Le philosophe Slavoj Zizek a surtout parlé d'antisémitisme et a voulu se démarquer des militants anti-israéliens du type bête et méchant... Chacun appréciera. Mais on ne pourra être en désaccord avec son constat alarmant sur la pérennité et la vitalité de l'antisémitisme en Europe. Le même constat qu'a fait le Rabin Jonathan Sacks (Un nouvel antisémitisme se répand comme un virus en Europe: subtil, sophistiqué, et terriblement efficace) et dont les Juifs sont parfaitement conscients: beaucoup de Juifs veulent "se tirer de France" selon Elie Semoun.
Source: Mairav Zonszein via Engage (Slovenian philosopher: “Antisemitism is alive and kicking in Europe”). Traduit de l'anglais:
Vendredi soir, le [très médiatique] philosophe slovène Slavoj Zizek a donné une conférence dans une librairie dans le centre de Tel Aviv. Parmi le public on pouvait voir beaucoup de visages familiers d'activistes de gauche. Il a été accueilli par Udi Aloni, un artiste israélo-américain et activiste de la campagne BDS (boycott), qui vient d'écrire un livre intitulé Qu'est-ce qu'un Juif veut?, qui est édité par Zizek.
La librairie Tola'at Sfarim est aussi une maison d'édition qui publie essentiellement de livres de psychologie. Elle était bondée et s'y pressaient des jeunes et des vieux, très désireux d'écouter Zizek, tout comme moi.
Beaucoup semblaient être venus dans ce lieu bourgeois de Tel Aviv avec l'espoir d'écouter Zizek, avec son ton narquois et son charisme, mettre Israël en pièces et entériner le mouvement BDS. En effet, lorsque Udi Aloni a introduit Zizek, il l'a identifié comme un militant BDS en précisant que le philosophe avait choisi de donner sa conférence dans la librairie afin de ne coopérer avec une institution officielle israélienne.
Toutefois, Zizek n'a pas officiellement entériné la campagne BDS qu'il a à peine évoquée et ce seulement lorsqu'on l'a interrogé à ce sujet. Il a dit clairement (a) qu'il ne la soutenait pas à 100% et (b) qu'il soutient un autre mouvement mené conjointement par les Palestiniens et les Israéliens ici dans la région.
Pendant les deux heures qu'a duré la conférence, Zizek a surtout attiré l'attention du public sur l'antisémitisme, le capitalisme et la place des Juifs dans le monde. Il a averti que l'antisémitisme est "bien vivant" en Europe et en Amérique et que l'État d'Israël devrait se préoccuper davantage de l'antisémitisme de la droite chrétienne au lieu de gaspiller son énergie en s'en prenant aux Juifs anti-sionistes auto-proclamés. Il a expliqué que les chrétiens sionistes en Amérique sont intrinsèquement antisémites et que la volonté d'Israël à accepter leur soutien est déconcertante.
Zizek a commencé son discours en disant que, quand il avait reçu l'invitation pour parler à Tel Aviv (il a passé le plus clair de son temps à Ramallah avec Udi Aloni), on l'avait rassuré qu'il y avait encore quelques "bons Israéliens" de gauche qui aimeraient l'entendre. C'était comme si on voulait le convaincre qu'il y avait au moins cette raison-là pour qu'il mette les pieds en Israël. Zizek a déclaré qu'il n'aime pas cette approche.
Etre "anti" n'importe quoi est branché
Cette déclaration a donné le ton au reste du discours, fermement mené autour de l'idée que la plupart des gens sont trop facilement influencés par les tendances et les déclarations tonitruantes et incapables d'identifier la racine du problème. Il a souligné que de nos jours il est facile et à la mode, par exemple, d'être "anti-capitaliste" [...]
Il a fait l'historique de l'antisémitisme à travers l'histoire, partant du moment où l'on s'attendait à ce que les Juifs se convertissent jusqu'à l'époque des Lumières et de la Révolution française, quand il devint évident que ni aucune conversion ni aucun degré d'assimilation n'influerait leur judéité éternelle. De trop distincts et différents les Juifs devinrent trop universels et cosmopolites, ce qui ouvrit la voie à l'Holocauste.
Après avoir établi la vitalité et l'enracinement profond de l'antisémitisme, il a précisé qu'il n'a aucune tolérance pour ceux qui excusent l'antisémitisme arabe - l'antisémitisme ne devrait point être toléré même chez les Palestiniens les plus opprimés et pauvres. Il a également parlé de son fameux argument concernant l'antisémitisme sioniste, selon lequel sionistes utilisent un langage antisémite envers des Juifs qu'ils accusent de ne pas être suffisamment sionistes. Ce fut sa principale critique d'Israël - la chasse aux sorcières contre les Juifs qu'on ne trouve pas "assez sionistes."
