"L’ historien britannique David Pryce-Jones vient de publier un essai sur la diplomatie française et les constantes de son action envers le monde juif au cours du siècle dernier.
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Les exemples ne manquent pas où de grands pays n’ont pas respecté leurs engagements ou agi contre leurs intérêts. Pour David Pryce-Jones, la singularité du Quai d’Orsay réside dans sa persévérance : pendant plus de cent ans, la diplomatie de la République est restée obstinément fidèle à une ligne politique, "la politique arabe de la France", politique stérile ou source d’événements graves dont la France a été et est encore aujourd’hui l’une des victimes.
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La " politique arabe de la France*"
La politique arabe de la France est fondée sur un concept simple : pour demeurer une grande puissance, la République se doit de soutenir la cause du vaste monde arabe. Elle ne s’est écartée de ce principe de base que pendant le conflit algérien où la rébellion était soutenue par la Ligue arabe. Cette période s’achèvera en 1962 avec l’indépendance de l’Algérie.
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Pour Pryce-Jones, les intérêts pétroliers ont, à l’évidence, une place dans ce parti-pris en faveur des Etats arabo-musulmans, notamment à propos de l’Irak et de l’Iran. Sans doute aussi la rivalité avec la Grande-Bretagne a-t-elle joué un rôle à un époque où les deux nations cherchaient à s’imposer au Proche-Orient après l’éviction de l’Empire ottoman.
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Mais ces objectifs non dissimulés n’expliquent pas tout : un autre facteur, moins avouable, interviendrait pour l’historien, celui d’un anti-sionisme teinté d’antisémitisme, expliquant l’indifférence, voire la complaisance, de grands intellectuels du Quai d’Orsay vis-à-vis de la persécution des Juifs par l’Allemagne nazie. Après la guerre de 39-45, certains diplomates acceptent mal que des Juifs déterminent leur destin "sans tenir compte des desseins que la France nourrit pour eux".
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Un bilan désastreux
Deux conséquences négatives sont mises en exergue par Pryce-Jones, la première à propos de l’Iran, la seconde à propos du conflit israélo-arabe.
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-....Un tremplin pour l’ayatollah Khomeyni
Le 6 octobre 1978, l’ayatollah Khomeyni, exilé d’Iran depuis 1963 en raison de son opposition au régime du Shah, est accueilli en France (dont le président est à l’époque Valéry Giscard d’Estaing). Bien que réfugié politique et en violation des règles internationales, Khomeyni va poursuivre son activité subversive sur une grande échelle, par la radio, la télévision, la presse écrite..., et son influence grandit en Iran où se multiplient les manifestations de rue contre le Shah. Le Shah doit s'enfuir et, en février 1979, l’Ayatollah atterrit à Téhéran dans un avion d’Air France (dont les hôtesses avaient dû porter le voile).
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(Peu de temps après, en septembre 1980, éclate la guerre Iran-Irak et c’est l’Irak laïque de Saddam Hussein que la France approvisionnera en armes. Virage à 180 degrés qui souligne l’incohérence de cette politique). On récolte aujourd’hui les retombées de la contribution du gouvernement français à la victoire des Islamistes sur le régime du Shah : la République islamiste d’Iran soutient le Hezbollah, devenu un Etat dans l’Etat libanais, pays ami de la France. Bien plus, le régime des ayatollahs est en passe de se doter de l’arme atomique, menace jugée inacceptable par l’Europe et les Etats-Unis.
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-...L’exclusion du rôle d’arbitre au Proche-Orient
David Pryce-Jones dresse la longue liste des actes et des propos hostiles à l’Etat juif tout au long du siècle, avant et après 1948.
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Il rappelle l’opposition, dés les années 20, à la création de l’Etat juif, l’"évasion" du territoire français de Hadj Amin Al-Husséini, mufti de Jérusalem et criminel de guerre (1945), l’embargo sur les armes à destination d’Israël après la guerre des Six-Jours (1967), la livraison d’avions "Mirage" à la Libye (1970), les gestes d’amitié envers Yasser Arafat malgré son implication dans le terrorisme après les accords d’Oslo et ceci jusqu’à sa mort dans un hôpital français en 2004…
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Tout cela a abouti à écarter la France du processus de paix au Proche-Orient, alors qu’ une politique plus équilibrée vis-à-vis de l’Etat hébreu aurait permis à la diplomatie française d’y jouer un rôle constructif.
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Et l’auteur de conclure : "N’est-il pas temps que la politique arabe de la France laisse place à la politique française de la France ? C’est tout ce que nous devons souhaiter à la nation qui a inventé les droits de l’homme, la liberté, l’égalité et la fraternité.""
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*Il serait plus exact de parler de " politique arabo-musulmane", car elle concerne l’Iran tout autant que l’Afrique du Nord.
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Source: Historiens engagés, par Cyrano pour Guysen International News
David Pryce-Jones, Un Siècle de Trahison. La diplomatie française et les Juifs. 1894-2007
Traduit de l’anglais par Henri Froment, Ed. Denoël 2008
Ce site est dédié aux millions d'Européens qui, malgré d'incessantes campagnes de désinformation, ne croient pas que les Juifs ne sont capables que du pire; ne dissimulent pas leur antisémitisme dans le langage de l'antisionisme; et savent qu'Israël représente ce qu'il y a de meilleur dans une démocratie.
vendredi 12 septembre 2008
Un siècle de trahison. La diplomatie française et les Juifs, 1894-2007, par David Pryce-Jones
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France
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