir de ses idées, l'Etat hébreu a pour principale richesse la matière grise de ses 7 millions d'habitants.

"Nous n'avons ni la main-d'œuvre ni les ressources de grands pays et nous ne les aurons jamais.

La seule chose qui nous maintienne en vie est notre intelligence. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d'être médiocres", se désole Dan Ben-David, professeur de sciences économiques et politiques à l'université de Tel-Aviv.

L'Etat juif a nourri pendant longtemps une forte émulation créatrice qui a ouvert la voie à de nombreuses innovations comme les appels téléphoniques via Internet, la messagerie instantanée et les appareils photo microscopiques. (...)
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On peut citer Oded Galor, l'un des meilleurs économistes du pays, Hod Lipson, brillant chercheur en robotique, ou Eran Perlson, doctorant prometteur de 36 ans et spécialiste de la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot). Tous trois poursuivent désormais leurs carrières dans des universités prestigieuses de la côte est des Etats-Unis. (...)
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En Israël plus que dans tout autre pays, l'exode des cerveaux est considéré non seulement comme une perte économique mais surtout comme une menace existentielle.

La science est en effet indispensable à la sécurité nationale. Elle alimente les percées technologiques dans le domaine des missiles et autres moyens de défense contre les pays ennemis, aujourd'hui mis en péril.

D'après les chiffres de Ben-David, les fuites les plus inquiétantes concernent justement les secteurs où Israël excelle.

En informatique par exemple, 33 % des professeurs israéliens enseignent dans les 40 meilleures universités américaines.

En sciences économiques, le taux atteint 29 % avec en tête Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel 2002, qui enseigne à Princeton. Dan Ben-David y trouve un motif de consolation : "Visiblement, nous sommes très bons.

Si nous réussissons à tel point à intégrer les meilleurs établissements du monde, cela veut bien dire que nos universités ont un niveau d'exigence international." (...)

Un sondage a été commandité pour tenter de comprendre les motivations des cerveaux exilés.

Près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré vouloir rentrer au pays mais affirment qu'elles ne pourront jamais y trouver un emploi aussi satisfaisant qu'aux Etats-Unis. (...)

Pour Shimon Peres, le constat est le même : "Jusqu'à présent, nos principaux problèmes étaient matériels. Aujourd'hui, ils sont d'ordre intellectuel, scientifique et spirituel."

Avant d'ajouter pour dédramatiser : "C'est une tradition juive d'être insatisfait. Nous avons instauré ce symptôme au fondement de notre histoire. Il est la source même de notre créativité.""

Photo: Albert Einstein

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