Assise dans une salle remplie de militants israéliens, dont certains se considèrent à la pointe de la lutte contre l'occupation israélienne et l'apartheid et qui consacrent une bonne part de leur temps libre en Cisjordanie pour témoigner de leur solidarité envers les Palestiniens, à confronter l'armée israélienne et qui prônent un boycott total du pays, je pouvais sentir que chez certaines personnes la déception était grande du fait que Zizek n'était pas davantage critique et réprobateur d'Israël. Il a à peine prononcé le mot "occupation", et pas une seule fois le mot "apartheid". Il n'a pas beaucoup parlé d'Israël ni de ce qu'Israël devrait faire.
Devant un tel public la démarche était audacieuse - et je ne suis pas sûre que le public a compris qu'à plusieurs égards Zizek ciblait de ses critiques les activistes dans la salle. Ils sont tellement obnibulés par les "torts" d'Israël qu'ils ont perdu toute perspective sur ce qui se passe dans le reste du monde, et peut-être perdu de vue les dangers très réels de la pérennité de l'antisémitisme et de toutes ses conséquences.
Comme quelqu'un qui connaît les idées de Zizek et ses acerbes critiques d'Israël, j'ai été très heureuse du fait que je n'ai pas eu à entendre de sa bouche qu'Israël occupe les Palestiniens. Et franchement, comment un philosophe qui passe son temps en Europe, pourrait-il nous éclairer sur ce point? Mais bien sûr il fut interpellé par une militante mécontente car il n'avait pas consacré assez de temps à critiquer le sionisme. Elle lui demanda pourquoi.
Il se mit à dire que le sionisme n'est pas le pire des maux dans ce bas monde. Et qu'il considère l'étranglement de la Cisjordanie par Israël comme un projet de colonisation et qu'il devrait y avoir des cartes suspendues sur tous les murs montrant ce qui appartient à qui en Cisjordanie afin que les gens puissent vraiment se rendre compte de la domination qu'Israël y exerce.
Mais il ajouta qu'un habitant de la République démocratique du Congo n'hésiterait pas une seconde à vendre sa mère comme esclave pour avoir la chance d'aller vivre en Cisjordanie.
En s'adressant à Tel Aviv à un groupe d'Israéliens, non pas sur les torts d'Israël, mais plutôt de la persistance profonde et perverse de l'antisémitisme en Europe et en Amérique aujourd'hui qui affecte la manière dont le sionisme et Israël sont perçus, Zizek exprimait, pour moi, une réelle frustration avec une certaine tendance du militantisme de la gauche radicale pour qui les méfaits d'Israël font complètement ignorer, minimiser ou nier les vraies questions se rapportant à l'existence et à l'identité juive, comme on peut constater dans la politique mondiale.
Je crois que la thèse de Zizek, c'est que l'antisémitisme non seulement continue à exister, mais s'est réincarné dans les différentes formes auxquelles les Israéliens devraient être plus attentifs - car cela est très préjudiciable, non seulement pour Israël mais dans le champ plus vaste du racisme et de la violence, et la manière dont les problèmes mondiaux sont traités- est préjudiciable à pour tout le monde.
Ce site est dédié aux millions d'Européens qui, malgré d'incessantes campagnes de désinformation, ne croient pas que les Juifs ne sont capables que du pire; ne dissimulent pas leur antisémitisme dans le langage de l'antisionisme; et savent qu'Israël représente ce qu'il y a de meilleur dans une démocratie.
2 commentaires :
Je me suis souvent demandé si les actvites de goooooches sont conscients du nombre de soldats qui ont perdu leur vie ou ont sont restés estropiés pour qu'ils puissent, tranquilement assis derrière leur PC, écrire tout le mal qu'ils pensent du gouvernement qui les laissent libres de s'exprimer?
Franco
Fou à lier ce radoteur slovéno-judéo-lacano-décadent, mais sûrement très habile marchand. Embrouilleur de pensée et obsessionnel de la judéité et d'Israêl!
Yes we can think better with Kant et "qu'est ce que les lumières" Loin des paillettes agitées de la média-philosophie globalisée!
Relire aussi la pensée indienne et Lao Tseu. ras le bol de la réduction psychanalytico-marxiste!
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