vendredi 12 septembre 2008

"Psychodrame Nakba", une petite farce belge ?

"Un jeu de rôle sur la Nakba organisé en mai à Nivelles par un collectif citoyen a suscité l’indignation de la communauté juive. Ce théâtre de rue est-il seulement grotesque ou s’inscrit-il dans une tradition antijudaïque du Moyen-Age ?

Le 24 mai 2008, au marché de Nivelles, le collectif Paix Juste au Proche-Orient joue une "saynète reproduisant l’expulsion des Palestiniens lors de la création d’Israël en 1948". Des militaires israéliens casqués, menaçant de leurs armes des civils palestiniens, les entrainent à travers la foule du marché, mains sur la tête, pour les enfermer dans un camp... En distribuant un tract aux badauds, témoins dociles du "drame", les organisateurs de cette manifestation déclarent : "Nous voulons attirer l’attention sur la situation du peuple palestinien subissant les conséquences des décisions de l’Occident et de l’ONU en 1948". L’un d’entre eux n’hésitera pas à lier le sort des Palestiniens ("4,5 millions de réfugiés parqués dans des camps") à l’histoire locale : "Nivelles sera attentive à notre message, car elle aussi a vécu l’exode en 1940, quand les Allemands ont bombardé la ville"... De la mémoire de mai 40 en Brabant à celle de mai 48 en Palestine... Un amalgame manifeste et volontaire que renforce le jeu des "soldats israéliens" dont les cris gutturaux et les violences burlesques évoquent les Allemands des comédies de guerre d’antan, façon La Grande vadrouille... (...)

Antijudaïsme chrétien
Mais pour la communauté juive, cette "Nakba pour rire" évoque surtout le terrifiant imaginaire antisémite qui, d’un bout à l’autre de l’Europe chrétienne, a figuré si longtemps au répertoire du folklore et des traditions festives, en particulier dans les commémorations annuelles de la Passion du Christ. Les rites et les processions de la Semaine Sainte incitaient les jeunes chrétiens à la vengeance contre le "peuple déicide". On connait la représentation de Oberammergau (Bavière), dont les habitants jouent tous les dix ans le drame de la Passion, et comment elle fut applaudie par Hitler qui y voyait un modèle de propagande antisémite. Joël Kotek, historien de la Shoah et spécialiste de l’imagerie antisémite, esquisse cette filiation religieuse du "psychodrame Nakba" : "Cette "fiction politique" nous replonge dans le théâtre eucharistique, qui assignait au Juif un rôle doctrinal d’ennemi absolu du genre humain. Les travaux pionniers de Léon Poliakov ont montré comment furent établis et diffusés à travers l’Europe, tout au long du Moyen Age et de la Renaissance, les imaginaires et les stéréotypes de l’antijudaïsme : le Juif errant et usurier, le Juif profanateur du Saint Sacrement, le Juif infanticide préparant le pain azyme avec le sang de jeunes chrétiens tués rituellement pour perpétuer le meurtre du Christ... Le jeu de Nivelles apparaît bien par son manichéisme comme le lieu de cristallisation, de relais et de diffusion du nouvel antisionisme qui reprend les codes de l’antijudaïsme chrétien. Ce théâtre de rue met en scène des Israéliens improbables qui n’hésitent pas à s’en prendre à la figure de l’enfant. L’image du Juif ennemi du genre humain est remplacée par celle de l’Israélien, ennemi des nations. Le cas de Nivelles nous montre le cheminement des stéréotypes, de l’anti-judaïsme chrétien à l’antisémitisme moderne, nous révélant ainsi leurs racines insoupçonnées et leur inaliénable puissance". L’historien souligne les liens entre le "psychodrame Nakba" et l’antijudaïsme chrétien, jadis si puissant dans nos contrées, en particulier à Bruxelles, à travers le culte du "Très-Saint Sacrement de Miracle". Les hosties, "profanées" par les Juifs (1370) et conservées à la cathédrale Saint-Michel, ont fait l’objet d’une imposante religiosité populaire jusqu’à la fin du 19e siècle. Dans le nouvel imaginaire antisémite, la mémoire des crimes du peuple déicide fait place à la haine d’Israël, "coupable de génocide" envers le peuple palestinien.

Loin de sensibiliser l’opinion publique belge à la tragédie palestinienne, les amalgames grossiers du jeu de rôle nivellois n’aboutiraient-ils pas à ressasser le sempiternel thème du Juif ennemi du genre humain ?

L'histoire derrière la farce
Conseiller scientifique au Musée de l’Europe, Elie Barnavi souligne l’absence totale de vision historique et politique du "psychodrame Nakba" dont il a vu les vidéos : "C’est un spectacle grotesque, incroyable d’infantilisme et sans grand impact à en juger par les visages ébahis des spectateurs. On y trouve ce côté surréaliste, ce caractère cocasse que j’imagine involontaire. Une blague belge ! Mais c’est aussi une farce malsaine, qui ne contribue en rien à l’avancée du processus de paix. Malsaine aussi pour la démocratie belge tant elle témoigne d’un niveau zéro de la pensée politique. Une mascarade pénible qui prétend rendre compte d’une réalité complexe par un théâtre de la Passion absurde ! Ce qu’on a vu à Nivelles est la manière la moins politique de parler d’une réalité dure : l’histoire d’une guerre civile, suivie par l’invasion des armées arabes et l’exode de 700.000 Palestiniens dont près de la moitié furent expulsés manu militari...". (...)".

Article de Roland Baumann, paru dans la revue Regards

Psychodrame antisioniste à Nivelles (dossier du CCOJB)

1 commentaire :

Anonyme a dit…

D'ici les belges - C'est quoi un belge - NADA RIEN ça n'existe pas un belge. Laissez les où ils sont les belges c'est à dire nulle part. D'ici peu les belges vont être foutus dehors par leurs frères. Et ils seront tout étonnés nos pauvres belges. Comme avec tout ce qu'on a fait pour vous .....Vous êtes de gros méchants NA